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La miante ?
« L'amiante est présente dans les gaines de désenfumage de la Tour Montparnasse. »
(Jean-Yves Guerin et Anne Jouan, sur lefigaro.fr, le 5 décembre 2014)
(photo Wikipédia sous licence GFDL par Ввласенко)
Ce que j'en pense
C'est, semble-t-il, à sa propriété de résistance au feu que notre minéral doit son nom d'amiante, emprunté du grec amiantos (lithos), proprement « (pierre) pure, incorruptible ». Résistant, le bougre est surtout connu pour l'avoir longtemps été à tout consensus sur la détermination de son genre : si l'Académie l'a toujours marqué masculin, Richelet l'indique féminin et Trévoux... les deux à la fois. Ce qui fit dire à l'écrivain Charles Nodier, dans son Examen critique des dictionnaires de la langue française (1828) : « Il n'est pas certain que l'amiante soit absolument inaltérable au feu, et il est moins certain encore que ce soit un substantif masculin, car il est toujours féminin dans l'usage. » Mais ça, c'était avant. Avant que le masculin étymologique l'emporte nettement chez les spécialistes − de la langue, pas du bâtiment (Académie, Littré, Larousse, Grevisse, Girodet, Thomas et Hanse). Étonnamment, seules les éditions Robert semblent encore hésiter entre le féminin, affiché dans le Dictionnaire historique, et le masculin, désormais de rigueur dans le Petit Robert et le Robert illustré. Alain Rey aurait-il la fibre... contrariante ?
Remarque : Les noms en -ante sont majoritairement féminins, à l'exception de : alicante, amiante, andante, atlante, hiérophante et pante.
Voir également le billet Noms sur le genre desquels on peut hésiter.Ce qu'il conviendrait de dire
L'amiante est présent dans les gaines de désenfumage de la tour Montparnasse.
Tags : amiante, genre, masculin, féminin
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Commentaires
2Michel JEANLundi 16 Mai 2016 à 13:17Mme Tatiana, il ne faut pas oublier que si un mot à un éco ou une résonance importante dans l'actualité ou au quotidien il est/sera évident que son apprentissage ou son acquisition seront totalement différentes pour des enfants même d'origine francaise. Si par ex. les règles de la courtoisie et de la politesse ne vous sont pas apprise ni inculquer dès le plus jeune âge comment voulez-vous et ferez-vous pour entretenir un relationnel durable...? Bye.
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Quel exemple intéressant! Je viens de débuter mon doctorat à l'Université de Bruxelles (VUB), et le titre de ma thèse s'intitule "Le rôle de la langue maternelle (L1) dans l'acquisition du genre grammatical en français langue seconde (FL2) par des apprenants hispanophones, anglophones et germanophones". Dans un premier volet de cette thèse, je compte traiter les fautes commises par les locuteurs natifs du français, afin de mieux les comparer à celles que font les locuteurs du français langue seconde.
Le cas d'amiante est d'autant plus intéressant, car deux interprétations sont possibles:
1) Certaines recherches ont mis en évidente qu'un jeune enfant, locuteur natif du français, dans un premier stade d'acquisition, ne dissocie pas le déterminant du nom, et l'apprend "en bloc", comme un tout indivisé (cfr. "formulaic chunk"), ce qui expliquerait pourquoi un locuteur natif ne fait que très peu d'erreurs de genre. Par exemple:
*lamaison
*lechat
sont donc des séquences qu'il n'analyse pas comme "article déf.+nom".
Serait-il donc possible qu'il applique le même procédé à amiante, qu'il segmente incorrectement en la + miante?
Autre interprétation serait que le locuteur natif n'a pas catégorisé amiante parmi les exceptions malgré le fait qu'il intègre normalement très tôt que la plupart des mots se terminant par -ante sont féminins.
Lequel des deux interprétations vous semble la plus logique? Me donnez-vous la permission de vous citer dans ma recherche?
Bien à vous,
Tatiana
Il me semble surtout que le genre des noms commençant par une voyelle est d'autant moins explicite qu'ils sont le plus souvent précédés de l'article l' plutôt que de le ou la.
Me citer dans votre thèse ? Vous me flattez !