Après les locutions un(e) des (ou un(e) de ces) + substantif au pluriel + qui (et autres expressions similaires), le verbe peut se mettre au singulier ou au pluriel selon que l'on insiste sur l'idée d'individualité (un peut alors être remplacé par celui) ou de pluralité. Il est à noter que l'usage privilégie (abusivement) le pluriel (*), alors que c'est le sens qui doit régir l'accord, comme le confirment dans une belle unanimité Bescherelle, Girodet, Hanse et Thomas.
C'est un de ces écrivains qui sont à la mode (un parmi d'autres) mais C'est un des écrivains qui mérite la meilleure récompense (= c'est celui [des écrivains] qui mérite la meilleure récompense).
Encore une de ces réunions qui n'en finissent pas.
C'est une des raisons pour lesquelles je l'apprécie.
On peut distinguer trois cas principaux :
Elle ne remarqua que l'un d'entre eux, qui se tenait debout (un seul se tenait debout ; à noter : la virgule, qui montre que le pronom relatif qui n'est pas en rapport avec eux mais avec l'un d'entre eux).
Il répondit à un des examinateurs, qui l'interrogeait (= il répondit à celui des examinateurs qui l'interrogeait) mais Il répondit à un des examinateurs qui l'interrogeaient (on insiste sur le fait que l'ensemble des examinateurs l'interroge).
(*) À l'article « plus » de la huitième édition (1935) de son Dictionnaire, l'Académie donnait l'exemple suivant : « L'astronomie est une des sciences qui fait le plus ou qui font le plus d'honneur à l'esprit humain », avec la mention : « le dernier est plus usité ».
Remarque 1 : On notera que, si le choix d'intention est permis concernant l'accord du verbe, il n'en est pas de même avec les éventuels adjectifs, qui continuent de s'accorder avec le nom qualifié.
C'est un des personnages principaux (et non un des personnages principal).
Voir également ce billet.
Remarque 2 : On est fondé à se demander si l'accord au pluriel n'est pas requis après un des suivi d'un adjectif : C'est l'une des plus belles soirées que j'aie passées. En effet, l'accord au singulier signifierait : « C'est celle des plus belles soirées que j'aie passée », ce qui n'aurait guère de sens. Autant écrire : C'est la plus belle soirée que j'aie passée, si l'on tient à mettre en avant cette soirée en particulier.
Remarque 3 : Avec la tournure familière un(e) de ces à valeur exclamative, il y a hésitation sur le nombre du nom qui suit.
Selon Hanse, « il est normal et à conseiller, nettement, de mettre le nom au pluriel », adjectif démonstratif ces oblige.
J'ai une de ces faims ! Tu m'as fait une de ces peurs !
J'ai un de ces maux de tête !
Toutefois, observe l'Office québécois de la langue française, « lorsque [ledit] nom se termine en -al ou en -ail, on le laisse généralement au singulier, surtout pour des raisons d'euphonie ». Michèle Lenoble-Pinson rectifie : « Dans la langue parlée, [le nom qui suit] s'écrit abusivement au singulier chaque fois que la forme plurielle s'entendrait différente de celle du singulier. » De ces perd alors son sens partitif pour prendre la valeur d'une épithète emphatique.
J'ai un de ces mal de tête [= un affreux mal de tête] !
J'ai un de ces travail [= un travail énorme] !
Selon d'autres spécialistes encore, c'est le singulier qui devrait être la norme − du moins avec « un nom abstrait non caractérisé », précise Cécile Narjoux dans Le Grevisse de l'étudiant −, dans la mesure où le tour un(e) de ces n'a plus un sens partitif mais intensif (l'évaluation portant sur une qualité et non sur une quantité) : il s'agit, en effet, de souligner − avec une nuance laudative ou, plus souvent, dépréciative − le caractère exceptionnel, unique, et donc singulier du nom qui suit.
Il fait un de ces froid ! (selon Cécile Narjoux), mais Il fait un de ces froids que l'on trouve en Sibérie (le nom froid est ici caractérisé par une relative).
J'ai un de ces mal de tête ! Il a fait un de ces travail ! (valeur intensive) mais Un de ces maux de notre époque, un de ces remarquables travaux de restauration (valeur partitive).
Tentons une synthèse : après le tour exclamatif un(e) de ces, qui exprime bel et bien l'idée du singulier, le pluriel généralement observé est dû au voisinage de ces ; c'est un pluriel graphique, que la langue tend à rejeter dès qu'il deviendrait audible.
Un de ces livres qui font polémique.
(Stéphane Hessel, Éditions Indigène)