« Le pape François a invité samedi les parlementaires français à ne pas hésiter à "abroger" les lois si nécessaire, pour leur "apporter l’indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine". »
(dépêche AFP servilement reprise sur nouvelobs.com, liberation.fr, lefigaro.fr, lexpress.fr, lemonde.fr, etc., le 15 juin 2013)
(photo Wikipédia sous licence GFDL par Casa Rosada)
Ce que j'en pense
Outre une évidente paronymie due à une étymologie commune, les verbes anoblir et ennoblir ont longtemps été confondus à force d'être concurrents. C'est qu'on ne parvenait pas à s'accorder sur la formation des composés de noble : certains étaient partisans de la graphie annoblir (sur le modèle nul → annuler), quand d'autres préconisaient ennoblir (sur le modèle hardi → enhardir). La confusion entre les deux formes était d'autant plus grande que, ainsi affublée de deux n, annoblir se prononçait... comme ennoblir [en-noblir] !
Progressivement, ennoblir « a été supplanté, sauf au sens moral, par anoblir » (Dictionnaire historique de la langue française), au point que l'Académie consacra cette distinction – « arbitraire », selon Littré, quoique utile – dès la première édition de son Dictionnaire (1694) : le sens propre fut réservé à anoblir (« accorder à quelqu'un titres, droits et prérogatives de la noblesse ») ; le sens figuré, à ennoblir (« conférer à quelqu'un ou à quelque chose les qualités morales ou physiques attribuées à la noblesse »). Comparez : Le Brun et Le Nôtre furent anoblis par Louis XIV et Les bons sentiments ennoblissent l'homme.
Prononciation et sens étant depuis lors clairement répartis, on s'étonne du peu de rédactions à avoir été en mesure de repérer la coquille. Il faut croire que la noblesse de l'activité de relecture échappe encore à ces diables de journalistes...
Ce qu'il conviendrait de dire
L'indispensable qualité qui élève et ennoblit la personne humaine.