• Prémisses / Prémices

    Prémisses / Prémices

    « Si tel était le cas, on devrait en percevoir les indices ou les prémisses dans les pays qui ont instauré le "mariage gay" » (à propos des prétendus dangers du projet de mariage pour tous).
    (Laurent Joffrin, sur nouvelobs.com, le 19 novembre 2012) 


    FlècheCe que j'en pense


    Ah ! les redoutables homophones que voilà ! S'ils ont tous deux à voir avec « ce qui vient au début », il convient de bien les distinguer.

    Prémices (avec un c) est un substantif féminin toujours employé au pluriel. Emprunté du latin primitiae (« premières productions de la terre ») lui-même dérivé de primus (« premier »), il désignait dans l'Antiquité les premiers produits de la terre ou du bétail donnés en offrande à une divinité. Il a aujourd'hui le sens figuré de « commencement, prélude ; premières manifestations ou premières apparitions d'un processus » : Les prémices d'un règne, de l'hiver, d'une grève, d'une catastrophe...

    D'un emploi plus rare, prémisse (avec deux s) est un terme de logique, emprunté du latin praemissa (sous-entendue sententia, « proposition mise en avant »). Au singulier, ce mot féminin désigne chacune des deux premières propositions d'un syllogisme, dont on tire la conclusion (exemple : Tous les hommes sont mortels, or tous les Grecs sont des hommes, donc tous les Grecs sont mortels) ; au pluriel, il se dit par extension de tout argument qui sert de fondement à un raisonnement, dont découle une conséquence : Cette théorie s'appuie sur des prémisses incertaines.

    Le directeur du Nouvel Observateur n'est pas le premier journaliste à s'être mis à dos les deux homophones, en confondant les faits à l'origine d'un phénomène et ses premières manifestations. Reconnaissons qu'il est des cas où l'hésitation est permise. Comparez : Ces revendications constituèrent les prémices de la grève (Académie) et Ces deux faits (...) devaient être les prémisses de l'attentat actuel (Balzac). Dans le premier exemple, il est question des manifestations initiales de la grève ; dans le second, de ce qui constitue le point de départ, la condition première de l'attentat.


    AstuceMoyen mnémotechnique : prémices avec un c, comme commencement ; prémisses avec deux s, comme syllogisme.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    On devrait en percevoir les indices ou les prémices.

     

    « Elle s'est attirée les foudresEntre autre(s) »

  • Commentaires

    1
    nicocou
    Samedi 8 Février 2014 à 18:18

    En parlant du mariage gay, on se serait attendu à entendre parler de problèmes avec les homophobes, pas avec les homophones…

    2
    Samedi 8 Février 2014 à 18:37
    3
    Claire3579
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 11:00

    Bonjour,

     

    Sur ces questions délicates, serait-il vraiment fautif de parler des prémices d'une pensée à ses objectifs ?

    4
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 12:14

    On parlera correctement des prémices d'une pensée pour "ses premières manifestations" : "au contact de l'Asie et de ses propres songes, Malraux a puisé les prémices d'une pensée déjà grosse des développements à venir" (Charles-Louis Foulon) ; "y déceler la manière dont s'y esquissent les prémices d'une pensée nouvelle" (Robert Legros). Mais pas des prémices d'une pensée à ses objectifs.

    5
    Claire3579
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 12:31

    Des prémisses, donc...

    6
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 14:22

    Comme indiqué plus haut, prémisses (au pluriel) se dit par extension de tout argument qui sert de fondement à un raisonnement, dont découle une conséquence. Partant, je ne vois pas bien ce que signifierait "les prémisses d'une pensée à ses objectifs"...

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    7
    Claire3579
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 15:11

    Je suis d'accord avec vous, ça mériterait d'être reformulé... Merci beaucoup pour votre blog, c'est un outil superbe dont je suis déjà accro...

    8
    Claudius
    Mardi 5 Février 2019 à 10:45

    Je viens de lire "Voyage au centre du système" d'Alain Minc, et j'y trouve p. 49 (ed. Grasset) la phrase suivante: "C'était une démarche idéale pour une période de transition qui ne connaissait encore que les prémisses de la pression populiste". N'est-ce pas une erreur? Il me semble que M. Minc aurait dû écrire, dans ce cas, "prémices"! (Il fera plusieurs fois la même "erreur" (?) dans son bouquin... )

    Merci de me répondre. CB

      • Mardi 5 Février 2019 à 12:10

        Je vous rejoins.

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