« Le producteur de musique Pascal Nègre a également commenté la publication [de Florent Pagny annonçant être atteint d'un cancer du poumon] : "Tu as une bonne étoile et elle brille encore malgré ce nuage gris !!! Courage et à très vite." »
(lu sur parismatch.com, le 27 janvier 2022.)
(photo Wikipédia sous licence CC BY-SA 4.0 par Guy Delsaut.)
Ce que j'en pense
La langue française ne manque pas de formules pour exprimer, à la fin d'une conversation, d'une lettre ou d'une publication sur les réseaux sociaux, l'espoir − que l'on ne peut ici que croire sincère − de revoir la personne dont on prend congé : au revoir (celui de Giscard, en mai 1981, est dans toutes les mémoires), à bientôt, à plus tard, à tout à l'heure (et leurs raccourcis familiers à plus, à tout'), à la prochaine (fois), etc. Parmi elles, il en est une, popularisée en son temps par la voix grave et suave de feue Macha Béranger (elle aussi aux prises avec un cancer du poumon), qui s'attire régulièrement les foudres des spécialistes : « À très vite est un monstre grammatical dont la présence étonne dans la bouche et sous la plume de personnes qui ne sont ni ennemies de la logique ni esclaves des bourdes en vogue » (Mission linguistique francophone, 2017), « À très vite. Ellipse à jeter à la poubelle » (Alfred Gilder, 2018), « Que dire de ce désinvolte "À très vite !" qui, à l'écrit et plus encore à l'oral, clôt nombre de conversations d'aujourd'hui, sinon que, chez lui, l'incorrect le dispute au familier ? » (Bruno Dewaele, 2021).
Mais que lui reproche-t-on au juste ? Sa syntaxe bricolée à la va-vite : « En effet, la préposition à a vocation à être suivie d'un complément circonstanciel de temps (à bientôt, à demain, à la semaine prochaine, à plus tard), et non, comme c'est le cas ici, d'un complément circonstanciel de manière : imaginez seulement l'impression que produirait la tournure contraire, "À très lentement !"... », résume Bruno Dewaele. Voilà qui est vite dit. Car enfin, il faut croire que je ne suis pas seul à observer que vite lorgne plus souvent qu'à son tour du côté des adverbes de temps : « En tant qu'adverbe vite s'emploie dans des sens divers, marquant simultanément des rapports de manière et de temps : [...] Elle oubliera vite sa déconvenue (= bientôt). Débarrassez-moi vite le plancher (= immédiatement) ! » (Jean-Paul Jauneau), « Elliptiquement, vite ! équivaut à "sans plus attendre, sans délai" (1659 [1]) et, par extension, à "immédiatement" » (Dictionnaire historique de la langue française), « Avec un adverbe de rapidité ambivalent, tel que vite, l'accent peut être [mis sur] l'immédiateté ("Partez vite", au sens de "Partez immédiatement") ou sur la vélocité ("Il est parti très vite", au sens de "Il est parti en courant") » (Robert Guého).
Et quand bien même notre formule aurait des airs d'attelage contre nature grammaticale, Claude Duneton n'y verrait jamais qu'un innocent « jeu de langue » : « Soit la question : "Quand reviendras-tu ?" La réponse la plus rassurante sera : "Je reviendrai très vite." La locution adverbiale indique ici la manière : le retour en urgence. Mais l'interlocuteur/trice, qui est languissant(e), réclame un engagement décisif : "Oui, très vite, très vite !" Et le désir s'accroît quand l'effet recule, c'est classique ; l'autre répond : "Alors à très vite", ce qui est une blague et un mot d'amour... Il se produit un léger décrochage grammatical, la locution devient alors adverbiale de temps [...]. Voilà l'expression créée ; elle porte des guillemets mentaux sur son acte de naissance, qui signifient : faisons comme si très vite était une date fixe. Très vite, c'est demain, ou ce soir, peut-être. Ce sont là des créations aimables, qui sont internes à la langue et ne doivent rien à personne. » Encore convient-il de ne pas brûler les étapes de la démonstration...
À l'origine est l'interjection adieu (en un ou, plus souvent, en deux mots [2]), attestée dès la fin du XIIe siècle comme formule de congé (3) après avoir été préparée par des phrases comme je vous commande (= confie) à Dieu, allez à Dieu, soyez à Dieu... (sous-entendu : pendant ce temps qui nous sépare) : « Je m'an vois, a Deu vos comant », « Alez donc a Deu, biaus sire » (Chrétien de Troyes, vers 1170-1180) ; « Et dit li rois : Adeu, sire cosin » (La Mort de Garin le Loherain, fin du XIIe siècle) ; « A Deu remain [= demeure] ! » (Jean Bodel, avant 1210) ; « A Deu, dame, a Deu soiez vos ! » (Moniot d'Arras, vers 1225) ; « Sire, dist ele, a dieu » (Adenet le Roi, vers 1270). Le XIVe siècle, soucieux de fixer un terme à la séparation, donna naissance à la construction adieu + jusqu'à, suivi d'un adverbe, ou plus souvent jusqu'au, suivi d'un nom (retour ou revis « fait de se revoir ») ou d'un infinitif substantivé (revoir, mais aussi revenir), pour « je vous recommande, je vous dis à Dieu jusqu'à ce que l'on se revoie, jusqu'à ce que je revienne » : « A Dieu, chier filz et ami doulx, Vous conmant jusqu'au reveoir » (Miracle de l'enfant donné au diable, vers 1339) ; « A Dieu vous vueil je conmander Jusques a ja [= un moment proche] » (Miracle de un pape qui vendi le basme, 1346) ; « A Dieu jusqu'au retour », « A Dieu jusqu'au revoir », « A Dieu vous commant jusques au revenir » (Jean Froissart, avant 1400) ; « Adieu vous dy jusqu'au revoir », « Adieu, seigneurs, jusqu'au revis » (Le Mystère de la Passion d'Arras, avant 1440) ; « A Dieu soiez vous commandé, Jucques a ce que vous revoye » (Jean du Prier, 1456). Le succès fut tel que la formule fut bientôt accommodée à toutes les sauces temporelles : adieu jusqu'à demain, jusqu'à ce soir, jusqu'à tout à l'heure, jusqu'à bientôt, etc. (4) De là, par ellipse de adieu puis de jusque, les raccourcis modernes au revoir, à demain, à ce soir, à tout à l'heure, à bientôt...
Mais revenons à la thèse de Duneton. Ce que notre spécialiste oublie de préciser, c'est que tout porte à croire que l'on a d'abord formé à bien vite (par analogie plaisante avec à bientôt ?) avant à très vite. J'en veux pour preuve les dates de première attestation que j'ai pu réunir à ce jour : « Au revoir, ma bonne, mon excellente mère, à bientôt ! » (André-Joseph Grétry, 1806), « − À bientôt, mes amis... − À bien vite, ma tante » (Pierre, auteur dramatique, 1857), « À très vite, ma toute belle » (Philippe Jullian, 1959). Sans doute me rétorquera-t-on avec quelque apparence de raison que à bien vite reste rare, à l'écrit, avant la fin du XXe siècle (5), mais enfin l'innovation n'a en soi rien de bien extraordinaire quand on songe que bientôt résulte de la soudure de l'adverbe bien, employé au sens intensif de « très », et de l'adverbe tôt, d'abord pris au sens ancien de... je vous le donne en mille... « vite, promptement » (encore vivant dans la locution avoir tôt fait de) ! Toujours est-il que à bien vite annonce sans surprise la formation de à très vite, un siècle plus tard.
L'ennui, c'est que dans l'intervalle très s'est également invité devant bientôt, au grand dam de plus d'un observateur : « En principe, un adverbe pouvant modifier un autre adverbe, rien n'empêche de dire très bientôt, comme on dit très souvent ou très soigneusement. Mais on s'aperçoit vite qu'il s'agit d'un cas particulier, car l'adverbe est lui-même formé de deux adverbes, l'un modifiant l'autre : "bien tôt", comme on aurait "fort tôt" ou même "très tôt", de sorte que très bientôt apparaît soit comme un renforcement qui frise le pléonasme soit comme une suite d'adverbes malvenue et déplaisante. Aussi convient-il d'abandonner très bientôt au langage familier et de continuer à l'exclure du bon style » (Auguste Hersay, 1969), « Cet adverbe [bientôt] est formé de deux adverbes, dont le premier joue le rôle de très, comme dans : "il est bien tard". C'est pourquoi très bientôt est souvent considéré comme pléonastique et condamnable. Mieux vaut donc l'éviter et se contenter de bientôt, en un seul mot » (Jacques Capelovici, 1992) (6). Il faut croire que la nuance d'empressement manquait à la gamme des revoyures, tant ces réserves furent impuissantes à empêcher la diffusion à la vitesse grand V de à très bientôt (et, en Suisse, de la variante à tout bientôt) dans l'usage courant : « Adieu, Saint-Servais, au revoir, et à très bientôt... » (Joseph Méry, 1855), « Pardon de tout cet anglais de cuisine et à très bientôt » (Paul Verlaine, 1893), « À très bientôt » (Abel Hermant, 1900 ; Henri Barbusse, 1916 ; Maurice Druon, 1948), « Au revoir, Vincent. À tout bientôt » (Jacques Chessex, 1990) (7), et jusque dans les colonnes de la dernière édition du Dictionnaire de l'Académie (fût-ce au prix d'une mention « familier »). De là à à très vite, il n'y avait qu'un pas, d'autant plus rapidement franchi que bientôt « signifie aussi quelquefois "vite" », du propre aveu des Immortels (huitième édition de leur Dictionnaire).
Vous l'aurez compris : que le bien de bientôt soit ou non encore perçu comme un adverbe marquant le degré, à bientôt finit tôt ou tard par être déformé en à très vite. On peut bien sûr s'en émouvoir, mais on gardera à l'esprit que la plupart de ces formules de congé furent d'abord considérées comme familières avant de conquérir leur légitimité. En témoignent les éditions successives du Dictionnaire de l'Académie : « On dit en style familier Adieu jusqu'au revoir » (1694-1878), « Adieu jusqu'au revoir, ou, plus habituellement et plus simplement, Au revoir » (1935) ; « À bientôt. Façon de parler elliptique et familière » (1835-1935), « À bientôt ! et, familièrement, À très bientôt ! » (1992). Gageons qu'il en ira (très) bientôt de même pour à très vite.
Un mot encore, même si cela va sans dire, pour souhaiter à notre Florent national de se rétablir... très vite !
(1) « Vite, qu'on leur ôte jusqu'à la moindre chose » (Molière, Les Précieuses ridicules).
(2) Encore au XVe et au XVIe siècle : « Adieu or a Dieu vous commant » (Jehan Regnier, 1432), « Puisque prenant entre nous congé de nos amis de bouche, nous usons de ce mot, A Dieu, aussi me plaist-il de le mesnager à la fin et conclusion de mes lettres » (Étienne Pasquier, 1586).
(3) Si adieu semble de nos jours réservé aux séparations définitives (hormis peut-être dans le Sud de la France et en Suisse, où l'intéressé est parfois encore employé comme formule de salutation pour dire bonjour ou au revoir), il n'en a pas toujours été ainsi. « Adieu comme simple synonyme de au revoir a appartenu à l'usage général jusqu'à la fin du XIXe siècle », précise Goose. La distinction entre les deux formules s'instaure au début du XIXe siècle, adieu n'étant plus perçu comme une recommandation au Seigneur mais comme une promesse de se retrouver au ciel. Comparez : « Adieu, mon oncle ; vous viendrez dîner dimanche » (Balzac, 1837), « Adieu, à tout à l'heure » (Colette, 1900) et « Adieu, ou plutôt au revoir ; sans doute on nous permettra bientôt de nous embrasser » (un certain J.-P.-R. Cuisin, 1806), « Adieu donc, ou plutôt adieu n'est pas le mot, puisqu'après un long jour je vais te revoir » (Hugo, 1822), « Vous voyez que je vous dis à revoir, et que je ne vous dis pas adieu » (Dumas, 1851).
(4) « A Dieu jusques à demain » (Christine de Pizan, 1403) ; « [Ils] prindrent congié de l'ung à l'aultre par ung gracieux adieu, jusques à bientost qu'ils se redevoient entreveoir » (Georges Chastellain, vers 1421) ; « A Dieu, mon cher frere amyable, Vous dy jusque a une autre fois » (Le Mistére du Viel Testament, vers 1450) ; « Adieu jusques à l'autre sepmaine » (Farce de Pernet qui va a l'escolle, 1532) ; « A Dieu jusques à ce soir », « A Dieu jusques au retour » (Pierre de Larivey, 1579) ; « Adieu jusques alors » (Nicolas Pasquier, avant 1631) ; « Adieu Mademoiselle, jusques à la reveuë » (Le Courtisan parfait, 1640) ; « Adieu jusques à tantost » (Thomas Corneille, 1654) ; « Adieu jusqu'au souper » (Scarron, 1656) ; « Adieu jusqu'au printemps » (La Fontaine, 1687) ; « Adieu, jusqu'à la premiere ocasion » (Eustache Le Noble, 1690) ; « Adieu jusqu'à tout à l'heure » (traduction d'un roman de Samuel Richardson, 1756) ; « Adieu jusqu'à la première rencontre » (François Marlin, 1789) ; « Adieu, jusqu'au jour » (Olympe de Gouges, 1792) ; « Adieu jusqu'à bientôt » (Louis Vivien, 1840).
(5) « À bien vite de tes nouvelles, chère Marguerite » (Paul Lasserre, commis voyageur, 1867), « Avec quelle joie je vous dis : à bien vite ! » (Marthe Bibesco, 1939), « Et à bien vite, là-haut ! » (Francis Lamy, 1959).
(6) D'autres se montrent un peu moins sévères : « Très bientôt s'entend très souvent dans la langue parlée : À très bientôt. Ce tour, sans être incorrect, est seulement familier et forme un léger pléonasme » (Jean-Paul Colin, 2002), « À très bientôt, formule de la langue familière, [est] à éviter dans le style surveillé » (Jean Girodet, 2008).
(7) Et aussi en moyen français : « Mas je vuilz tres bien tost la vérité savoir Que j'ai perdus de gens » (Girart de Roussillon ; attestation isolée en 1316 ou en 1334, selon les sources).
Remarque 1 : À côté de (adieu) jusqu'au revoir est attestée, dès la fin du XIVe siècle et surtout sous des plumes étrangères, une variante avec à revoir : « A Dieu vous comande jusques à revoir » (La Manière de language qui enseigne [aux Anglais] a parler et escrire doulcz françois, 1396), « A Dieu jusques à reveoir » (Gérard de Vivre, enseignant flamand, 1597), « Adieu donc Mademoiselle jusques à revoir : jusque a une autre fois » (Le Courtisan parfait, manuel anonyme publié à Amsterdam, où figurent pourtant quatre exemples avec au revoir, 1640). Aussi ne s'étonnera-t-on pas de retrouver les deux graphies concurrentes, dès la fin du XVIIe siècle, comme formule de congé abrégée − à revoir précédant même au revoir d'une cinquantaine d'années, en l'état actuel de mes investigations : « A revoir au soupper », « A revoir, donc », « A revoir un de ces jours » (Nathanaël Duez, 1639) ; « Je vous attens là-bas, au revoir » (L'Esprit d'Ésope, 1694). À revoir est depuis l'objet d'opinions divergentes : condamné par Bescherelle (« Dans le vers suivant, Casimir Delavigne a confondu à revoir avec au revoir [...] : À revoir dans le ciel, mon vieux compagnon d'armes », 1851), par Littré (« Il ne faut pas confondre à revoir et au revoir. À revoir indique qu'il faut revoir, corriger une chose. Au revoir est une formule d'adieu exprimant l'espoir qu'on se reverra bientôt », 1869), par Éman Martin (« [Jusqu'à revoir] signifie non pas "jusqu'au moment de vous revoir", comme le croient ceux qui emploient cette formule de politesse, mais bien "au point de vous revoir" [à l'instar de Il s'emporta jusqu'à me menacer], ce qui est certainement fort loin de leur pensée. C'est donc au revoir qu'il faut dire, et pas autrement », 1873) et, dans une moindre mesure, par Le Robert (« Cette forme est inusitée dans la langue commune, sauf comme corruption populaire de au revoir ») ; plébiscité par de bons auteurs du XIXe siècle (Jules Janin, George Sand, Edgar Quinet, Pierre-Paul Royer-Collard, Eugène Sue, Alphonse Daudet, les frères Goncourt...), et pas seulement pour imiter la langue du peuple ; toléré par l'Académie (quoique dans la seule huitième édition de son Dictionnaire : « On dit aussi : À revoir. Il m'a dit à revoir », 1935), il est considéré comme « affecté » (par Wartburg), « vulgaire » (par Dupré), « vieilli » (par Hanse et par le TLFi) et « sorti de l'usage » (par le Grand Larousse et par le Dictionnaire historique).
Signalons enfin les formules elliptiques et vieillies jusqu'à (ce que j'aie) l'honneur, l'avantage, le plaisir de vous revoir, dont la dernière a connu, sous sa forme abrégée au plaisir, une certaine fortune dans les milieux petits-bourgeois : « Au plaisir de vous revoir » (Nolant de Fatouville, 1683), « Adieu, Monsieur, jusqu'à l'honneur de vous revoir » (Claude Mauger, 1686), « Adieu, mon chou, au plaisir » (Jean-Baptiste Artaud, 1767), « Adieu, Messieurs, jusqu'au plaisir de vous revoir » (Arnaud Berquin, 1782), « À l'avantage ! » (Charles-Jacob Guillemain, 1783), « Jusqu'à l'avantage de vous revoir ! » (Eugène Grangé et Lambert-Thiboust, 1860).
Remarque 2 : Apparues au début du XIXe siècle, les constructions du type à bientôt + une autre lettre (Flaubert, Rolland, Éluard), une autre affaire (Alexandre Dumas), de plus longs détails (Théophile Gautier), de vos nouvelles (Proudhon), d'autres nouvelles (Rimbaud), etc. sont sujettes à diverses interprétations. Selon le TLFi, à bientôt y aurait le sens de « dans un bref délai ». C'est, me semble-t-il, aller vite en besogne et faire bien peu de cas de la préposition à : car enfin, pourquoi recourir à à bientôt quand un simple bientôt suffirait ? Cela oblige, en outre, à supposer l'ellipse d'un substantif dans les exemples construits avec un infinitif : « À bientôt [l'occasion ?] de revenir sur cette question » (Timothée Coutet, 1862), « À bientôt [le plaisir ?] de vous lire » (Paul d'Ivoi, 1904), sur le modèle de « À bientôt le plaisir de mettre de nouveau ma vie en commun avec vous » (Zulma Carraud, 1867). D'autres observateurs, persuadés que à bientôt s'entend bien plutôt ici au sens de « dans l'attente, dans l'espoir (de) », oublient que la personne qui est dans l'attente de nouvelles n'est pas toujours celle que l'on croit : « [...] je me dépêche de fermer cette lettre. À bientôt une plus longue » (Hugo). Aussi me paraît autrement pertinente l'analyse qui consiste à voir dans ces constructions la combinaison, par la mise en commun de l'adverbe bientôt, de la formule de congé à bientôt et d'un tour elliptique de la forme (je vous écris ou j'espère) bientôt une autre lettre, (j'ai hâte, je suis impatient) de vous voir bientôt.
Cela dit, il est des innovations syntaxiques que l'on peine à justifier : « À bientôt à vous parler de [...] » (Louis Chevalier, 1864), « À bientôt à vous lire » (Céline, 1933). Et des raccourcis qui, à force d'ellipses, perdent en intelligibilité : « À vous voir », « À vous lire » (pour à bientôt de vous voir, de vous lire ?). À quand une formule de salutation qui se résumerait à un simple... À ! ?
Remarque 3 : L'usage moderne distingue bientôt « dans peu de temps » de bien tôt, en deux mots, qui signifie « très tôt, trop tôt » et s'oppose à bien tard. Comparez : Mes amis m'ont écrit, ils viendront me voir bientôt et Il est à peine midi, vous êtes venus bien tôt !
Ce qu'il conviendrait de dire
La même chose (?) ou Courage et à (très ?) bientôt.