• On n'en revient pas !

    On n'en revient pas !

    « La majorité socialiste n'ayant pas de réponses lui promet alors de revenir vers lui » (à propos d'un élu de l'opposition s'interrogeant sur le projet de construction d'une mosquée à Rouen).
    (Édouard Ropiquet, sur paris-normandie.fr, le 9 novembre 2014)
     
     

    FlècheCe que j'en pense

    Un lecteur de ce blog(ue) m'interpelle en ces termes : « Je me permets de vous importuner afin de vous demander si vous avez déjà entendu des gens utiliser à maintes reprises l'expression "venir vers quelqu'un". En effet, j'entends de plus en plus souvent les gens dire "Je reviens vers vous concernant..." ou encore "Si je viens vers vous aujourd'hui c'est que..." (...) Pourriez-vous m'éclairer à ce sujet ? »

    Que reproche-t-on au juste à l'expression (re)venir vers quelqu'un ? Dans son livre Les mots de l'époque : 100 tics, trouvailles et autres extravagances du langage quotidien, Didier Pourquery n'y va pas par quatre chemins : « Rappelons tout de même, au risque de se faire encore taxer de "frilosité linguistique" que "je reviens vers vous" est un anglicisme de la plus belle eau (I get back to you later) qui prend indûment la place d'un simple "je vous réponds bientôt", par exemple. »

    Entendons-nous bien, ledit tour ne souffre aucune critique quand il est employé au sens propre de « se déplacer vers, aller auprès de » : « Je reviendrai vers vous en peu de jours » (Voltaire) ; « Je la vis revenir vers moi, rouge, soufflante » (Mauriac). Mais d'aucuns le trouvent éminemment suspect dans son acception moderne − et pourtant particulièrement répandue au sein de nos entreprises − de « reprendre contact avec quelqu'un sur un sujet en cours (généralement par téléphone) ».

    Oserai-je l'avouer ? Cette extension de sens ne me choque pas (1). Car enfin, nul besoin, à l'ère du téléphone, du courriel et des réseaux sociaux, de s'en remettre à nos voisins anglais pour passer de la mobilité physique à la mobilité virtuelle. Gageons que l'illustre inconnu qui, en 1598, fait dire à son personnage de roman : « Monsieur, lundi dernier en la nuit m'est apparue une vision de la benoîte Vierge Marie, laquelle m'a commandé de venir vers Vous, pour vous déclarer que (...) » ne rechignerait pas à employer la même formule à propos d'une conversation téléphonique. Qui plus est, apprend-on dans le Dictionnaire historique de la langue française, revenir vers quelqu'un s'est également dit autrefois (à l'instar de revenir près de, à, pour quelqu'un) au sens de « se manifester de nouveau avec lui, dans son intimité ». Quel rapport, me direz-vous ? Eh bien, pour en revenir à nos moutons, il est permis d'imaginer que l'idée de se manifester aura glissé du contexte amoureux au contexte professionnel, apportant chemin faisant un peu de poésie dans un monde qui en manque cruellement. Voilà qui, vous vous en doutez, ne serait pas pour me déplaire !

    (1) Au demeurant, il paraît qu'elle vient de faire son entrée dans le Petit Robert 2015 (ce point reste toutefois à confirmer).

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La même chose ?

     

    « Un n ou deux n ?Faute de goût ? »

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  • Commentaires

    1
    Fangshuo
    Jeudi 4 Décembre 2014 à 02:52

    Bonjour!

     

    Blog très intéressant! Y a-t-il une raison à mettre "réponses" au pluriel dans cet exemple? Merci!

    2
    Jeudi 4 Décembre 2014 à 09:58

    Merci de votre message d'encouragement.
    Les deux points de vue sont possibles, selon que l'on considère qu'il y a une ou plusieurs questions (donc une ou plusieurs réponses) : A sotte demande, point de réponse. Je n'ai malheureusement pas de réponses à vos questions.

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