• Emprunté du latin luxuria (excès, profusion), la luxure est un des sept péchés capitaux, qui s'oppose à la chasteté. L'adjectif associé est luxurieux, « qui s'adonne à la luxure, aux plaisirs de la chair » puis « qui incite à la luxure, sensuel ».

    Un regard, un livre luxurieux.

    On se gardera de faire la confusion avec l'adjectif luxuriant d'étymologie voisine (emprunté du latin luxurians) mais signifiant « qui pousse en abondance » (en parlant des végétaux) et, au sens figuré, « qui déborde de richesse, de vigueur ». Le nom associé est la luxuriance.

    Une végétation luxuriante (= foisonnante, abondante, exubérante).

    Une imagination luxuriante (= débordante, exubérante).

    Aussi considérera-t-on les dépliants invitant à la détente dans des « jardins luxurieux » ou dans une « maison luxurieuse » comme autant de publicités graveleuses !...

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    Remarque 1
    : Il fut un temps où l'adjectif luxurieux possédait les deux acceptions : « exubérance (dans la végétation) » et « qui se livre aux excès (sexuels) ». Il n'a conservé que ce dernier sens lorsque luxuriant est entré dans l'usage.

    Remarque 2 : Quant à l'adjectif luxueux, il signifie « qui se remarque par son luxe ».

     

    Luxuriant / Luxurieux
    Editions Rivages

     


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  • Bien que proches par leur étymologie (du latin cumulare, entasser, amasser) et leur sens, ces deux verbes ne sont pas pour autant synonymes.

    Flèche

    Accumuler


    Accumuler
    signifie « amasser, entasser », au sens propre comme au sens figuré. On notera l'idée de progression dans le temps et de verticalité contenue dans ce mot (pensez à la réalisation d'un tas).

    Verbe transitif, accumuler peut être employé absolument (sans complément, au sens de « thésauriser ») ou à la forme pronominale.

    Accumuler des provisions, des marchandises, des heures de travail, des preuves contre quelqu'un, des dettes, les bêtises, les erreurs, les honneurs, les connaissances, etc.

    Il accumule (des richesses).

    Les dossiers s'accumulent sur son bureau. Les charges s'accumulent contre lui. La neige s'est accumulée sur le toit.

    Flèche

    Cumuler


    Cumuler signifie, en termes de jurisprudence, « assembler, réunir » (cumuler des preuves, des infractions). Dans le langage courant, ce verbe est employé au sens de  « réunir sur sa personne, avoir simultanément la jouissance (de droits, de qualités, d'avantages...) » puis, par extension, « exercer en même temps » (souvent avec une connotation péjorative). Cette fois, c'est l'idée de simultanéité et d'avantage (parfois injustifié) qui prédomine.

    Verbe transitif, cumuler peut être employé absolument (au sens de « occuper abusivement plusieurs emplois »). On notera que son emploi à la forme pronominale, bien que fréquent, n'est pas reconnu par l'Académie ; dans ce sens, on privilégiera s'ajouter, s'amonceler, s'accumuler, se combiner, etc.

    Cumuler les fonctions, les titres, les honneurs, etc.

    Il cumule (des emplois).

    Les indemnités peuvent s'ajouter (de préférence à peuvent se cumuler).

    Séparateur de texte
    Remarque 1 : On peut donc accumuler les honneurs (= en recevoir de plus en plus, dans la durée) ou cumuler les honneurs (= en recevoir plusieurs en même temps, à la fois). En revanche, lorsque l'on évoque des défauts ou des inconvénients, mieux vaut employer accumuler (les sottises, les erreurs, les fautes).

    Remarque 2 : Quand il est question d'objets, (s')accumuler est de rigueur.

    Remarque 3 : On notera que les noms associés sont cumul et accumulation.

    Le cumul des mandats. Une accumulation d'objets.

     

    Cumuler / Accumuler

    Et accumulez les œufs de Pâques !

     


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  • Doit-on parler de la volcanologie ou de la vulcanologie ? Les deux termes « sont couramment confondus », observait Joseph Hanse en 1983, et force est de constater qu'ils sont toujours donnés comme synonymes dans les dictionnaires d'usage : « Volcanologie ou, vieux, vulcanologie » (Larousse), « Volcanologie, variante vulcanologie » (Robert).

    Depuis 1962, pourtant, l'Académie des sciences − suivie par l'Académie française en 1967 − recommande de faire la distinction entre la volcanologie, qui est la science qui étudie les phénomènes volcaniques, et la vulcanologie, qui concerne le traitement du caoutchouc ou des substances possédant des propriétés analogues (*). Ainsi, un volcanologue est un spécialiste des volcans tandis qu'un vulcanologue est un ingénieur en vulcanisation.

    La confusion entre ces deux séries provient, comme vous l'aurez deviné, de leur racine commune : Vulcain, nom du dieu du feu et du fer, dont les forges se trouvaient sous l'île de Vulcano selon la mythologie romaine.

    (*) « L'étude du volcanisme est désignée suivant les auteurs, soit sous le nom de volcanologie, soit sous le nom de vulcanologie. Le Comité [consultatif du langage scientifique] recommande l'emploi du mot volcanologie et d'une façon générale l'utilisation de la racine vol pour tous les termes dont la signification est rattachée aux phénomènes volcaniques, la racine vul devant être réservée à la terminologie du traitement du caoutchouc ou des substances possédant des propriétés analogues » (compte rendu de la séance du 12 février 1962 de l'Académie des sciences). L'Académie française a fait siennes ces recommandations dans un communiqué publié le 20 avril 1967.

    Remarque : Le verbe vulcaniser est emprunté de l’anglais to vulcanize (« soumettre à l'action du feu »), que l'on doit semble-t-il à William Brockedon, ami de Thomas Hancock, inventeur du procédé en 1843.

     

    Volcanologie / Vulcanologie
    Haroun Tazieff, qui ne travaillait pas dans un garage,
    se déclarait à juste titre volcanologue et non vulcanologue.

     


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  • La confusion entre pire et pis est fréquente et se fait – souvent à tort – à l'avantage du premier mot.

    L'article consacré à ce sujet par Jacques Pépin, de l'association Défense de la langue française (DLF), me paraissant une bonne introduction, je me permets de le citer quasiment in extenso.

    « Il faut d’abord savoir que pire est un adjectif comparatif, et pis un adverbe superlatif. C’est la base du raisonnement.

    Cela étant donc posé, l’expression figée de mal en pis est une locution adverbiale qui exprime une progression, une gradation. La situation allait mal, elle va encore plus mal ! Et ce plus mal s’exprime par le superlatif pis. C’est pourquoi on ne peut pas dire "de mal en pire" : il ne s’agit pas d’une comparaison mais de l’expression d’un degré plus fort, d’où ce superlatif. Remarquons que mal est un adverbe, et qu’on ne peut pas utiliser un adjectif pour surenchérir sur un adverbe.

    Examinons quelques expressions : le remède est pire que le mal (on compare les effets de l’un avec ceux de l’autre), pour le meilleur et pour le pire (addition de deux substantifs), il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre (l’adjectif qualifie le substantif sourd : un adverbe ne peut pas modifier le sens d’un nom). On peut toutefois employer indifféremment l’un ou l’autre s’il se rapporte à un pronom indéfini ou neutre : ce serait pire ou pisque pourrait-il nous arriver de pire ou de pis ?

    En ce qui concerne « moins pire », c’est une faute parce que pire signifie "plus mauvais" et que la logique nous appelle à constater que "moins plus mauvais" n’a pas de sens : il associe un comparatif d’infériorité (moins) et un comparatif de supériorité (plus) ! [On dira] logiquement "c’est moins mauvais" ou "c’est moins grave". »

     

    En résumé

    On retiendra que :

    Pire (du latin pejor) est le comparatif de supériorité de l'adjectif mauvais. C'est donc un adjectif (accompagnant un nom ou un pronom) qui signifie « plus mauvais » et dont le contraire est meilleur. On notera que pire est employé au sens abstrait ou moral ; au sens concret, on conserve le comparatif plus mauvais.

    La situation est pire que je ne l'imaginais (sens abstrait).

    Sa vue est plus mauvaise que la mienne (sens concret).

    Ses pires craintes sont maintenant confirmées.

    Pis (du latin pejus, neutre de pejor) est le comparatif de supériorité de l'adverbe mal. C'est donc un adverbe qui signifie « plus mal » et dont le contraire est mieux. On notera que pis est employé au sens abstrait ou moral ; au sens concret, on conserve le comparatif plus mal.
    Pis peut s'employer comme adjectif, uniquement quand il se rapporte à un pronom indéfini ou neutre (voir point suivant), jamais avec un substantif.

    Tant pis (et non Tant pire). S'attendre à pis (et non à pire). Il a fait bien pis.

    Aller de mal en pis, de pis en pis (et non de mal en pire, de pire en pire).

    Il va beaucoup plus mal que moi (sens concret).

    Dire pis que pendre de quelqu'un (= en dire beaucoup de mal).

    Dans une construction impersonnelle, pire, se rapportant à un pronom neutre, un pronom indéfini ou une proposition, est admis dans l'usage courant à la place de pis, d'un usage plus ancien, encore bien établi dans la langue soutenue.

    C'est pire, rien de pire, quelque chose de pire, il y a pire (registre courant) ou C'est pis, rien de pis, quelque chose de pis, il y a pis (registre soutenu) [pis est ici employé comme adjectif neutre].

    • Substantivement, le pire doit avoir le sens de « le plus mauvais » et le pis celui de « le plus mal ». Mais force est de constater que, dans cet emploi notamment, pis est supplanté dans l'usage par pire, malgré les recommandations de certains grammairiens.

    Le pis qui puisse arriver (= la pire chose qui puisse arriver).

    Le pis est à venir. Le pis de tout.

    Cet individu est le pire qui soit. Se marier pour le meilleur et pour le pire.

    Au pire ou au pis (= dans l'hypothèse la plus défavorable), ellipse de « en mettant les choses au pire ou au pis ».

    S'attendre au pire. S'attendre à pis.

     

    AstuceEn cas d'hésitation, il convient de remplacer pire/pis par leur synonyme plus mauvais/plus mal ou par leur opposé meilleur/mieux et de voir ce qui a du sens (à l'exception des locutions figées).


    Reprenons quelques-uns des exemples précédents :

    La situation est meilleure que je ne l'imaginais.

    C'est meilleur ou C'est mieux.

    Tant mieux.

    Aller de mieux en mieux.

    Il a fait mieux que ça !

    S'attendre à mieux.

    Cet individu est le meilleur qui soit.

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    Subtilités

    Leurs enfants sont cent fois pires que les nôtres (adjectif) mais Leurs enfants font cent fois pis que les nôtres (adverbe).


    Remarque 1
    : Pire ne devrait jamais s'employer comme adverbe. Mais, dans le langage courant, il est souvent mis elliptiquement pour « quelque chose de pire ».

    Son état devrait se stabiliser ou, pire, dégénérer (pis serait ici préférable).

    De même, par confusion avec pis, on rencontre fréquemment la locution adverbiale de pire en pire (au lieu de de pis en pis), même chez de bons auteurs (Nerval). L'Académie constate ainsi, sans plus de trouble apparemment, que « dans la plupart des emplois, pis (...) est supplanté dans l’usage par pire ». En raison de son risible homonyme, le pis de la vache ?

    Remarque 2 : Pire et pis étant déjà des comparatifs, il va de soi que les formes plus pire/plus pis et moins pire/moins pis sont aussi incorrectes que plus meilleur/plus mieux et moins meilleur/moins mieux. Cependant, pis et pire peuvent être renforcés par des adverbes (bien, encore, peut-être mais jamais beaucoup ni aussi) ou par des locutions adverbiales (cent fois, mille fois...).

    C'est bien pis. C'est cent fois pire (et non pas C'est très pire).

    Remarque 3 : On se gardera de toute confusion entre et pis (encore, que ça...) et et pis (quoi encore...), forme altérée et affreusement populaire de et puis.

    Remarque 4 : Pour désigner une « solution de dernier recours, adoptée faute de mieux », on parlera d'un pis-aller, nom masculin invariable composé de l'adverbe pis et du verbe aller (pour : « en mettant les choses au pis »).

    Remarque 5 : Voir également les articles Qui pis est et Empirer.

    Pire / PisPire / Pis

     


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  • La confusion entre affabuler/affabulation et fabuler/fabulation est courante... parfois même entretenue par des dictionnaires peu scrupuleux (cf. Remarque 2).

    Empruntée du latin affabulatio, affabulation désigne au sens strict la moralité d'une fable (= la partie qui en explique le sens moral), puis par extension la trame d'un récit, l'intrigue d'une pièce. Quant au verbe affabuler, il signifie « agencer l'intrigue d'une œuvre ».

    Voici en deux mots l'affabulation de ce roman.

    Affabuler un récit (= organiser la trame du récit).

    C'est donc à tort, selon l'Académie, que l'on associe au couple affabuler/affabulation l'idée de rapporter les faits de manière infidèle, qui relève en fait de fabuler/fabulation : empruntée du latin fabulatio (« discours, conversation », puis « bavardages mensongers »), fabulation désigne en effet l'action de fabuler, c'est-à-dire d'inventer des histoires présentées comme vraies. On notera, du reste, que l'Académie donne pour définition de mythomanie : « Tendance à fabuler, à inventer des récits mensongers ».

    La fabulation caractérise certains états pathologiques.

    Toute cette histoire n’est que mensonges et fabulations.

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : On notera que le verbe affabuler est transitif direct (on affabule quelque chose) tandis que fabuler, dans son sens moderne, est intransitif (on fabule).

    Remarque 2 : Le Larousse illustré 2005 entretient la confusion, en proposant une définition spécieuse d'affabulation : « Arrangement de faits imaginaires, invention plus ou moins mensongère. » Arrangement de faits imaginaires pourrait convenir si l'on entend par là « arrangement des faits constituant la trame d'un ouvrage d'imagination », mais invention plus ou moins mensongère doit être réservé à fabulation si l'on s'en tient à la définition donnée par l'Académie.

    Remarque 3 : Un internaute, qui se fait appeler Archaon12, fait remarquer que « la distinction [entre affabulation et fabulation] n'est pas toujours facile et, dans certains cas, les deux [idées] se mélangent : par exemple, quand Choderlos de Laclos, dans sa préface des Liaisons Dangereuses, indique qu'il s'agit d'un véritable échange épistolaire dont il n'est que le compilateur et pas l'auteur, il fabule ses affabulations ». Plus justement, on dira, à propos de l'affabulation de son récit, que Choderlos de Laclos fabule, en ce sens qu'il prétend livrer une correspondance authentique.

    Par ailleurs, reconnaissons que la distinction n'est pas toujours aisée à l'oral : la fabulation se prononce comme l'affabulation.

    Remarque 4 : Le substantif fabulateur désignait autrefois un conteur, un auteur de récits, aujourd'hui une personne qui, consciemment ou non, invente des histoires qu'elle présente comme vraies.
    Curieusement, on ne trouve nulle trace du substantif affabulateur du côté de l'Académie.

    Affabuler / Fabuler
    Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos :
    fabulation et affabulation.

     


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