On enseigne encore que le préfixe grec anti- sert à former de très nombreux mots composés, en y introduisant le sens d'opposition (antiallergique, antibiotique, antibrouillard, etc.), tandis que son paronyme anté- (du latin ante, « avant ») marque l'antériorité (antécédent, antépénultième, antérieur, etc.).
Ce n'est pas faire de l'antijeu que de rappeler que, dans un petit nombre de mots, tels que antidate, antichambre, anti- remplace le préfixe latin ante- pour exprimer une antériorité de temps ou de lieu (et non une opposition), tandis qu'il est communément admis que le préfixe anté- d’Antéchrist est une déformation d’anti et signifie « qui s’oppose au Christ »...
Remarque 1 : Certains considèrent que le mot Antéchrist est correctement formé, arguant qu'il désigne celui qui doit précéder le retour du Christ à la fin des temps. D'autres préfèrent dire Antichrist pour éviter toute équivoque.
Remarque 2 : On veillera à bien écrire antédiluvien (du latin ante et diluvium, « déluge ») avec le préfixe anté- et non anti-. Cet adjectif signifie en effet « avant le Déluge » (en référence au Déluge de la Genèse, autrement dit en des temps immémoriaux) et non « contre le Déluge ». Il s'emploie dans la langue courante par plaisanterie et exagération au sens de « très ancien ». On évitera la confusion avec l'adjectif diluvien qui, tout en se référant également au déluge, signifie « très abondant ».
Un animal antédiluvien, des périodes antédiluviennes mais des pluies diluviennes.
Remarque 3 : Anti se joint généralement sans trait d'union au mot qui suit (antiatomique, anticancéreux, antigel), sauf devant un i (anti-inflammatoire), un nom déjà composé (anti-sous-marin), un sigle ou un nom propre (anti-OGM, anti-Atlas) ou un mot formé pour l'occasion (anti-tout et autres « créations de circonstance », dont les plus populaires finiront par être enregistrées dans les dictionnaires, au prix d'un abandon pur et simple de trait d'union).
Éditions Élite