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Concorde sous condition
« François Bayrou conteste avoir passé un accord avec François Fillon. L'ancien Premier ministre avait affirmé que le président du MoDem lui avait déclaré : "Si tu gagnes les primaires, je ne me présenterais pas contre toi." »
(Dominique de Montvalon, sur lejdd.fr, le 17 avril 2016)
(photo Wikipédia sous licence GFDL par Guermonprez)
Ce que j'en pense
Décidément, tout fout le camp... à commencer par la concordance des temps !Sans doute est-il besoin de rappeler à notre journaliste que c'est le futur simple (ou le présent) de l'indicatif − et non le conditionnel présent − qui est requis dans la proposition principale quand la subordonnée de condition (introduite par si) est au présent. Comparez : S'il fait beau, je sors ou je sortirai et S'il faisait beau, je sortirais. Encore faut-il être en mesure de distinguer le futur du conditionnel, notamment à la première personne du singulier : je me présenterai (nous nous présenterons) ; je me présenterais (nous nous présenterions). Avouez que l'oreille, en la matière, ne nous guide plus guère, depuis que le é fermé du futur et le è ouvert du conditionnel se confondent plus souvent qu'à leur tour dans le même phonème [ε].
Il n'empêche, les mauvaises langues ne manqueront pas de faire remarquer qu'il s'agit là d'un point de grammaire (et de conjugaison) que l'élève est censé maîtriser en fin de... primaire !
Voir également les billets Futur ou conditionnel ? et Si.Ce qu'il conviendrait de dire
Si tu gagnes les primaires, je ne me présenterai pas contre toi.
Tags : concordance des temps, futur, conditionnel, ai, ais
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Commentaires
2RoméoLundi 10 Mai 2021 à 19:30Bonsoir Marc,
Avez-vous jamais entendu parler de deux conditionnels qui s'enchaînent ainsi ?
On peut enchaîner deux conditionnels, c’est très utilisé, dans un sens très précis et très rigoureux, et c’est parfaitement correct. Au lieu de dire « s’il faisait beau, je sortirais », on peut dire « il ferait beau, je sortirais"
Merci beaucoup, et bravo encore pour votre remarquable blogue.
Joël
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Mardi 11 Mai 2021 à 07:33
Il s'agit d'un exemple de construction asyndétique ("absence ou suppression des mots de liaison dans une phrase") : Il me le dirait, je ne le croirais pas, etc.
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Concordance des temps dans le discours indirect.
Des amis m'ont repris lorsque je leur ai dit : "Vous m'avez dit que vous aimiez ma franchise." D'après eux, j'aurais dû dire : "Vous m'avez dit que vous aimez ma franchise."
Pourriez-vous me dire quelle est la formulation correcte ? Et si les 2 le sont, quelle nuance y a-t-il entre les 2 phrases ?
Pour moi, la 2e formulation suppose qu'ils aiment toujours ma franchise, alors qu'en employant la 1re formulation, je ne préjuge pas de leur opinion actuelle, je rapporte seulement qu'ils m'ont dit, dans le passé, apprécier ma franchise.
Je serais curieux d'avoir votre avis. Merci.
sj
Dans le discours indirect, quand la principale est à un temps du passé, le temps de la subordonnée n'est pas toujours le même que celui du discours direct. Ainsi, le présent devient un imparfait : Vous m'avez dit : "J'aime votre franchise" -> Vous m'avez dit que vous aimiez ma franchise.
Toutefois, quand les paroles rapportées ont une valeur générale (ou universelle), on peut conserver le présent : Vous m'avez dit qu'il faut (ou qu'il fallait) tourner sept fois sa langue dans sa bouche.
Grevisse va plus loin : "Lorsque les paroles représentent une chose vraie au moment où le narrateur les rapporte, on garde les temps primitifs. Nous disions que vous êtes l'orateur le plus éminent du diocèse (Anatole France)."