• Ortho-gaffe

    Ortho-gaffe

    « Il en conclut que la seule issue possible est une révolution qui fait fi de l’orthographe, enjoignant nos jeunes à se libérer d’un carcan irrespirable, qui sanctifie les élites et sacrifient le bas peuple de manière stigmatisante » (à propos de Gabriel Cohn-Bendit, frère de Daniel, qui invite les Français à s'affranchir des règles de l'orthographe).

    (Yves Delahaie, photo ci-contre, sur nouvelobs.com, le 24 novembre 2013)

    FlècheCe que j'en pense


    Oserai-je l'avouer ? La lecture de ce plaidoyer en faveur du respect de la langue française, qui méritait a priori toute ma bienveillante sympathie, m'a profondément mis mal à l'aise.

    C'est qu'il est toujours périlleux – plus encore pour un professeur de lettres modernes – de se proposer de défendre bec et ongles notre orthographe... dans un article truffé de fautes ! Au demeurant, l'orthographe n'est pas seule ici à la peine : la syntaxe et la ponctuation souffrent également le martyre. Jugez-en plutôt : « enjoignant nos jeunes à se libérer d’un carcan irrespirable » (enjoindre ne signifie pas « inciter » mais « ordonner »), « l’attentat commis par Gabriel Cohn-Bendit surpasse en Tartufferie tout ce qui s’était fait jusqu’ici » (pourquoi la majuscule ?), « la Première guerre mondiale » (pourquoi la minuscule ?), « une époque où l’école républicaine était encore récente et à laquelle tous les Français n’étaient donc pas allés » (comment prétendre coordonner deux propositions relatives qui n'ont pas le même antécédent ?), « des attaques en règle à l’encontre de notre système scolaire » (au lieu de contre, envers...), « Une pensée mortifère qui consiste à dire que, ceux qui n’ont pas la culture et la maîtrise de langue au biberon pourront toujours se complaire dans l’ignorance » (virgule en trop, article en moins), « alors qu’ils sont eux même responsables de son sabotage » (au lieu de eux-mêmes), « Ces mêmes soi-disant pédagogues font légion chez les Verts » (l'expression consacrée n'est-elle pas être légion ?), « on donne à la maîtrise du Français une dimension purement consumériste » (au lieu de la maîtrise du français), « une main d’œuvre bon marché » (au lieu de main-d'œuvre), « années après années » (pourquoi le pluriel ?), « ceux qui sont en difficultés » (même remarque). Jusqu'à cet insolite « Qui eut crû que... » (au lieu de qui eût cru que), à vous faire froid dans le dos.

    « Gabriel Cohn-Bendit s’est fendu cette semaine d’un appel au massacre », s'offusque à bon droit notre professeur. Que ne s'est-il lui-même retenu d'y répondre d'une aussi imprévisible façon !


    Voir également les billets Enjoindre, À l'encontre et Même.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Incitant nos jeunes à se libérer d’un carcan irrespirable, qui sanctifie les élites et sacrifie le bas peuple.

     

    « De quoi je m'en mêle...La langue au chat(fouin) »

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