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Mœurs
La prononciation de mœurs ? Toute une affaire !
Emprunté du latin mores, le mot mœurs (toujours au féminin pluriel) désigne les usages, coutumes, habitudes et autres règles morales régissant une société, un peuple, une époque.
Les mœurs des Romains, des fourmis.
Avoir des mœurs simples, honnêtes, douteuses, dissolues.
Une affaire de mœurs (= infraction aux lois concernant la morale).
La musique adoucit les mœurs.
Entrer / passer dans les mœurs (= dans l'usage courant).
Le s final suscite bien des polémiques, entre les partisans de la prononciation courante (quoique attestée depuis longtemps) [meurs] et les tenants de la prononciation classique (vieillie, diront les mauvaises langues) [meur]. Pour les premiers, ce s sonore est respectueux de l'étymologie latine et permet d'éviter toute confusion avec la conjugaison du verbe mourir (mœurs vs meurt). Pour les seconds, Littré en tête, [meurs] « n'est pas une bonne prononciation ». Après tout, il ne viendrait à personne l'idée de prononcer le s final de sœurs... Il se trouve, en effet, qu'il existe une règle phonétique dans le bon usage, selon laquelle le s ne se prononce pas quand il est séparé de la voyelle précédente par un r. Il en va ainsi de alors, cours, gars, vers, etc. Mais, comme toujours, il existe des exceptions : mars, ours (voir Remarque 1 ci-dessous) ... et mœurs pour ceux qui veulent renouer avec son origine latine.
Remarque 1 : Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, le mot ours a pu se prononcer [our] pour le mâle et [ours] pour la femelle (comme on l'entend encore aujourd'hui dans le Nord du Canada). Ce n'est qu'en 1935 que le Dictionnaire de l'Académie s'est déclaré officiellement en faveur de son s final sonore. On a également voulu distinguer le singulier [ours] du pluriel [our], avec le succès que l'on devine.
De même, le nom Cinq-Mars (Henri Coiffier de Ruzé d'Effiat, marquis de Cinq-Mars, « favori » du roi Louis XIII) possède un s muet.Remarque 2 : Dans les expressions relevant du droit (affaire de mœurs, attentat aux mœurs, outrage aux bonnes mœurs, la police des mœurs, etc.), la prononciation courante est [meurs].
Film de Maurice Boutel, avec Dalida
Tags : mœurs, prononciation, ours, mars
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Commentaires
2sokyMardi 7 Février 2012 à 01:17C'est aussi le sujet du professeur Cerquiglini de Tv5 Monde: http://www.tv5.org/TV5Site/lf/merci_professeur.php?id=3742&id_cat=
Il conseille plutôt de ne pas prononcer le "s" final pour "moeurs". Chez nous, tout le monde le prononce.
Ce cher professeur prend également d'autres exemples comme le mois d'août, but, os... J'ai en tête des mots comme "ananas" (les Français prononcent souvent le "s" final), le "coût" (prononciation du "t"). Bref, comment peut-on savoir les mots pour lesquels on ne prononce pas la dernière lettre ?
Je crains qu'il n'y ait pas de règle en la matière. Tout est question d'étymologie et d'usage... Le mieux est de vérifier au cas par cas. Vous trouverez une liste (non exhaustive) de mots dont la prononciation peut nous jouer des tours dans la rubrique "Prononciation", sujet "Vous dites ?".
Je n'aime pas être "abrupt", mais c'est "exact".
Quel "déficit" de culture :-) Ce "concept" est un "rapt" ! Mettez m'en "sept".
On me "susurre" (oui avec un s et deux r !) à l'oreille que le français ne s'écrit pas comme il se prononce, et ne se prononce pas comme il s'écrit.
Et histoire d'être encore plus perdu, regardez du côté des mots en "-ill-".
Il y a autant de mots qui se prononcent "-iL-" que "i moullé" : il n'y a pas de règle.
ville, fille, mille, vrille, fibrille (défibrillateur), piller, bacille, manille, etc...
Le français "fourmille" d'exceptions à ces propres règles, mais il y a toujours des "imbécillités" qu'on nous ressort sans "ciller". Laissez-nous "tranquille" ! Le français est une langue vivante :-)
5PhildebouzDimanche 31 Mai 2015 à 11:02Je prends un malin plaisir à prononcer le t final de vingt quand ce mot est isolé...
"J'en ai compté vingte".
7LarocheVendredi 16 Juin 2017 à 03:10
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Celui-là est sans problème, je prononce le s à la fin bien sûr. J'ai entendu quelqu'un dire l'autre soir sur TF1 (tu vois qui) qu'il avait commis une faute "morale" ; donc il voulait dire que son affaire était une affaire de "moeurs."
Bonne soirée,
Lydia