• Rocambolesque / Ubuesque

    Voici ce que l'on pouvait lire sur l'ancien (?) site d'un conseiller municipal de Quimper :

    « La presse ironise ce matin (Le Télégramme) sur la "rocambolesque" investiture UMP. Ubuesque, c’est le terme que j’emploie pour imager cette période où beaucoup d’énergie a été dépensée. » (Billet daté du 30 novembre 2007.)

    Il ne faudrait pas croire, pour autant, que ces deux adjectifs sont synonymes.

    Le premier fait référence au personnage principal des romans-feuilletons de Ponson du Terrail (romancier français du XIXe siècle) : Rocambole, héros d'aventures extraordinaires et souvent invraisemblables. Aussi qualifie-t-on de rocambolesque une œuvre de fiction (et, par métonymie, un personnage de fiction) remplie de péripéties invraisemblables, extraordinaires.

    Une aventure, un film, une histoire, un personnage rocambolesque.

    Le second ressortit au théâtre. Ubu roi est une comédie d'Alfred Jarry (1896) mettant en scène le « père Ubu », « caricature bouffonne de la stupidité bourgeoise et de la sauvagerie humaine, (qui) accède à un pouvoir absolu et libère ses pires instincts » (Petit Larousse). Aussi est-on fondé à qualifier d'ubuesque une situation ou un personnage d'un comique absurde, grotesque et démesuré.

    L'ampleur paradoxale du cynisme ubuesque (Francis Jourdain).

    On perçoit d'emblée la différence entre ces deux adjectifs : ubuesque, qui a à voir avec grotesque et absurde, possède une valeur péjorative, absente de rocambolesque, qui lorgne du côté d'extravagant.

    Monsieur le conseiller municipal aurait donc été bien inspiré de s'en tenir au choix... télégrammesque.

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    Remarque 1
    : Remis au goût du jour en 2000 par un certain président qui fleure bon la pomme, l'adjectif abracadabrantesque (néologisme forgé à l'origine par Arthur Rimbaud) vient concurrencer rocambolesque sur le terrain de l'invraisemblance, mais avec cette touche de magie propre à tout univers abracadabrant.

    Remarque 2 : Le suffixe -esque, qui – on l'a vu – prend parfois une valeur péjorative ou comique, indique le plus souvent la manière, la ressemblance, l'origine. Nombreux sont les personnages (fictifs ou réels) à avoir légué leur trait de caractère (propre) à un nom (commun), pas toujours répertorié dans les dictionnaires : Don Juan (donjuanesque = séducteur, libertin), Gargantua et Pantagruel (gargantuesque et  pantagruélique = gigantesque, démesuré, abondant), Dante (dantesque = terrifiant, grandiose), Joseph Prudhomme (prudhommesque = qui prend un air important pour se répandre en platitudes et en banalités), Franz Kafka (kafkaïen = qui évoque l'égarement de l'individu pris dans l'absurdité d'une machine administrative), etc.

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