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Accord avec "pas de" et "sans"

Tordons tout de suite le cou à une idée fausse : non, ce n'est pas parce qu'une expression est négative qu'elle doit forcément être au singulier ! La négation peut tout à fait porter sur la pluralité.

Pas de et sans peuvent donc être suivis aussi bien du singulier que du pluriel, selon que le nom auquel ils réfèrent suggère logiquement l'idée d'unicité ou de pluralité. Une fois de plus, c'est le sens qui commande.

Astuce

En général, le nom garde le nombre qu'il aurait dans la tournure positive correspondante → il suffit donc le plus souvent, pour se décider, de remplacer sans par avec et il n'y a pas de par il y a.

Un couteau sans manche (un couteau ne peut en avoir qu'un) mais Un gilet sans manches (un gilet avec des manches → pluriel).

Un devoir sans fautes (plus fréquemment que sans faute) mais Je viendrai demain sans faute (= assurément).

Un homme sans parole mais Une histoire sans paroles.

Un débat sans éclat (= terne, ennuyeux) mais Un débat sans éclats (= sans prises de bec).

Une personne sans intérêt (= pas digne d'intérêt) mais Un crédit sans intérêt ou sans intérêts (= qui ne rapporte pas d'intérêt[s]).

Être sans emploi (on ne peut généralement en avoir qu'un).

Je n'ai pas d'argent (j'ai de l'argent → singulier).

Il n'y a pas de cheminée dans ce salon mais Il n'y a pas de meubles dans ce salon.

Il n'y a pas de danger que...

Sans autre formalité mais Sans plus de formalités.

Souvent, le sens (ainsi que le... sans) peut offrir le choix :

Je n'ai pas de problème(s) (selon que l'on privilégie le fait qu'il puisse y en avoir un ou plusieurs). Mais c'est le singulier qui s'impose quand (il n'y a ) pas de problème s'entend au sens figuré de « c'est facile » ou « certainement ».

On l'a traité sans ménagement(s).

L'Académie précise cependant que, « dès lors que ce dont on parle peut suggérer l’idée de pluralité, c’est le pluriel qui est le plus fréquent ».

Séparateur de texte

Remarque 1 : On notera que les noms abstraits ainsi que la plupart des locutions s'écrivent généralement au singulier : sans arrêt, sans bruit, sans commentaire, sans condition, sans conséquence, sans délai, sans difficulté, sans doute, sans écho, sans effort, sans encombre, sans espoir, sans exception, sans fard, sans gêne, sans hâte, sans incident, sans merci, sans peine, sans pitié, sans précaution, sans raison, sans regret, sans réserve, sans ressource, sans retour, sans souci, sans scrupule, etc. Mais on écrit de préférence : sans bornes, sans limites et sans façons (parfois sans façon).

Le cas de sans histoire(s) est plus hésitant : dans le sens de « sans rien de marquant ni de fâcheux », Robert préconise la graphie au singulier, l'Académie, celle au pluriel (Un voyage sans histoires. Mener une vie sans histoires) ; d'autres voient dans le singulier le sens de « sans passé ».

Le pluriel est évidemment de rigueur avec les noms qui n'ont pas de singulier : sans frais, sans ambages, etc.

Remarque 2 : D'ordinaire, la locution sans pareil varie, tout comme sans égal (sauf au masculin pluriel, selon la plupart des spécialistes). Mais l'invariabilité est également admise.

Des exploits sans pareils mais Des exploits sans égal (et non sans égaux).
Une honnêteté sans pareille. Une honnêteté sans égale.

Remarque 3 : On notera le pluriel du substantif sans-abri (des sans-abri selon la règle classique ou des sans-abris selon les Rectifications orthographiques de 1990), qui tend à remplacer dans le langage courant le terme de sans-logis pour désigner une personne n'ayant pas ou plus de logement.

Remarque 4 : On écrit sens dessus dessous (et non sans dessus dessous, n'en déplaise à Rika Zaraï !)

Remarque 5 : Goosse laisse le choix de l'accord dans les tours ne (pas) avoir, ne (pas) laisser d'autre choix : « Autres ou autre », écrit-il dans La Force de l'orthographe (2003). Force est toutefois de constater que c'est la graphie au singulier qui tend à l'emporter dans l'usage, quel que soit le nombre d'options envisagées : « N'ayant plus d'autre choix » (Victor Hugo), « Nous n'avions d'autre choix que les deux bistrots, le banc du jardinet [...] ou notre chambre » (Vercors), « [Il] n'eut d’autre choix que de démissionner » (Amin Maalouf), « Ils ne lui ont pas vraiment laissé d’autre choix que d'être studieux et de ramener de bons bulletins » (Alain Finkielkraut), « Il n'y a pas d'autre choix qu'accepter ou refuser » (Larousse).

 

Sans

 

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A
Bonjour, comment écrit-on pas de souci(s) ?<br /> Merci à vous
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H
Voici un article très clair sur une question qui revient souvent. Passer par la tournure positive donne la solution à qui se pose la question du singulier ou du pluriel après la négation et vos exemples l'illustre parfaitement, merci pour ces explications.
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F
Bonjour,<br /> Comment écrit-on  : Vous pouvez en manger sans risque ou sans risques ? Merci.
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M
On écrit pas d’absent ou pas d’absents?
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C
si je dis  Pas de trouble, est-ce que je mets un S ou pas?
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