• Méli-mélo de genres

    « Justin Bieber est bien connu pour ses démêlées avec la justice [...] »
    (Alice Develey, sur lefigaro.fr, le 30 mai 2016)  

     

    Justin Bieber (photo Wikipédia sous licence GFDL par Joe Bielawa)

     

    FlècheCe que j'en pense


    Loin de moi l'intention de me mêler de ce qui ne me regarde pas − à savoir le fond de l'affaire (des affaires ?) : je m'en tiendrai ici à la forme, comme c'est du reste mon rôle.

    Les fidèles de ce blog(ue) le savent bien : en matière de langue, il est parfois difficile de démêler le vrai du faux. Pour le coup, le sujet qui nous occupe ne mérite pas de se faire des nœuds au cerveau ou dans les cheveux : il n'est que trop clair, en l'espèce, que notre journaliste s'est emmêlé les pinceaux, en alignant le genre de démêlé sur celui de mêlée. Rappelons ici que démêlé, participe passé substantivé de démêler, est un nom masculin, qui désigne un conflit, un différend durable entre deux parties qui ont des idées ou des intérêts opposés (avoir un démêlé avec son patron). Le mot s'emploie le plus souvent au pluriel, notamment dans l'expression avoir des démêlés avec la justice, qui signifie « avoir à répondre d'une accusation devant la justice, faire l'objet de poursuites judiciaires » : « Son air timide et farouche, que ses derniers démêlés avec la justice n'avaient fait qu'accroître » (Zola).

    La coquille n'est pas nouvelle. On la trouve, pêle-mêle, dans Le Grand Dictionnaire historique (1732) de Louis Moréri : « Il eut quelques démêlées avec ses confrères au sujet de la religion », dans l'Histoire universelle (1753) : « leurs démêlées avec les Romains », dans la Biographie universelle (1823) : « tous [sic] ses démêlées avec la Suède si agitée », et jusque sous quelques bonnes plumes contemporaines : « Il racontait ses démêlées avec ses ouailles » (Michel del Castillo), « Sur les démêlées de l'institution des lecteurs royaux à ses débuts avec la faculté de théologie » (Marianne Lion-Violet), « Aux hommes politiques, qui ne sont plus là pour se justifier, on rappelle de plus en plus souvent leurs traversées du désert ou leurs démêlées avec la justice » (Philippe Bouvard), « Il a eu des démêlées avec la Famille révolutionnaire » (Yasmina Khadra). J'ajoute, à l'intention de ceux qui ne manqueront pas de me faire remarquer que les exemples précédents donnent à croire que la confusion porte seulement sur l'orthographe du mot : « Notons que l'abbé Jourdain eut de violentes démêlées avec les moines dont il avait la direction » (Charles de La Morandière), « Cette affaire lui vaudra de sérieuses démêlées judiciaires » (Serge Moati), « toutes les démêlées amoureuses » (Agnès Spiquel et Anne Prouteau).

    Sans doute n'en a-t-on pas fini de démêler les imbroglios de notre langue. C'est toujours mieux que de peigner la girafe... à la Justin Bieber !

    Remarque : Selon Littré, « avoir un différend avec quelqu'un, c'est contester avec lui sur quelque chose ; avoir un démêlé avec quelqu'un, c'est avoir quelque chose à débrouiller avec lui. Le différend porte donc sur un point déterminé ; le démêlé, sur quelque chose de compliqué ».

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Justin Bieber est bien connu pour ses démêlés avec la justice.

     

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  • Commentaires

    1
    dao
    Mercredi 15 Juin 2016 à 20:51
    dao

    une histoire de mèches? :)

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