• C'est mal parti

    C'est mal parti

    « Il fait partie de ces banquiers qui ont incroyablement bien tiré partie de la crise financière de 2008 » (à propos de Steve Mnuchin, nommé par Donald Trump secrétaire au Trésor américain).
    (Lucie Robequain, sur lesechos.fr, le 30 novembre 2016)

    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Michael Vadon)
     

     FlècheCe que j'en pense


    Il n'est pas rare d'hésiter entre partie, nom féminin, et parti, nom masculin, dans quelques expressions où l'absence de déterminant favorise la confusion entre ces deux formes substantivées du participe passé de partir. Tâchons de tirer cette affaire au clair : partie, dans faire partie de, désigne la fraction d'un tout, reste invariable et ne saurait être confondu avec parti, lequel s'entend au sens de « avantage, utilité, profit » dans tirer parti de. Comparez : Ils font partie de mes amis  (= ils sont une partie de mes amis) et Ils ont su tirer parti de cet échec.

    Pour trouver la bonne orthographe sans trop tirer la langue, il peut s'avérer utile de garder à l'esprit les tours tirer le meilleur parti de et faire partie intégrante de, où la présence d'un déterminant ou d'un adjectif non épicène (c'est-à-dire ayant une forme distincte au masculin et au féminin) fournit une indication sur le genre du substantif requis.

    De même prendra-t-on soin de bien distinguer prendre parti (« choisir, s'engager, prendre position »), où le masculin parti désigne une conduite à adopter, une résolution, et prendre quelqu'un à partie (« s'en prendre à lui, l'attaquer [autrefois en justice, aujourd'hui en paroles] »), où partie s'entend dans son acception juridique de « partie adverse, engagée dans un procès ». Là encore, des tours comme prendre son parti et prendre quelqu'un à témoin (comprenez : comme témoin [*], d'où prendre quelqu'un à partie, comme partie adverse) sont autant d'astuces pour déjouer les pièges de l'homophonie.

    Gageons que les (nombreux) contrevenants sauront tirer parti de ces modestes explications. Histoire de ne plus se faire tirer les oreilles, à défaut des... parties !


    (*) « Là où nous mettons pour ou comme, l'ancien français utilisait souvent à », lit-on dans Le Bon Usage.


    Remarque 1 : La confusion entre les deux homophones est telle que la graphie concurrente prendre à parti est attestée de longue date sous la plume des écrivains (ou de leurs éditeurs) : « Et prenant [...] le destin à parti » (Mathurin Régnier, début du XVIIe siècle), « Le vil accusateur qui le prenait à parti » (Jules Verne), « Il n'ose prendre à parti saint Jean de la Croix » (Robert Kemp), « Il me prenait à parti [...] avec la dernière violence » (Marcel Jouhandeau), « Qu'est-ce que j'aurais fait, moi, si on m'avait pris à parti ? » (Louis Aragon), « [Il] ne craindra pas de prendre le gouvernement à parti » (Marcelle Auclair), « L'homme lui-même serait plus directement pris à parti » (Paul Ricœur), « Il vous a tout de même pris à parti de façon brutale » (Robert Mallet), « Randon, que l'on prenait à parti avec des menaces » (Michel Peyramaure). Parti pris d'archaïsme ? « C'est aujourd'hui une faute (avec la circonstance atténuante de l'archaïsme) d'employer parti au lieu de partie » dans cette expression, prend soin de préciser Hanse.

    Remarque 2 : Voir également le billet  Parti/Partie.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Il fait partie de ces banquiers qui ont incroyablement bien tiré parti de la crise financière.

     

    « Pas simple d'aller faire ses courses...Le « s » n'était pas dispo... »

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 29 Décembre 2016 à 17:54

    Dans un cas pareil, je suggère volontiers une réécriture de la phrase afin d'éviter la répétition de parti(e) et les pièges orthographiques afférents dans la même phrase. Ces répétitions sont source de confusion (et pas qu'en matière d'orthographe). Par exemple j'aurais remplacé le deuxième "parti" par "profité".

    Sinon, je découvre ce blog à la faveur d'une recherche sur la ridicule guerre du nénufar.

    2
    Michel JEAN
    Vendredi 30 Décembre 2016 à 16:04
    Bonjour M. Marc, à mon humble avis ! pour certains contenus ou formulations qu'elles soient si lourdes et si empesées/explicite voire implicite en apparence apportent toujours plus de caractère à l'esprit des mots ou aux sens de la situation qui y sont exprimés/délivrés . de très bonnes fêtes à tous et Merci.
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