• Se faire fort de

    Voilà une expression, dont les subtilités d'accord n'ont pas fini de nous laisser songeurs...

    Autrefois, explique A.V. Thomas (voir bibliographie), « l'adjectif fort ne variait pas au féminin et s'écrivait fors pour les deux genres, suivant en cela la règle de grand dans grand mère, grand route, etc. [...]. La question de dire se faire fort de ou se faire forte de ne se posait donc pas ».

     

    Se faire fort de

    Se faire fort de + infinitif


    Aujourd'hui, au sens de « se dire capable, se vanter, se piquer de », la locution s'est figée selon l'usage. En dépit des protestations de Littré, fort, suivi d'un infinitif, est ici analysé comme adverbe et reste donc invariable (de même que le participe passé fait).

    Elle s'est fait fort de le raisonner (et non Elle s'est faite forte de).

     

    Se faire fort de

    Se faire fort de + nom

     
    Mais – car il y a un « mais » –, au sens de « tirer sa force de », fort suivi d'un nom varie en genre et en nombre en tant qu'adjectif. Il en est de même pour le participe passé fait, qui dans ce cas s’accorde avec le sujet.

    Elle s'est faite forte du soutien de son mari (comme on dirait : Forte du soutien de son mari, elle revit).

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : Fort peut être adjectif (variable : un château fort, une forte tête, un coffre-fort, prêter main-forte), adverbe (invariable : Ils chantent fort) et nom (Le fort de Brégançon).

    Remarque 2 : Dans la locution être fort de quelque chose, qui signifie « en tirer son assurance, sa force morale ou matérielle », l'adjectif fort s'accorde normalement : Une armée forte de mille soldats.

    Remarque 3 : Ne pas confondre fort avec for (du latin forum, place publique) dans l'expression dans son for intérieur (= au plus profond de sa conscience).

    Remarque 4 : Les spécialistes sont partagés sur le cas de se faire l'écho de : Ils se sont fait l'écho de cette rumeur (invariabilité selon Girodet, Thomas et Larousse) mais Ils se sont faits l'écho de cette rumeur (accord selon Hanse, Grevisse et Georgin : Ils ont fait eux-mêmes l'écho, où écho est attribut du COD se).

    Remarque 5 : Voir également l'article consacré à l'Accord du participe passé des verbes pronominaux ainsi que les billets Se faire fort de et Fort de café.

    Se faire fort de

    Une histoire de grenouille qui se faisait fort de devenir aussi grosse qu'un bœuf...
    (Recueil de fables d'Esope, par Augustin Legrand. Debray)

     

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  • Commentaires

    1
    Malomix
    Jeudi 14 Novembre 2013 à 03:54

    Bonsoir,

    Je vous remercie pour cette rubrique. Je la trouve très enrichissante.

    J'aimerais savoir ou je peux trouver un exemplaire ou, s'il le faut, le livre même.

    J'aimerais combler mes lacunes et ce livre me sera un grand atout.

     

    Merci!

     

    2
    Jeudi 14 Novembre 2013 à 10:12

    Si vous parlez du Dictionnaire des difficultés de la langue française d'Adolphe Thomas, vous le trouverez aux éditions Larousse (en librairie ou sur Internet). D'autres ouvrages sont cités dans la rubrique "Sources bibliographiques".

    3
    Roméo
    Mardi 21 Octobre 2014 à 17:57

    Bonsoir,


    Le bon usage (15e éd., § 951 , a, R3.) indique dans la partie consacrée au participe passé suivi d'un infinitif :


    "Les pronoms "me", "te", "se", "nous" et " vous", qui n’ont qu’une forme pour l’objet direct et pour l’objet indirect peuvent en principe entraîner ou non un accord" et donne l'exemple suivant : "Les paroles qu'on nous a entendus ou entendu prononcer."


    Comprenez-vous pourquoi, dans cet exemple, "nous" est c.o.d. et c.o.i. ?


    Merci d'avance pour votre réponse.


    Cordialement.


     

    4
    Mardi 21 Octobre 2014 à 18:06

    Les paroles qu'on nous a entendus prononcer > L'accord du participe implique que nous (COD) fait l'action de l'infinitif. Le sens est donc : On a entendu nous-mêmes en train de prononcer des paroles.

    Les paroles qu'on nous a entendu prononcer > Dans ce cas, le sens est : On a entendu (quelqu'un) prononcer des paroles à nous (COI).

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