« Et le batteur de la formation, sur lequel le réalisateur s’est longuement apesanti tout au long du morceau, n’était autre que Barnabé, né en 1979 de l’histoire d’amour d’Isabelle Adjani avec Bruno Nuytten. »
(Jean-Christian Hay, sur gala.fr, le 21 juin 2013)
Isabelle Adjani (photo Wikipédia sous licence GFDL par Georges Biard)
Ce que j'en pense
Loin de moi l'intention de m'appesantir sur le sujet, mais je me dois de battre le rappel : contrairement à apesanteur, (s')appesantir s'écrit avec deux p. Bien que dérivés tous deux de pesant (issu du latin pesare), le substantif féminin est préfixé avec a- privatif (d'où « absence ou suppression de la pesanteur ») ; le verbe, avec ad- exprimant une idée de passage d'un état à un autre (d'où « rendre plus pesant ; devenir plus pesant »).
À la décharge de notre journaliste, reconnaissons qu'il fut un temps où le redoublement de la consonne ne pesait pas lourd dans la balance orthographique. Ainsi, ledit verbe est enregistré avec deux p à son entrée dans le Dictionnaire critique de la langue française (1787)... mais n'en arbore plus qu'un dans tous les exemples donnés par Féraud : « S'apesantir sur un sujet, en parler trop longuement. » Alain Rey, dans son Dictionnaire historique, va même jusqu'à affirmer qu'appesantir s'est d'abord écrit apesantir. Ce n'est pas le constat que je fais : les deux formes, attestées dès 1528 d'après mes recherches, sont en concurrence dès l'origine (cf. L'hystoire du Roy Perceforest).
Il n'empêche : de nos jours, le verbe appesantir a définitivement plus de poids avec sa consonne double, respectueuse de l'étymologie.
Ce qu'il conviendrait de dire
Le réalisateur s’est longuement appesanti sur lui.