« Aucun chiffre ne peut faire pièce de la douleur d'une famille affligée par la mort » (à propos de la prétendue tendance des élus à se préoccuper davantage du spectaculaire que de l'essentiel).

(Philippe Manière, dans L'Express n^o 3215 février 2013)

(photo Wikipédia sous licence GFDL par MEDEF)

Ce que j'en pense

Loin de moi l'intention de tailler en pièces l'argumentation de notre économiste. Il n'empêche, sa phrase me laisse perplexe, tant en ce qui concerne son sens que sa construction.

Certes, Robert, Larousse, Littré et l'Académie mentionnent tous l'expression – le plus souvent qualifiée de littéraire – faire pièce à quelqu'un (parfois à quelque chose), qui signifie « lui faire échec, le contrecarrer, s'opposer à lui ». Ladite expression dériverait elle-même des locutions plus ou moins familières jouer une pièce, faire des pièces à quelqu'un, entendez : « lui jouer un tour » (le substantif pièce étant ici pris dans le sens de « tromperie, moquerie, petit complot, comparé à une pièce de théâtre », selon Littré).
Mais vous noterez que, chez tous ces spécialistes, l'expression est construite avec la préposition à.

Surtout, on est fondé à s'interroger sur ce que notre chroniqueur a voulu dire exactement. Son propos était-il vraiment de prétendre que « aucun chiffre ne peut faire du tort à la douleur d'une famille endeuillée » ?

Perplexe, vous dis-je...

Ce qu'il conviendrait de dire

Aucun chiffre ne peut exprimer, rendre (?) la douleur d'une famille affligée par la mort.