• Usine à gaz

    « La fonction [présidentielle] ainsi mise à mal, sinon galvaudée sera-t-elle gravement affaiblie, ou faut-il croire qu’ainsi modernisée, " normalisée ", elle se ressourcerait ? On aurait plutôt tendance à penser qu’elle a pris un nouveau "pète au casque " fort dommageable…  »
    (Nicolas Domenach, sur marianne.net, le 19 janvier 2014)  

    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Jean-Marc Ayrault)

     

    FlècheCe que j'en pense

     
    Tiens, c'est vrai ça : comment s'écrit cette délicieuse expression qui fleure bon la gouaille polissonne (allusion à peine voilée au désormais fameux scooter du président) ?

    Feu Claude Duneton répondait à la question en 2007, dans sa chronique du Figaro littéraire intitulée pour l'occasion Un pète au casque : « "Pète" n'est enregistré par aucun des dictionnaires courants, malgré leur soif de néologismes (dès qu'il s'agit de mots anglais, il est vrai). Le mot n'a donc pas d'orthographe officielle − j'écris "pète" pour figurer la prononciation, très éloignée du simple pet. »

    Loin de moi l'intention de me la péter ou de manquer de respect à ce fin connaisseur de la langue française, mais je me dois de préciser que son propos − si la date de sa publication est identique à celle de sa rédaction − est inexact : le mot qui nous occupe figure au moins dans le Petit Larousse illustré 2005 sous la graphie pet. Je cite : « PET [pεt] n.m. (de péter). Fam. Coup violent résultant d'un choc brutal ; trace laissée par ce coup. Il y a un pet sur l'aile de la voiture. » Même borborygme dans mon Robert illustré 2013 (à défaut d'avoir conservé les éditions antérieures) : « PET [pεt] (de péter) n. m. fam. Coup ; marque due à ce coup. Il y a un pet sur la carrosserie. »

    Certes, au sens premier, pet (avec t muet) désigne l'expulsion plus ou moins sonore d'un gaz intestinal (Lâcher un pet). Mais il y a belle lurette que les dictionnaires usuels ont accueilli l'acception familière où pet − substantivation de péter au sens de « casser, abîmer » − fait désormais entendre sa consonne finale. Avoir un pet au casque, vous l'aurez compris, c'est donc « avoir reçu un coup sur la tête » d'où, au figuré, « être cinglé ». « L'image est belle, d'un jeunisme ravissant, ajoute Duneton : c'est celle d'un motard avec son inséparable casque, symbole du jeune fou à qui la moto a mis la cervelle à l'envers ». On sait, depuis l'affaire Gayet, que la griserie de la vitesse n'explique pas tout...

    D'après le Wiktionnaire, la prononciation avec t sonore − typique du sud de la France d'où serait originaire notre expression − a conduit à une transcription en pète, ignorée de Larousse et de Robert (mais pas du Nouveau dictionnaire de la langue verte, de Pierre Merle). Pas de quoi se prendre un vent, pour autant.


    Remarque 1 : Selon le Dictionnaire historique, « pet n. m., avec t final prononcé, utilise les valeurs figurées de péter, avec le sens d'"accident", "violence" (il y a du pet', de la casse) et aussi de "trace de coup" (il y a un pet' sur la carrosserie) ». Je compare avec mon Robert illustré 2013 : d'une part, la graphie pet' n'y est pas retenue ; d'autre part, pet au sens de « vacarme » (il va y avoir du pet) y est présenté avec un t muet. Voilà qui sent l'embrouille... Après tout, feront remarquer les pète-sec, ce ne serait pas la première fois que l'écurie Robert aurait un pet de travers.

    Remarque 2 : Le Dictionnaire historique, encore lui, nous apprend l'existence dans certains parlers régionaux du féminin pète, aux sens fleuris de « crotte » ou de « excès de gaz intestinaux » (avoir la pète). Savoureux.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Elle a pris un nouveau pet au casque.

     

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