• Boutoir / Butoir

    Contrairement à ce que croient certains, butoir, dans l'expression date butoir (qui signifie « la date limite, le dernier délai », toutes formulations que l'on préférera à l'anglais deadline), n'est pas un adjectif. Il s'agit en fait d'un nom masculin dérivé de buter (au sens de « heurter »), qui désigne un dispositif fixe servant à arrêter une chose mobile, comme la pièce métallique contre laquelle vient buter le vantail d'une porte cochère ou encore l'obstacle placé à l'extrémité d'une voie, destiné à arrêter une locomotive.

    On se gardera de confondre butoir avec son paronyme boutoir, notamment dans l'expression coup de boutoir qui désigne une attaque brutale, un coup violent et répété, et, au sens figuré, un propos blessant. Dérivé de bouter (au sens de « pousser », dont on trouve trace dans le « bouton » floral), le boutoir correspond en fait au groin armé de canines avec lequel se défend le sanglier.

    Le régime a cédé sous les coups de boutoir de l'ennemi (et non sous les coups de butoir).

    Sa candidature n'a pas été retenue car il n'a pas respecté la date butoir (et non la date butoire, mais on écrira les dates butoirs comme les dates limites).

    La détention provisoire ne pourra désormais excéder une durée butoir pouvant atteindre quatre ans.

    Séparateur de texte


    Remarque 1
    : Un buttoir (avec deux t) est un outil servant à butter les plantes (c'est-à-dire à faire de petites buttes à leur pied pour faciliter l'écoulement des eaux et ameublir la terre).

    Remarque 2 : Tout comme Jeanne d'Arc bouta les Anglais hors du royaume, le boute-en-train (nom masculin invariable) pousse violemment les autres « en train », c'est-à-dire en mouvement, en gaieté. Si on lui reconnaît aujourd'hui le don d'animer joyeusement une soirée, il exerçait à l'origine ses talents sur les femelles en chaleur (« Mâle utilisé pour reconnaître si une femelle, notamment une jument ou une brebis, est en chaleur », selon la définition du Dictionnaire de l'Académie). On se plaît à croire que l'un n'empêche pas l'autre... Voir également le billet Boute-en-train.

    Boutoir / Butoir

    Imaginez un sanglier qui charge... et donne un coup de boutoir.
    (source : http://dianehautsbosc.canalblog.com)

     

    « Se mettre en grèveRegarder les choses par le petit bout de la lorgnette »

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  • Commentaires

    1
    Cecile
    Mardi 6 Mai 2014 à 11:07

    Merci pour cet article éclairant. J'ai une question supplémentaire: comment s'accorde l'expression "date butoir" au pluriel? J'aurais tendance à écrire "des dates butoir" vu que butoir n'est pas un adjectif épithète de "date", mais certains sites proposent "des dates butoirs". Quel est votre avis?

    2
    Mardi 6 Mai 2014 à 18:55

    Comme indiqué dans le billet, "on écrira les dates butoirs comme les dates limites". Telle est en tout cas la position du Bescherelle.

    3
    Cecile
    Mardi 6 Mai 2014 à 19:11

    Effectivement, j'ai lu trop rapidement. Merci d'avoir pris le temps de répondre.

    4
    vince
    Samedi 13 Décembre 2014 à 09:36

    On m'avait donné une autre explication pour boute-en-train, en référence au cheval destiné à mettre en bonne disposition une jument destinée à un étalon. Le premier malheureux serait bouté (arrêté) en train (en cours d'action).


    Interprétation fantaisiste ?

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    5
    Samedi 13 Décembre 2014 à 10:45

    Les définitions me semblent cohérentes : mâle entier placé au voisinage des femelles afin de vérifier que les femelles sont en chaleur et de les disposer à l'accouplement.

    Une autre définition est mentionnée dans le Littré et dans d'anciennes éditions du Dictionnaire de l'Académie : "Petit oiseau qui sert à faire chanter les autres" l'idée étant toujours celle d'exciter les autres.

    6
    Samedi 27 Décembre 2014 à 14:52

    À ma connaissance, le boute-en-train est un cheval entier destiné à tester la jument que l'on suppose en chaleur, c'est-à-dire prête à recevoir comme il se doit un étalon trié sur le volet. Lorsque ladite jument n'est pas "à point", elle rue violemment à l'approche d'un mâle entreprenant et ce dernier risque de graves blessures.
    Pour éviter ce scénario catastrophique, le boute-en-train vient "reconnaître le terrain", et si la "dame" n'est pas disposée, l'ambiance est assurée. Par contre, si "la chose" se présente bien, le boute-en-train est retiré et remplacé par un étalon digne de ce nom qui peut alors officier en toute sécurité.
    Triste statut en réalité que celui de boute-en-train !

    Bonnes fêtes.

    7
    Samedi 27 Décembre 2014 à 16:39

    Merci de ces utiles précisions.

    8
    MIchel JEAN
    Samedi 2 Mai 2015 à 18:27

    Bonjour Mr Marc, le Larousse agricole sous la direct., de Mr J. Mazoyer nous indiquent qu'un simple boute- en- train introduit à proximité d'une femelle ( dans le même enclos ou de l'autre côté d'une barrière), et sa présence ( vue, odeur, vocalisation ) induît un comportement de chaleur ( immobilisation, couinements...) chez la femelle... Question était de savoir si " boute- en- train et boute- feu étaient similaires dans l'action? À défaut de dérailler à toute vapeur, pour bien rester sur les rails de la connaissance; ce terme désignerait également une femelle? utilisée pour stimuler des mâles avant collecte. Il faut donc dire aussi une boute- en- train??? Merci. Bye. Mich.

    9
    Dimanche 3 Mai 2015 à 10:54

    Les deux mots sont composés de boute, forme verbale de bouter (« mettre, placer de manière violente »). Boutefeu désigne à l'origine un bâton garni à son extrémité d'une mèche d'étoupe, qui servait à mettre le feu à la charge des pièces d'artillerie. Par métonymie, on est passé à la personne qui met le feu au canon ou à des pièces d'artifice et, au figuré, à celle qui excite des discordes et des querelles.

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