• Des fautes en continu(e)

    Des fautes en continu(e)

    « [Claire Chazal] en profite pour se confier sur son amour du spectacle vivant et ce que sa pratique à apporter dans l'exercice de son métier (...) La concurrence est importante, surtout avec les chaînes d'information en continue. »
    (Anne Orenstein, sur franceinfo.fr, le 24 juin 2013)
    Claire Chazal (photo tf1.fr)

     
    FlècheCe que j'en pense


    Deux fautes en deux phrases : que l'on ne vienne pas me dire qu'il s'agit là d'une preuve d'amour de la langue vivante...

    Passons sur la première – la confusion entre le participe passé et l'infinitif pouvait être évitée en conjuguant le verbe à un autre temps : Elle se confiait sur ce que la pratique du spectacle vivant lui avait apporté – pour nous intéresser à la seconde. Curieusement, les spécialistes ne s'accordent pas sur la nature de continu dans la locution adverbiale en continu (« d'une manière continue, sans interruption ») : l'Académie penche pour l'adjectif (c'est du moins l'impression qu'elle donne en faisant figurer, dans la dernière édition de son Dictionnaire, ladite locution à la deuxième entrée de l'adjectif) ; Larousse et Robert, pour sa forme substantivée (« ce qui ne présente aucun intervalle, aucune interruption »). Quant au Dictionnaire historique et au TLFi, ils ne risquent pas de se prononcer, faute d'enregistrer l'expression. Il n'empêche : l'exemple proposé par l'Académie ne laisse aucun doute sur son invariabilité : Cette machine fonctionne en continu (entendez : « en mouvement continu »). En revanche, on écrira correctement : Les chaînes d'information continue (adjectif). L'information n'en continue pas moins d'être diffusée (verbe).

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Claire Chazal en profite pour se confier sur son amour du spectacle vivant et sur ce que sa pratique (lui) a apporté dans l'exercice de son métier.

    Les chaînes d'information en continu (ou les chaînes d'information continue).

     

    « Chap(p)eLe niveau baisse »

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  • Commentaires

    1
    yann
    Mercredi 22 Janvier 2014 à 17:23

    Pas en lien direct avec l'article mais dans la continuité j'espère, je m'interroge sur la justesse des phrases suivantes.


    "..., essayons d'abord d'y sauver la possibilité de notre présence continuée."


    Et dans l'actualité récente :


    "On ne peut dénier à Anelka un certain courage dans la bêtise continuée."


    "Entre les deux conflits (de 1918 à 1939), se mettent en place un processus de guerre continuée, une société de plus en plus technicisée et..."


    J'ai pu lire également que nous pouvions désormais faire des "formations continuées".


    Qu'en pensez-vous ?

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    2
    Vendredi 24 Janvier 2014 à 10:08

    Pas grand-chose, je le crains. Continué, participe passé, est attesté dans son emploi comme adjectif : L'entretien continué d'une langue (Sainte-Beuve). Le jet d'eau ne reste le même que par la poussée continuée de l'eau (Merleau-Ponty). L'Académie évoque également la Création continuée, action par laquelle le Créateur maintient le monde dans l'existence. Littré donne encore ces exemples : L'expédition continuée malgré les obstacles. Un magistrat continué dans ses fonctions. Un ouvrage resté longtemps inachevé et enfin continué.

    Même constat avec commencé : Nos vendanges sont commencées et assez bonnes (Lamartine). Ma solitude irrévocable était si prochaine qu'elle me semblait déjà commencée et totale (Proust). Le cœur qui n'était encore que commencé à former (Descartes).

    Subtile nuance selon que l'on souhaite insister sur l'action ou sur l'état, ou effet de mode ? Je vous laisse vous faire votre opinion...

    3
    yann
    Vendredi 24 Janvier 2014 à 12:26

    D'accord. Je dois peut-être avoir l'habitude de lire le dit continué plus couramment suivi d'une préposition : continué dans, continué par...

    Il est vrai que cette idée de continuité se prête bien aux nuances : continu, continuel, continué.

    Merci pour vos précisions et l'ensemble de votre blog toujours agréable à consulter pour qui souhaite améliorer son français.

    4
    Malcolm
    Dimanche 30 Avril 2017 à 12:58

    Trop simple (et injuste) de relever des incorrections dans le langage parlé. Tout le monde commet des erreurs, pour diverses raisons : émotivité (chronique ou factuelle), être pressé par le temps, etc. Seul un robot ou à la limite quelqu'un qui s'écoute parler (en prenant moins garde à ce qu'il dit qu'à la manière dont il le dit) peut ne pas commettre d'impair. Pas forcément une bonne chose.

      • Dimanche 30 Avril 2017 à 15:59

        C'est la raison pour laquelle j'ai pris soin de préciser en introduction à la rubrique "Vu ou entendu" :
        "Les professionnels dont la langue est l'outil de travail (écrivains, journalistes, correcteurs, présentateurs, chroniqueurs, hommes politiques, publicitaires, enseignants, etc.) sont, de fait, plus exposés que d'autres aux dérapages en tous genres.
        Nul n'étant à l'abri d'une défaillance, voici quelques coquilles et formules malheureuses relevées dans les médias et décortiquées dans ces colonnes, dans l'espoir (naïf ?) qu'un tel exercice de recension puisse aider à la maîtrise des subtilités du français."

    5
    Michel Jean
    Dimanche 30 Avril 2017 à 20:33

    Bonjour M.Marc   non, heureusement qu'ils sont là tous ses sites. Merci.

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