• Et "voque" la galère !

    « La question du nucléaire suscite de nombreux débats. Que ce soit pour des raisons écologiques ou économiques, les arguments évoqués dans les deux camps sont les clés pour définir ou non d'un arrêt de la production nucléaire en France. »
    (Marine Cestes, sur caminteresse.fr, le 4 décembre 2022.) 

     

    FlècheCe que j'en pense

     
    Passons sur cette curieuse construction du verbe définir (définir d'un arrêt ?) pour nous intéresser à l'emploi fait ici du verbe évoquer : évoquer un argument. Les spécialistes de la langue non contaminée sont pourtant unanimes : c'est invoquer qui est requis dans ce cas − non pas avec le sens propre de « appeler (une puissance surnaturelle) à l'aide en priant » ni avec le sens métonymique de « implorer (une disposition d'esprit qui peut aider) », mais avec le sens figuré de « citer en sa faveur, à l'appui de ce qu'on avance ». Je n'en veux pour preuve que ces quelques exemples puisés aux meilleures sources (renouvelables) :

    « Invoquer des arguments » (TLFi).

    « L'argument que vous invoquez n'est guère convaincant » (Larousse en ligne).

    « Invoquer des arguments à l'appui d'une thèse » (Robert en ligne).

    « Argument invoqué ou allégué pour se disculper ou pour défendre un accusé » (Dictionnaire du moyen français).

    « Il aimait à ratiociner sur ses fautes et invoquer des arguments d'ordre moral » (Martin du Gard).

    « Il m'est interdit d'invoquer de tels arguments, même s'ils sont justes » (Mauriac).

    Rien à voir avec le paronyme évoquer, qui signifie quant à lui « faire apparaître, rendre présent à l'esprit, éveiller l'idée de (quelqu'un ou quelque chose) », que ce soit :

    - par la magie, en parlant des esprits : « Les sorciers prétendaient avoir le pouvoir d'évoquer les démons» (Girodet), « Les Romains avaient coutume d'évoquer les mânes de leurs ancêtres » (Académie),

    - par l'exercice de la mémoire : « Il évoquait longuement ces années de jeunesse» (Girodet), « Évoquer un souvenir, un ami disparu, des absents » (Hanse), « Comment ne pas évoquer ici cette grande figure ? Cette maison évoquait pour elle des instants de bonheur » (Académie).

    - ou, sans référence nécessaire au passé, par l'analogie, la suggestion ou la simple mention (1) : « La forme de cette colline évoque une carapace de tortue. La poésie symboliste cherche moins à décrire qu'à évoquer » (Girodet), « Ce nom ne m'évoque rien » (Larousse en ligne), « Il n'a fait qu'évoquer cette question, cette affaire » (Académie).

    Reconnaissons, cela dit, qu'il est des cas où l'hésitation est possible : évoquer une affaire, un texte de loi (= y faire allusion) ou, figurément, l'invoquer (= y avoir recours comme prétexte, comme justification) ; évoquer les mânes d'illustres prédécesseurs (= entrer en communication avec eux par la magie) ou, figurément, les invoquer (= les implorer afin d'obtenir l'inspiration).

    Mais voilà qu'un autre dérivé du latin vocare vient jouer les trouble-fête. Je veux parler de convoquer. N'a-t-on pas entendu récemment (mars 2022) le candidat Macron « convoquer les mânes et les lares » du général de Gaulle ? Et surpris, quelques décennies plus tôt, un personnage de roman « convoquer à son aide toute la (maigre) rigueur scientifique dont il est capable » (Erik Orsenna, L'Exposition coloniale, 1988) ? Avouez (tiens, encore un membre de la famille !) que la nuance avec le verbe invoquer, en particulier, n'est pas toujours aussi facile à saisir que ce que d'aucuns prétendent (2) : que l'on songe au tour invoquer Dieu à son aide (= l'appeler à son aide par la prière), qui figurait jusqu'en 1935 dans le Dictionnaire de l'Académie...

    Convoquer, c'est, selon la dernière édition dudit ouvrage :

    « 1. Appeler un groupe de personnes à se réunir. Convoquer les Chambres en session extraordinaire. Le pape convoqua un concile. Les membres du conseil d'administration ont été convoqués.
    2. Par extension. Inviter une personne à se présenter. Le juge l'a convoqué pour un interrogatoire. Convoquer un candidat à un examen. »

    Première surprise : point de puissances surnaturelles à l'horizon ! L'Académie évoque les esprits, les mânes, les ombres des ancêtres, elle invoque les dieux et les démons, mais elle rechigne à les convoquer. D'autres s'en chargent pour elle : « On entend l'angélus tinter, et d'un saint bruit Convoquer les esprits qui bénissent la nuit » (Lamartine, 1830), « Les anges du jugement, [...] soufflant de toutes leurs forces dans leur trompette d'airain pour convoquer les morts des quatre points de la terre » (Alexandre Dumas, 1861), « Toi-même, Supervielle qui dans le gave d'autrefois convoquais tes ancêtres trépassés » (Jean Tardieu, 1960).
    Seconde surprise : nulle mention n'est faite du caractère le plus souvent impératif de la convocation − pas même lorsque celle-ci émane de l'administration. Le Dictionnaire historique de la langue française a beau nous expliquer que convoquer « a été repris au XIXe siècle pour "inviter à venir près de soi" sans idée d'ordre ni d'autorité », plus d'un spécialiste croit préférable de maintenir une nuance de sens avec convier, inviter : « On convoque avec quelque solemnité, et [le verbe] se dit des assemblées publiques ; mais on convie, quand on fait des assemblées particulieres de parents, amis, etc. » (Furetière, 1690), « Convoquer, c'est inviter de façon assez formelle à une réunion ou à une assemblée » (Daniel Vanderveken, 1988), « Convoquer tous ses amis, [les faire venir auprès de soi] de manière familièrement autoritaire » (TLFi), « Prier quelqu'un, de manière impérative, de venir quelque part, en particulier auprès de soi : La police a convoqué les témoins » (Larousse en ligne).

    Venons-en à présent à la construction de l'intéressé. Les exemples proposés par le Dictionnaire de l'Académie montrent assez que l'on a affaire à un verbe transitif, dont le complément d'objet direct désigne soit un groupe de personnes (nom au pluriel ou nom collectif), soit une personne seule (3). Il est intéressant de noter que ce dernier usage n'était pas du goût de Féraud : « [Convoquer] se dit de plusieurs, et non pas d'un seul » (Dictionnaire critique, 1787). En 1921, l'écrivain et critique littéraire René Gillouin en faisait encore le reproche aux frères Tharaud : « "L’Éternel convoqua Moïse", écrivent-ils [dans Un Royaume de Dieu, 1920]. On convoque une assemblée, on ne convoque pas un individu » (La Semaine littéraire, volume 29). Force est pourtant de reconnaître que des contre-exemples sont attestés dès le moyen français (4) :

    « Zurburbus sur ce poinct me convocque » (Andrieu de La Vigne, 1496), « Ledit Julio de Pise fut deuement convoqué et appellé par le commandement dudit grant maistre » (Jean Le Clerc, 1502), « Ayant vouleu honorer ladite assemblée que de l'avoir faict convocquer et de venir en icelle » (Registre des délibérations de la ville de Romans, 1570), « Que personne ne soit assez hardi quand il est convoqué contre l'ennemi de mépriser le commandement de l'empereur » (Pierre Jurieu ?, 1689), « L'empereur Ferdinand III prit sous sa protection l'abbé de Saint-Maximin et en 1640 il le fit convoquer à la diète [= assemblée politique] » (Antoine-Augustin Bruzen de La Martinière, 1737), « J'ai été convoqué pour l'assemblée de la noblesse d'aujourd'hui » (Mirabeau, 1789), « Tous les [individus] ayant un droit égal d'opiner, l'un ne peut pas forcer l'autre, ni le convoquer, le juger, l'exclure » (Roch-Henri Prévost de Saint-Lucien, 1789), « Signature du jeune homme convoqué » (Recueil des actes administratifs du Rhône, 1821), « Déjà son tailleur avait été convoqué » (Balzac, 1835), etc.

    L'Académie abandonna cette restriction en 1835 (5)... tout en veillant à préserver l'essentiel : la construction avec un objet de personne. Mais pour combien de temps encore ? Il n'est que de consulter la prose de ses propres enfants pour être saisi d'un doute :

    « Il convoquait chaque souvenir pour en faire la raison de son courage » (Montherlant, 1922), « Souvent, au lieu d'écarter les dangers, [le mimétisme] semble les convoquer » (René Huyghe, 1972), « Toutes les capacités de l'humain sont convoquées par la Trinité très sainte » (Robert-Ambroise-Marie Carré, 1976), « Pour en parler avec justesse, quelle convergence de compétences ne faudrait-il pas convoquer ? » (René Rémond, 2006), « [Ronsard] convoque l'histoire devenue référence, légende » (Max Gallo, 2007), « Saint Laurent sait convoquer du passé pour faire du présent, et de l'exotisme pour l'instiller dans un sublime familier » (Marc Lambron, 2011), « Si j'écris cette simple phrase : le prof de gym a sifflé l'heure de la récré, j'ai convoqué déjà trois apocopes » (Frédéric Vitoux, 2015), « Une autre bataille, qui convoque une autre vertu et autant de courage » (Jean-Christophe Rufin, 2017), « Convoquer toutes les ressources de son imagination » (Erik Orsenna, 2017), « Chacun peut désormais accéder aux œuvres en les convoquant sur écran » (Hélène Carrère d'Encausse, 2000).

    Renseignements pris, ces emplois figurés que le Dictionnaire de l'Académie feint d'ignorer ne sont pas inconnus de tous les ouvrages de référence :

    « La langue littéraire utilise aussi [le verbe convoquer], par retour au sens latin, au sens de "rassembler des choses abstraites" et, sous l'influence probable de invoquer, de "faire intervenir (un thème, une idée) dans une œuvre" (XXe siècle) » (Dictionnaire historique).

    « [L'objet est un nom abstrait] Littérature (souvent en manière de figure étymologique). Rassembler, ou évoquer ensemble » (TLFi).

    « Littéraire. Rassembler (des choses abstraites) » (Grand Robert).

    Oserai-je l'avouer ? L'argument étymologique ici... invoqué m'a d'abord laissé perplexe. Car enfin, il ne me semblait pas que le latin convocare − formé de cum (« avec ») et de vocare (« appeler, inviter à, nommer »), d'où « appeler (dans un même lieu), réunir ; faire venir à soi » − ait jamais été employé avec un nom de chose abstraite comme objet. J'avais tort : « Dum mihi senatum consili in cor convoco [Tandis que je convoque mentalement le sénat de mes idées] » (Mostellaria), « Dum ego mihi consilia in animum convoco [Tandis que je convoque mentalement mes idées] » (Miles gloriosus). Ces deux citations de Plaute illustrent à souhait le passage du sens propre au sens figuré − passage sans doute facilité, en latin, par la confusion paronymique entre concilium (« union, assemblage ; réunion, assemblée ») et consilium (« avis, conseil que l'on donne ; délibération, plan, projet ; assemblée délibérante ») : senatum, concilium convocare (convoquer le sénat [celui des anciens], une assemblée) → senatum consili convocare (convoquer le sénat des idées) → consilia convocare (convoquer les idées). (6)

    Deux mille ans plus tard, le même cheminement est à l'œuvre chez le philosophe belge Louis Gruyer :

    « La délibération est une suite de comparaisons et de jugements ou de raisonnements, dont l'objet est de prendre une détermination sur des choses qui intéressent notre bonheur, présent ou futur. C'est un conseil dont les membres sont les idées et les sentiments [...]. Nous ne songeons pas toujours à assembler ce conseil, que le repentir convoque quand il est présent » (Des Causes conditionnelles et productrices des idées, 1844).

    On peut s'étonner du temps mis par notre langue pour renouer avec cette image. Il faut croire qu'elle était trop occupée à explorer d'autres chemins de traverse :

    (par attraction paronymique de invoquer) « [Il avoit] convoqué le dyable comme herese » (Jean de Roye ?, vers 1480), « Helas mort, je te convocque gratieusement, et ne te sçaurois avoir » (Adrian Sevin traduisant la prose florentine de Boccace, 1542), « Je suis d'advis que nous les attendions et convocquions leur misericorde » (Id., 1542) ;

    (par métonymie) « Jay faict convocquer le ban et arriere ban [7] de ce pays » (André de Bourdeille, 1574), « Nostre roy [...] veut convoquer toute la sagesse [pour "tous les sages"] de ce roiaume » (Remonstrance aulx Estats de Blois, 1576), « Convoquer les élections [pour "les électeurs"] » (Gazette de Paris, 1790).

    À la réflexion, il est permis de supposer que, plus que le souvenir des écrits de Plaute, des tours comme « Il convoqua toutes les puissances [armées] à Mantoue » (abbé Jardin, 1773), « Il convoqua toutes les forces de son empire » (Charles Picault, 1810)... ont contribué à préparer les emplois figurés du verbe convoquer, qui se répandirent à partir du XIXe siècle :

    (au sens de « rassembler, réunir », avec un objet pluriel ou collectif) « Mais au même banquet comment tout convoquer ? » (Jules Lefèvre-Deumier, 1833), « Cette libéralité de vues [...] qui convoque toutes les opinions à un honorable débat » (François Marc Louis Naville, 1841), « Ce serait convoquer devant vous toutes les idées qui ont traversé l'intelligence de l'homme » (Henri Lacordaire, 1844), « Comme Baudelaire eût souri à les [= les Parnassiens] voir parfois convoquer les mots les plus lointains pour rehausser une puérilité » (Maurice Barrès, 1884), « Je convoque ici tous mes rêves » (Id., 1903 [8]), « Ce livre [...] convoque en un feu d'artifice suprême toutes les ressources et toute la force du génie classique » (Albert Thibaudet, 1936), « [Dans tel roman,] les thèmes lorrains et catholiques sont convoqués avec maîtrise » (Id., 1936), « Inutile de convoquer les vieux mythes grecs » (Frédéric Vitoux, 2003), « Convoquer des souvenirs [sur Twitter] » (Bernard Pivot, 2013), « Les porte-jarretelles en dentelle [...] ont le pouvoir de convoquer ses rêveries d'amour les plus échevelées » (Lydie Salvayre, 2014) ;

    (au sens de « appeler, faire appel à » [?], avec un objet au singulier) « Ce n'est pas que je vienne convoquer un projet de loi pour l'achèvement du Louvre » (Hippolyte François Jaubert, 1838), « Le parlement anglais vot[e] une armée mais on n'osera la lever ; ce serait convoquer la discorde de toutes les provinces » (Jules Michelet, 1841 ; on devine ici l'influence du tour convoquer une armée), « Pour convoquer l'image de la femme [aimée] » (Marc de Lassus, 1863), « Convoquer le passé à comparaître devant le présent » (Auguste Luchet, 1865), « [Dieu] a-t-il donc créé la matière ou n'a-t-il fait que la convoquer ? » (Léon Jouvin, 1891), « Hume convoque le thème du travail divisé » (Paulette Carrive, 1983), « Ce thème convoque la présence de l'au-delà » (Edmond Cros, 1987), « Convoquer un exemple ou convoquer un témoin, même geste » (Philippe-Joseph Salazar, 2002), « Mais un mot appelle une image ; une image convoque un livre » (Hélène Frappat, 2021), « Les Français [...] convoquent le mot anglais que cette chose ne porte pas en Angleterre » (Jean-Paul Enthoven, 2022), « Je respecte trop la mémoire des victimes de la Shoah pour la convoquer dans un débat afin d'emporter l'adhésion » (Michel Onfray, 2022).

    De là à convoquer tout et n'importe quoi − « Signaler les erreurs sur les copies, sans les rectifier mais en les annotant d'une lettre qui renvoie à la grille de référence [...] convoquée systématiquement pour ce type de travail » (site WebLettres) − il y a un pas que la peur du ridicule doit nous retenir de franchir.
     

    (1) L'emploi de évoquer au sens de « citer, mentionner, faire allusion à », aujourd'hui admis par le Dictionnaire de l'Académie (avec la mention « spécialement » [!]), est encore souvent considéré comme abusif, particulièrement avec un objet désignant une chose à venir (« évoquer les futures vacances, la prochaine conférence de presse »). « En tout cas, observe Jean-Pierre Colignon, c'est une hardiesse condamnée aujourd'hui encore non seulement par les puristes, mais par les défenseurs du bon usage contemporain » (Je n'aperçois qu'un P à apercevoir, 2020).

    (2) « On n'admettra pas au nombre des synonymes les mots [évoquer, invoquer,] dont la composition indique au premier coup d'œil ce qu'ils ont de semblable et de différent pour le sens » (Pierre-Benjamin Lafaye, Synonymes français, 1841), « Tous les mots tirés du latin vocare continuent d'exprimer la parole. Avouer, dire en reconnaissant sa culpabilité ; convoquer, en appelant ; invoquer, en s'adressant à une instance supérieure » (Alain Rey, dans une de ses chroniques sur France Inter, 2001).

    (3) L'objet peut aussi désigner une chose personnifiée : « [Le critique] convoque autour de lui, comme des femmes, les tragédies de Racine » (Henry Bordeaux, 1920), « Plusieurs des Vertus convoquées ne se présentèrent pas » (Jean-Denis Bredin, 1997 ; notez la majuscule), voire un animal : « [Il] convoquait ses chèvres d'un cri aigu » (Alexandre Arnoux, 1923), « Convoquer tous les animaux de l'Arche de Noé » (Dominique Bona, 2019).

    (4) Déjà en latin médiéval, convocare pouvait s'employer avec un accusatif singulier (aliquem) au sens de « mander quelqu'un ; citer quelqu'un en justice » : « Convocavit ad se aliquem de conparis suis » (Capitulare Aquisgranense, 813) ; « Si [...] iterum pro ipsa causa ad palatium fuerit convocatus et dijudicatus » (Capitulare Saxonicum, 797).

    (5) « On l'a convoqué pour l'assemblée des créanciers » (sixième édition de son Dictionnaire).

    (6) Pour autant, parler d'un « retour au sens latin » paraît exagéré, dans la mesure où cet emploi figuré n'est attesté, en l'état actuel de la documentation, que chez Plaute...

    (7) Voir cet article.

    (8) À propos de cette citation, René Gillouin écrit : « Cet emploi du mot convoquer est un tic [chez] Barrès, qui d'ailleurs use correctement [comprenez : avec un objet pluriel], quoique singulièrement [comprenez : avec un objet inanimé], de ce vocable emprunté au langage administratif ou parlementaire. » 

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Les arguments invoqués (ou, de manière plus neutre, avancés).

     

    « AugurerUne victoire à l'odeur de... souffre »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :