• Un article d'une belle venue ?

    « Des paparazzis, cachés dans un logement en face, ont pourtant immortalisé les allers et venues de François Hollande pour le numéro de Closer publié vendredi dernier. »
    (dépêche AFP servilement repris sur liberation.fr, nouvelobs.com, lalsace.fr, le 14 janvier 2014)
    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Jean-Marc Ayrault) 
     

    FlècheCe que j'en pense


    Allez, je vais vous confier un secret : au sens de « déplacements successifs entre deux points », on écrit allées et venues et non pas allers et venues. La confusion vient de ce qu'il existe deux substantifs homophones pour désigner l'action d'aller (en scooter ou à pied) : le masculin aller (infinitif substantivé) et le féminin allée (dérivé nominal).

    « Son aler, son venir, / Son beau parler et son gent maintenir » (Couci, XVIIIe siècle).
    « [...] ne percevant du mouvement des rues que l'allée des jambes des passants et le tournoiement des roues » (Goncourt, 1862).

    Il est vrai que ces emplois sont depuis sortis d'usage : de nos jours, le nom aller désigne couramment un trajet effectué pour se rendre en un lieu (un aller simple) et le nom allée, un chemin, un passage (une allée de cyprès).

    Mais il était écrit que les difficultés ne s'arrêteraient pas en si bon chemin : voilà que Larousse, l'Académie, Littré et Girodet n'envisagent notre locution qu'au pluriel (1), quand Robert et le TLFi l'enregistrent également au singulier, au sens de « mouvement physique, fait d'aller et de venir » (2). Vous n'en revenez pas ? Et si je viens ajouter que le tour jumeau aller et retour (ou aller-retour) est présenté comme invariable par Girodet et Thomas, mais prend naturellement la marque du pluriel chez Larousse, Bescherelle, l'Académie (Avez-vous acheté des allers et retours ?) et Hanse (Deux allers et retours ou deux allers-retours) ?

    Dans le doute, mieux vaut éviter les... va-et-vient (pour le coup, unanimement invariable, celui-là, puisque étant composé de deux formes verbales) entre ces différentes positions et s'en tenir prudemment à celle de l'Académie. On s'attirera donc les bonnes grâces des Immortels en écrivant :

    • Des allées et venues incessantes.
    • Des allers et retours incessants.
    • Des va-et-vient incessants.

    Quand on vous dit que la langue française mérite le détour...

    (1) « Allée, n. f. 1. Action d'aller. Ne s'emploie plus que dans l'expression Allées et venues » (neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie).

    (2) « Les passants [...] lui faisaient l'effet d'une éternelle allée et venue de spectres autour de lui » (Victor Hugo).

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Les allées et venues de François Hollande.

     

    « Encore un effortEt quand bien même ! »

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  • Commentaires

    1
    Chambaron
    Samedi 20 Novembre 2021 à 10:48
    Chambaron

    Si les lexicographes (et ceux de l'Académie) avaient eu un peu plus d'audace et de cohérence, ils auraient lexicalisé depuis longtemps le nom allées-venues [n.f. pl.], ce qui aurait figé la tournure, comme aller-retour ou va-et-vient.

    En laissant les mots indépendants, libres d'être combinés à la guise du  rédacteur, on entraine fatalement des doutes et des interprétations...

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