• Du pain béni(t)


    « Pour l’équipe de Romney, c’est du pain béni » (à propos de la polémique qui enfle autour de l'attaque du consulat américain à Benghazi).
    (Natacha Tatu, sur nouvelobs.com, le 29 septembre 2012)






    Mitt Romney (photo wikipédia sous licence GFDL par Gage Skidmore)


    Du pain béni(t)
    « Traité européen : du pain béni pour la droite. »

    (Estelle Gross, sur nouvelobs.com, le 1er octobre 2012)

     

     

    FlècheCe que j'en pense


    Honni soit qui mal bénit ! Il est vrai que le verbe bénir ne nous facilite guère la tâche, en ce qui concerne sa conjugaison ; il fait partie des rares (avec résoudre, courbaturer) à posséder deux participes passés : béni et bénit. Oui, oui, je sais, c'est surprenant, mais c'est ainsi. Ou plutôt : c'était ainsi.

    Car, désormais, l'Académie recommande (même si tous les spécialistes ne s'accordent pas sur le sujet) de réserver à bénit le rôle d'adjectif (limité aux choses consacrées par une bénédiction rituelle) et à béni la fonction verbale.

    Comparez : De l'eau bénite (qui a été l'objet d'un rite liturgique) mais C'est un jour béni ; C'est (du) pain bénit (= c'est une aubaine) mais Ce pain a été béni par le prêtre (de préférence à Ce pain a été bénit par le prêtre).

    Suffira-t-il de brûler un cierge pour que les journalistes du Nouvel Observateur ne mangent plus de ce pain béni là ?...

    Voir également le billet Béni / Bénit.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    C’est du pain bénit.

     


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  • Ils sont venus apportés leur soutien

    « Devant le salon [de l'automobile], Olivier Besancenot, ancien porte-parole du NPA, et Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche à la présidentielle, venus apportés leur soutien aux salariés de Ford (...), ont exigé du gouvernement qu’il bloque tous les licenciements. »

    (dépêche AFP servilement reprise sur liberation.fr, le 29 septembre 2012) 

     

    FlècheCe que j'en pense


    Est-il besoin de rappeler que venir exige ici d'être suivi d'un infinitif et non d'un participe passé ?

    Sans doute ne s'agit-il là que d'une coquille fort mal... venue ! Il n'en reste pas moins surprenant de constater que seuls les réviseurs de Libération n'ont pas été en mesure de repérer ladite coquille (au contraire de leurs confrères du Monde, de Ouest-France, du Journal du Centre, etc.). De là à considérer que l'on a affaire à des correcteurs de salon...

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Ils sont venus apporter leur soutien aux salariés.

     


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  • Nominer

    « Chaque année, lors du prix de l'Entrepreneur (...), plusieurs sociétés sélectionnées pour leur croissance et leur rentabilité demandent à ne pas être nominées » (en raison de la défiance de nos compatriotes vis-à-vis de la réussite et de l'argent).
    (Christine Kerdellant, dans L'Express no 3195, septembre 2012) 

           (photo wikipédia)

     

    FlècheCe que j'en pense


    On imagine la scène : notre journaliste, ayant sans doute à l'esprit la mise en garde de l'Académie contre l'américanisme nominer, se trouve dans une impasse, pour avoir précédemment employé le verbe sélectionner dans la même phrase. Le français ne détestant rien tant que les répétitions, la situation est assurément cornélienne... mais ne saurait, pour autant, justifier le recours à un barbarisme, si séduisante que puisse paraître sa paternité (certaines sources l'attribuent à Romy Schneider).

    Voir également le billet Nominé.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Plusieurs sociétés sélectionnées pour leur croissance et leur rentabilité demandent à ne pas être retenues (ou à ne pas concourir).

     


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  • Débuter une charge


    « Ayant débuté sa carrière à France 3, [la directrice des programmes de France 2] était particulièrement en charge de la politique de fiction et de divertissement de la deuxième chaîne gratuite française » (à propos de la mise à l'écart de Perrine Fontaine).

    (Paule Gonzales, sur lefigaro.fr, le 28 septembre 2012) 




    FlècheCe que j'en pense


    Tous les dictionnaires ont beau préciser que débuter est un verbe intransitif, rien n'y fait : sa construction avec complément d'objet direct se répand à l'oral comme à l'écrit malgré les critiques. La faute à Larousse qui a osé accueillir la tournure fautive (toutefois précédée de la mention « emploi critiqué ») ?

    Commençons donc ce billet en rappelant que la langue soignée ne saurait débuter une émission, une carrière ni un discours : elle les commence ! En revanche, l'émission débutera correctement à l'heure, l'acteur débutera dans une pièce de théâtre, le discours débutera par un hommage rendu à la nation. De quoi définitivement tordre le cou à cet emploi transitif abusif.

    Mais ce n'est qu'un début, notre journaliste ajoutant l'anglicisme au solécisme dans le même article. Il faut croire que remplacer l'expression fautive en charge de (calque de l'anglais in charge) par chargé de ou responsable de est une charge trop lourde pour de si frêles épaules...

     
    Voir également les billets Débuter et En charge de.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Ayant commencé sa carrière à France 3, elle était notamment chargée (ou responsable) de la politique de fiction et de divertissement.

     


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  • Précédent / Précédant

    « Le week-end précédent le 18 septembre, date limite de dépôt des candidatures à la présidence du parti, les proches de Jean-François Copé (...) se réunissent » (à propos de la bataille pour la présidence de l'UMP).
    (Benjamin Sportouch, dans L'Express no 3195, septembre 2012) 

     

    FlècheCe que j'en pense

     

    Voilà que l'on reparle de la confusion entre l'adjectif verbal et le participe présent...

    Précédant (avec sa terminaison caractéristique en -ant) est le participe présent du verbe précéder. Comme la majorité des participes présents, il est invariable, à la différence de l'adjectif et du substantif précédent (tous deux avec -ent).

    Une astuce pour les distinguer ? Formuler la phrase au féminin. Vous viendrait-il à l'esprit de dire : La semaine précédente le 18 septembre ? Non (à moins de créer un fâcheux... précédent !). La présence du complément d'objet direct le 18 septembre confirme qu'il ne peut s'agir que du participe présent, invariable et se terminant par -ant.

    Ainsi écrira-t-on correctement : Le week-end précédent, les proches de Jean-François Copé se sont réunis (on pourrait dire : La semaine précédente, la semaine dernière → il s'agit de l'adjectif, qui s'accorde avec le nom auquel il se rapporte et que l'on peut remplacer par un autre adjectif) mais Le week-end précédant notre venue à Paris, les proches de Jean-François Copé se sont réunis (même au féminin, la formulation reste inchangée : La semaine précédant notre venue → il s'agit du participe présent, qui ne varie pas et ne peut être remplacé par un adjectif).

    Bref, une faute classique, mais que l'on ne qualifiera pas pour autant de... sans précédent !

     

    Voir également le billet Adjectif verbal ou participe présent ?.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Le week-end précédant le 18 septembre.

     


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