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Orthographe de m... ?
« Les politiques s’emparent du "pays de merde" prononcé par Ibrahimovic (...) Une tirade qui pourrait ne pas rester sans suites. »
(paru sur lavenir.net, le 16 mars 2015)
Ce que j'en pense
Mince alors ! J'en étais resté, pour ma part, à la graphie sans s à suite, retenue par l'Académie dans la dernière édition de son Dictionnaire : « Éphémère, qui reste sans suite, qui ne mène à rien » (à l'entrée « lendemain »), « Ses menaces sont restées sans suite » (à l'entrée « menace »). Même option pour le singulier chez Larousse (« Une affaire classée sans suite », « Projet qui n'a pas eu de suite ») et chez Robert (« Classer sans suite, reléguer, mettre à l'écart »).Rien que de très logique, au demeurant : la locution (rester, classer) sans suite ne fait-elle pas écho au tour donner suite à quelque chose (avec suite au singulier), qui signifie « en poursuivre la réalisation » ? C'est que Girodet nous invite à bien faire la distinction entre la suite d'une affaire (son cours, son déroulement) et les suites d'une affaire (ses conséquences). Comparez : une plainte restée sans suite (entendez : à laquelle on n'a pas donné suite, dont on a arrêté le cours) et une maladie sans suites (sans conséquences fâcheuses).
À la décharge de notre contrevenant, reconnaissons que ces subtilités mériteraient d'être plus clairement abordées dans les ouvrages de référence, lesquels se contentent d'ordinaire de signaler que sans suite se dit d'idées, de mots, de paroles, de propos incohérents et, en commerce, d'une marchandise qui ne sera pas réapprovisionnée. L'urgence est d'autant plus grande que, depuis l'affaire du Carlton, on ne compte plus dans la presse les enquêtes classées « sans suites »... hôtelières.
Ce qu'il conviendrait de dire
Une sortie (une saillie) qui pourrait ne pas rester sans suite.
Tags : sans suite, sans suites, resté sans suite, classé sans suite
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Commentaires
3VaugelasJeudi 9 Avril 2015 à 08:24Quelle belle langue que le français qui dit tant de choses en si peu de mots ! Mon plaidoyer tendait à faire valoir la licence raisonnable, souhaitant, afin que la langue restât simple et que ses règles fussent applicables avec souplesse, qu'on reconnût l'une et l'autre orthographe, qu'enfin, on admît, sans plonger dans le ridicule, que l'un et l'autre s'écrivît (ou s'écrivissent), mon éponyme aidant !
Las ! Votre plein accord n'en dit rien et je crois qu'il faut vous en féliciter : dura lex, sed lex !
Cordialement
D'où ma remarque : "À la décharge de notre contrevenant, reconnaissons que ces subtilités mériteraient d'être plus clairement abordées dans les ouvrages de référence."
5VaugelasJeudi 9 Avril 2015 à 09:36Merci.
Au chapitre "pan sur le bec", j'inscris "l'une et l'autre orthographe(s)"... Vous ne l'avez pas soulignée, mais ne la laissons pas fleurir sur votre site !
La coquille ne m'avait pas échappé , mais je ne sais que trop le risque qu'il y a à coucher sa pensée sur un écran d'ordinateur (certains lecteurs assidus de ce site ne se privent pas de me le rappeler, à l'occasion, et je les en remercie) pour plaider l'indulgence !
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Il me semble que le deuxième paragraphe apporte un élément d'appréciation de bon aloi : "plainte sans suite" et "maladie sans suites"... Or, dans le cas d'espèce, les suites éventuelles pouvaient être judiciaires et/ou disciplinaires (pas hôtelières, comme vous l'écrivez facétieusement) mais plurielles en tout cas ; dans les écrits journalistiques, si le procureur décide (ou non) de classer "sans suite", en revanche les fédérations sportives décident (ou non) de "donner des suites" à une faute... D'où le désir de plaider l'indulgence pour le contrevenant dont le pluriel était probablement induit par cette pratique journalistique, d'autant plus compréhensible que le singulier paraît bien simple pour rendre compte de la complexité des voies judiciaires...