Dans le sens de « voyager, circuler », le verbe aller (et autres semblables) peut se construire avec les prépositions à ou en selon que l'on se trouve à l'intérieur du moyen de transport (en voiture, en train, en avion, en bateau, en bus, en métro) ou dessus (à pied, à vélo, à moto, à cheval, à trottinette).
On écrira donc, avec l'Académie : Aller, monter à bicyclette (puisque l'on dit, avec un déterminant : monter sur une bicyclette, et non pas dans une bicyclette).
De même devrait-on s'habituer à dire : Il a traversé l'Atlantique à planche à voile.
L'usage des skis se révèle logiquement plus... glissant. Si la plupart des grammairiens recommandent de dire à skis, Albert Dauzat fait justement remarquer, dans son Guide du bon usage (1954), qu'« on ne circule pas à pantoufles, à sabots » et opte donc pour l'expression en skis. La distinction provient, me semble-t-il, de ce que l'on considère, dans le premier cas, les planches sur lesquelles on glisse, et, dans le second, les chaussures que l'on enfile (ne dit-on pas chausser des skis comme on chausse des patins à roulettes ?).
Remarque : « On ne peut dire : aller en bicyclette... puisque en a le sens de dans », écrivait Maurice Rat en 1940. À y regarder de près, le sujet est moins simple qu'il n'y paraît. En effet, la préposition en vient du latin in qui signifie « dans » aussi bien que « sur », comme l'attestent les expressions : Christ en croix. Casque en tête. Mettre un genou en terre. Être en chemin. Être en selle, en croupe. Ce sens ancien de en, encore mentionné dans la neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie, légitimerait à lui seul le tour en bicyclette. En outre, certains experts (dont Dauzat) considèrent que ladite préposition ne fait nullement référence à la situation à l'intérieur du véhicule, mais au seul moyen de transport : « En se justifie d'autant plus qu'un véhicule voisin, mû par des pédales, le tricycle, est encore plus incontestablement un véhicule et qu'il est illogique d'opposer en tricycle et à bicyclette » (Robert). « On a donc le choix entre à bicyclette et en bicyclette », concluent Hanse et Grevisse, citations à l'appui : « Je vous écris au retour d'une course à bicyclette », « Leur père est passé en bicyclette » (Gide) ; « Beaucoup sont à bicyclette, livres sous le bras », « Quand je me promenais en motocyclette » (Maurois) ; « Ce n'est pas lui [qu'elle] voit surgir à bicyclette », « Il était en vélo » (François Mauriac) ; « Il a délivré, parait-il, Paris à bicyclette », « Il est remonté en bicyclette » (Céline) ; « Jeunes garçons à bicyclette », « Je pars la semaine prochaine, en moto » (Beauvoir). Quelles qu'en soient les raisons, force est de reconnaître que l'usage courant préfère en... que le mode de locomotion en question nous protège ou non des intempéries (ne dit-on pas faire une promenade en canot ?).
Partition pour piano de la chanson interprétée
par Yves Montand, Editions CrocK'MusiC