• Concerner

    Emprunté du latin concernere (« mêler avec »), le verbe concerner signifie « toucher, intéresser, se rapporter à ».

    Cela ne me concerne pas (= Cela ne m'intéresse pas ou Cela n'a pas de rapport avec moi).

    En ce qui concerne (ou Concernant) cette affaire... (= au sujet de, quant à).

    En ce qui me concerne (ou Me concernant)... (= pour ma part, quant à moi).

    L'emploi de la forme passive être concerné (ou se sentir concerné) au sens d'« être intéressé, touché, impliqué » est condamné par l'Académie depuis le XVIIIe siècle (apparemment sans grand effet, depuis tout ce temps) :

    « On ne doit pas dire : Vous êtes directement concerné par cette mesure, mais : Vous êtes directement touché par cette mesure ou, à la forme active : Cette mesure vous concerne directement. »

    Littré n'est pas du même avis : « Grammaticalement, cet emploi ne fait aucune difficulté [...]. On dit très communément des phrases comme celles-ci : Votre ami est concerné dans cette affaire ; Les intérêts concernés par cette mesure. » Le tour se trouve, d'ailleurs, sous de bonnes plumes : « Les camarades ne se sentirent pas concernés dans cet épisode » (Duhamel), « [La peinture] cessa de se sentir concernée par ce qui s'était appelé sublime » (Malraux), « Je ne me sentis sans doute pas concernée » (Beauvoir), « Je n'étais concerné par aucun jugement » (Camus), etc.

    Au nom de quel principe un verbe transitif direct ne serait-il pas susceptible de la forme passive ? s'interroge à bon droit René Georgin. En l'absence de justification de la part des Immortels, Maurice Chapelan avance un argument que je laisse à votre appréciation : « Simplement parce que [concerner] s'emploie, à l'actif, en parlant des choses et toujours à la troisième personne. Mais la légitimité de son emploi au passif entraîne[rait] celle de l'employer, à l'actif, avec tous les pronoms personnels : je ne concerne pas cet homme, tu concernes mon affaire, etc. » (Le Figaro littéraire, 1964).

    Dans le doute, mieux vaut encore s'abstenir...

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    Remarque 1
     : Il est cocasse de constater que l'Académie ne tient pas toujours compte de ses propres recommandations. Ainsi peut-on s'étonner de lire dans la dernière édition de son Dictionnaire : « Tout acteur concerné par le bon fonctionnement d'une entreprise » (à l'entrée « prenant ») ou encore « Avoir affaire de (vieilli), être concerné par » (à l'entrée « affaire »). Faute d'inattention ? Lacune ? Condamnation abusive ?

    Remarque 2 : Selon Maurice Grevisse, « l'emploi de concerner au passif, qui surprend certains lecteurs, s'est introduit il n'y a pas tellement longtemps (vers le milieu du XIXe siècle peut-être) » (Problèmes de langage, 1964). La réalité semble quelque peu différente : « Les terres concernées » (Chroniques d'Enguerrand de Monstrelet, 1572), « [Les pupilles] concernés par ledit contrat de mariage » (texte daté de 1769).

    Remarque 3 : Il y a fort à parier que l'analogie avec l'anglais to be concerned in, with (s'intéresser à, s'occuper de) a favorisé le succès dans l'usage moderne du participe passif concerné. Pour autant, on ne saurait lui donner le sens de « s'inquiéter, être préoccupé par » sous l'influence de l'anglais to be concerned about.

    Son état de santé la préoccupe (et non la concerne).

    Concerner
    « La drogue vous concerne tous » serait de meilleure langue...
    (Livre de Pierre Mezinski, Éditions de La Martinière)

     

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