• Flèche

    Ici et là, adverbes


    , adverbe, s'écrit avec un accent grave. Il marque le lieu (parfois le temps) et s'oppose à ici.

    Ne reste pas , viens ici.

    Çà et (dans cet emploi, çà est un adverbe de lieu archaïque, synonyme d'ici).

    Nous verrons d'ici .

    J'irai où tu veux (ou J'irai où tu veux) mais C'est que j'irai (de préférence à C'est là où j'irai).

    De , j'ai une belle vue. Il est parti par .

     

    Flèche

    Ci et, trait d'union


    Ci
    (contraction de ici) et se joignent par un trait d'union au pronom démonstratif (celui, celle, ceux, celles) ou au nom (ou nom de nombre) qui le précède si ce dernier est lui-même précédé d'un adjectif démonstratif (ce, cet, cette, ces).

    Cet homme-là, cette femme-ci, celui-ci, ces deux-là, ces deux hommes-là, ces jours-ci mais La personne, , en face de toi.

    L'usage est plus hésitant lorsque le nom, employé avec un démonstratif, est suivi d'un adjectif ou d'un complément.

    Cet amour-là mais Cette preuve d'amour ( porte sur la preuve d'amour, pas sur l'amour).

    Cette vue-là mais Ce point de vue ( porte sur le point de vue, pas sur la vue).

    Ce jeudi soir-là ou Ce jeudi soir (selon que l'on insiste sur la date ou sur l'heure).

    Comme adverbe de lieu, ci est toujours précédé ou suivi d'un trait d'union.

    Ci-dessus, ci-joint, ci-gît (du verbe gésir, « être couché »).

    De-ci de-là, par-ci par-là.

     

    Locutions avec trait d'unionLocutions sans trait d'union
    ci-annexé çà et là (« de côté et d'autre »)
    ci-après de là
    ci-contre d'ici là (« entre le moment présent et un temps postérieur »)
    ci-dessus, ci-dessous ici et là (« de côté et d'autre »)
    ci-devant, ci-derrière ici ou là (« en un ou des lieux qu'on ne saurait préciser »)
    ci-gît là aussi
    ci-inclus là contre
    ci-joint là même, par là même
    de-ci de-là (« en divers endroits, en diverses occasions ») là où
    halte-là par ici, par là
    jusque-là *
     
    là-bas

    là-contre *
     
    là-dedans  
    là-devant, là-derrière  
    là-dessous, là-dessus  
    là-haut  
    par-ci par-là  

    * Étonnamment, l'Académie accepte les graphies jusque-là et jusque là ainsi que là-contre et là contre, même si la présence du trait d'union est de loin la plus répandue.

     

    En résumé

    On retiendra que les adverbes ci et sont toujours précédés d'un trait d'union quand ils sont employés comme particules avec un démonstratif pour le renforcer.

     

    Remarque 1 : Ici et -ci marquent la proximité (dans l'espace ou le temps) et et -là l'éloignement, mais cette distinction tend à disparaître dans la langue courante au profit de et -là quand il n'y a pas d'alternative.

    Tu préfères cette voiture-ci ou cette voiture-là ?
    Ce jour-là, il avait plu
    (temps passé) mais Je viendrai ces jours-ci (temps proche).

    Remarque 2 : est également une interjection : Oh là là !

    Remarque 3 : Ci est également pronom et s'oppose à ça (sans accent grave), contraction de cela dans le registre familier. Par ailleurs, on se gardera de confondre le pronom démonstratif ça avec çà (avec un accent grave), que l'on n'emploie plus guère comme adverbe de lieu que dans les locutions çà et là, deçà delà et en deçà ou comme interjection, pour marquer la surprise, la menace ou l'impatience.

    Faites comme ci, pas comme ça.
    Ça
    commence bien
    mais Ah çà ! Je ne m'y attendais pas !

    On notera également que la langue soignée tend à éviter ça devant une forme composée du verbe être. Elle dira donc : Ç'a été un plaisir (pour Ce a été un plaisir, ce s'élidant en ç avec cédille devant un a) ou encore Cela a été un plaisir.

    Remarque 4 : On évitera toute redondance dans les constructions introduites par c'est là que.

    Paris ? C'est là qu'on voit les plus beaux monuments de France (et non C'est là qu'on y voit, qui relève du pléonasme syntaxique).

    Remarque 5 : Voir également l'article consacré à Ceci et cela et celui consacré au Trait d'union après au- et en-.

     

    Là-dedans

     


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  • Voilà une expression, dont les subtilités d'accord n'ont pas fini de nous laisser songeurs...

    Autrefois, explique A.V. Thomas (voir bibliographie), « l'adjectif fort ne variait pas au féminin et s'écrivait fors pour les deux genres, suivant en cela la règle de grand dans grand mère, grand route, etc. [...]. La question de dire se faire fort de ou se faire forte de ne se posait donc pas ».

     

    Se faire fort de

    Se faire fort de + infinitif


    Aujourd'hui, au sens de « se dire capable, se vanter, se piquer de », la locution s'est figée selon l'usage. En dépit des protestations de Littré, fort, suivi d'un infinitif, est ici analysé comme adverbe et reste donc invariable (de même que le participe passé fait).

    Elle s'est fait fort de le raisonner (et non Elle s'est faite forte de).

     

    Se faire fort de

    Se faire fort de + nom

     
    Mais – car il y a un « mais » –, au sens de « tirer sa force de », fort suivi d'un nom varie en genre et en nombre en tant qu'adjectif. Il en est de même pour le participe passé fait, qui dans ce cas s’accorde avec le sujet.

    Elle s'est faite forte du soutien de son mari (comme on dirait : Forte du soutien de son mari, elle revit).

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : Fort peut être adjectif (variable : un château fort, une forte tête, un coffre-fort, prêter main-forte), adverbe (invariable : Ils chantent fort) et nom (Le fort de Brégançon).

    Remarque 2 : Dans la locution être fort de quelque chose, qui signifie « en tirer son assurance, sa force morale ou matérielle », l'adjectif fort s'accorde normalement : Une armée forte de mille soldats.

    Remarque 3 : Ne pas confondre fort avec for (du latin forum, place publique) dans l'expression dans son for intérieur (= au plus profond de sa conscience).

    Remarque 4 : Les spécialistes sont partagés sur le cas de se faire l'écho de : Ils se sont fait l'écho de cette rumeur (invariabilité selon Girodet, Thomas et Larousse) mais Ils se sont faits l'écho de cette rumeur (accord selon Hanse, Grevisse et Georgin : Ils ont fait eux-mêmes l'écho, où écho est attribut du COD se).

    Remarque 5 : Voir également l'article consacré à l'Accord du participe passé des verbes pronominaux ainsi que les billets Se faire fort de et Fort de café.

    Se faire fort de

    Une histoire de grenouille qui se faisait fort de devenir aussi grosse qu'un bœuf...
    (Recueil de fables d'Esope, par Augustin Legrand. Debray)

     


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  • Exprès : voilà un de ces mots anodins qui peuvent nous jouer des tours, en matière d'orthographe (notez l'accent grave et le s final), d'accord et de prononciation.

     

    Flèche Exprès, adverbe


    Employé comme adverbe, exprès (prononcez èksprè) signifie « délibérément, intentionnellement » et est invariable.

    Ils ont fait ce gâteau exprès pour toi.

    Il le fait exprès (et non Il en fait exprès, qui est un régionalisme).

    Flèche Exprès, adjectif


    Employé comme adjectif, exprès (couramment prononcé èksprès', au masculin) signifie « impératif, formel, absolu ». S'accordant en nombre et en genre, il s'écrit expresse au féminin.

    Un ordre exprès. Une demande expresse.

    Défense expresse de fumer dans les toilettes.

    Dans le langage postal, exprès − ellipse de acheminé par exprès − est un adjectif invariable (ainsi qu'un substantif), qui signifie « distribué à son destinataire par porteur spécial, dès son arrivée au bureau de poste distributeur ».

    Un colis exprès, une lettre exprès, un exprès.

    Flèche Express, nom et adjectif invariables

    On se gardera de confondre l'adjectif exprès avec express, emprunté de l'anglais express (train) utilisé dans le langage ferroviaire pour désigner un train qui ne s'arrête pas dans toutes les gares, et, par extension, une voie permettant une circulation rapide des véhicules ou encore tout ce qui se prépare ou s'accomplit rapidement.

    Un train express (≠ omnibus), une voie express.

    Un aller-retour express, un repas express, une rencontre express (= rapide).

    Express (emprunté de l'italien espresso) désigne également un café réalisé à l'aide d'un percolateur. Boire un (café) express. On parle également d'un expresso, voire d'un espresso, mais ces deux dernières graphies ne sont pas enregistrées par l'Académie.

    Exprès / Expresse / Express

    Non, il ne s'agit pas d'un crime commis vite fait bien fait !...

     


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  • Prêter à confusion signifie « être ambigu, équivoque ».

    Le verbe prêter est ici utilisé dans son emploi intransitif, avec le sens de « donner matière à, donner lieu à » (comme dans prêter à rire).

    Afin d'éviter toute confusion, justement, on se gardera de substituer dans cette expression le verbe porter à prêter, sous l'influence de la construction porter à (= amener à , inciter à).

    Son analyse prête à confusion (et non porte à confusion).

    En revanche, il est correct d'écrire : Son analyse a porté la confusion chez ses contradicteurs (= a semé la confusion), mais le sens est différent.

    Il existe plusieurs expressions où l'on évitera d'interchanger les verbes porter et prêter :

    • porter (ou tirer) à conséquence : comporter de graves suites.
    • porter atteinte, préjudice.
    • prêter à rire, à controverse, à discussion, à débat, à l'équivoque.
    • prêter attention : être attentif.
    • prêter le flanc à (la critique) : donner prise à.

     

    Séparateur de texte

    Remarque : Même s'il semble bien que Flaubert y ait eu recours dans sa Correspondance, le verbe confusionner (quelle horreur !) ne peut se dire pour « rendre confus ». On le remplacera avantageusement par confondre, du latin confundere, « mêler, mélanger » d'où « troubler, déconcerter, remplir de stupeur ou de confusion ».

    Être confondu d'admiration.
    Vos compliments me confondent.
    Se confondre
    en remerciements, en excuses
    (= les multiplier avec excès)

    De même, on évitera d'employer l'adjectif confusant (emprunté à l'anglais confusing) à la place de confus, ambigu, déconcertant, flou...

    Prêter / Porter à confusion

    Certaines expressions peuvent prêter à confusion...

     


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  • Plusieurs expressions avec l'adjectif numéral ordinal premier peuvent occasionner quelques hésitations en matière d'accord.

     En premier : dans cette locution adverbiale, premier est invariable.

    Elle est arrivée en premier (et non en première) mais Elle est arrivée première (ou la première).

    Remarque : De même, on dira : Elle a fini premier (et non première).

    Tout premier, toute première

    Les tout premiers instants mais Les toutes premières heures (premier, adjectif, s'accorde en genre et en nombre ; voir la règle d'accord de tout, adverbe).

    Premier-né, première-née

    Les premiers-nés de la maternité, les premières-nées (le féminin est peu usité).

    Remarque : De même, on écrira un dernier-né, des derniers-nés, des dernières-nées... mais des nouveau-nés car nouveau est ici pris adverbialement au sens de « nouvellement » (l'Académie précise toutefois que le féminin nouvelle-née se rencontre...).

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : L'abréviation des adjectifs numéraux ordinaux est la suivante : 1er (1ers au pluriel) pour premier, 1re (et non 1ère) pour première ; second (2d, 2ds, 2de, 2des) et deuxième (2e, 2es) ; à partir de troisième, un simple e (et non ème) suffit au singulier (3e, 4e, etc.). Mais on écrit le Premier ministre, le Premier(-)Mai (= fête du Travail). Et le XVIIIe siècle.

    Remarque 2 : Le latin primus, dont dérive premier, a tout d'abord donné les formes prin et prime qui ont survécu dans printemps et prime abord.

    Remarque 3 : Voir également les billets La Première ministre, Les premières vingt-quatre heures et Le Premier(-)Mai.


    Subtilités

    Ma fille est entrée en premier mais Ma fille est entrée en première (= en classe de première).

    Premier
    Livre de Servane Heudiard, Éditions First

     


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