« "Le front républicain, c'est du pipeau, on n'est plus aux ordres", explique un militant souhaitant rester anonyme, qui avoue à demi-mots avoir voté pour le candidat FN" » (lors du second tour de l'élection législative partielle de Villeneuve-sur-Lot).
(Nicolas Chapuis et Alexandre Léchenet, sur lemonde.fr, le 1er juillet 2013)
Ce que j'en pense
Certes, la règle selon laquelle la locution adverbiale à demi est invariable et prend le trait d'union seulement devant un nom (Elle parle à demi-voix car elle est à demi morte de fatigue) a bien été respectée. Il n'empêche : ce s à mots me chagrine, et pas qu'à moitié. Si rien ne s'oppose à ce que le substantif masculin demi-mot prenne la marque du pluriel (Saisir les demi-mots, les insinuations, les arrière-pensées...), le singulier fait l'unanimité dans les colonnes de nos dictionnaires dès lors qu'il est question de la locution adverbiale à demi-mot, qui signifie « sans qu'il soit besoin de tout dire ». Cette graphie n'est pas nouvelle : « Un auteur moderne a dit au pluriel, à demi-mots : ce n'est pas l'usage [...]. On dit toujours à demi-mot, au singulier », écrivait déjà Féraud dans son Dictionnaire critique de la langue française (1787). Deux cents ans plus tard, Girodet ne mâche pas davantage ses mots : « Toujours au singulier : au bas mot, à demi-mot — Toujours au pluriel : à mots couverts. »
Fallait-il être seul au Monde pour ne pas faire les choses à... demi ?
Voir également le billet Demi.
Ce qu'il conviendrait de dire
Il avoue à demi-mot avoir voté pour le candidat du FN.