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Repaire / Repère
« Londres, repère de banquiers millionnaires. »
(paru sur nouvelobs.com, le 16 juillet 2013)Ce que j'en pense
Si l'on conçoit que Big Ben puisse servir de repère outre-Manche à l'instar de la tour Eiffel dans Paris, notre journaliste fait assurément fausse route en s'égarant dans les méandres londoniens de l'homophonie.Certes, la capitale du Royaume-Uni est réputée abriter la plus importante place financière européenne, mais, quand les banquiers auraient à ce point mauvaise presse par ces temps de crise, serait-on fondé à les comparer à une horde de malfaiteurs venus trouver refuge dans la City ?
À la décharge de notre journaliste, reconnaissons qu'il y a de quoi perdre ses repères orthographiques, quand on sait que ledit repère (« marque, jalon ») est l'altération graphique de repaire (« demeure », à l'origine, puis « refuge, cachette », en parlant d'un animal sauvage ou d'un malfaiteur), déverbal de l'ancien verbe repairer ou repairier, terme de chasse à courre signifiant « être au gîte ».
L'étymologie commune (le latin repatriare, « rentrer dans sa patrie, revenir chez soi », d'où l'idée de retour à un point fixe) n'étant plus perçue de nos jours, on retiendra que le père de repère fait référence à la figure tutélaire, quand la paire de repaire évoquerait le refuge des... Deux Alpes – on a les repères mnémotechniques que l'on peut !
Ce qu'il conviendrait de dire
Londres, repaire de banquiers millionnaires.
Tags : repère, repaire, homophones
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Commentaires
Interesting etymological metaphors. But according to Wedgwood's Dictionary of English Etymology, the French word repaire comes from Italian riparare, riparo "den, refuge" < lat. re- and parare "parry off, defend against" (as in apparel, parry, etc.). A refuge is a place protecting you from the weather and attack. If this is true, the metaphors become in part void.
Tel n'est pas l'avis du Dictionnaire historique de la langue française, de Littré, de Larousse et de Robert. Mais l'étymologie, on le sait, n'a rien d'une science exacte...