• Bonne ambiance

    « L’ambiance est bonne enfant, sans débordements » (à propos de la quarante-huitième édition du Super Bowl).
    (Valentin Jacquemet, sur lenouvelobs.com, le 2 février 2014)  



     

    FlècheCe que j'en pense

    Enfant a beau être un nom épicène − entendez par là qu'il a la même forme au masculin et au féminin (un enfant, une enfant) −, la locution bon enfant, quoique employée adjectivement au sens de « accommodant, de caractère facile ; qui a une gentillesse simple et naïve ; amical », n'en demeure pas moins invariable en genre et en nombre si l'on en croit la plupart des spécialistes (Académie, Thomas, Hanse, Bescherelle et Robert) : des personnes bon enfant ; avoir des airs bon enfant.

    Bon prince, le Larousse en ligne tolère toutefois l'accord en genre (mais pas en nombre), en se réclamant d'André Theuriet, romancier bon teint : « La galanterie courtoise et bonne enfant du prince » (à l'entrée bon). On s'étonne après coup de trouver un discours différent à l'entrée bon enfant, présenté comme « adjectif invariable » ! Peu importe, me direz-vous, Larousse n'en étant pas à une contradiction près. Beaucoup plus inhabituelle est la confusion de Girodet, qui ne sait plus à quel bon Dieu se vouer : « Bon enfant, bon prince. Ces expressions sont invariables en nombre et en genre. Ces filles sont bon enfant. Elles ont été bon prince » (à l'entrée bon) ; « Pour bon enfant, l'usage est mal fixé. On peut soit faire l'accord (Des chefs bons enfants, souriants, mais sans capacité. Elle était bonne enfant avec ses subordonnées), soit laisser invariable : Les deux directrices étaient bon enfant, malgré leur air bourru. Ce dernier usage tend à l'emporter de nos jours » (à l'entrée enfant).

    Force est en effet de constater, avec Grevisse, que les exemples de variabilité ne sont pas rares : « Je me fis bonne enfant » (Colette) ; « Quelques députés bons enfants » (Balzac, qui nous oblige à faire une liaison peu banale) ; « Brutalité bonne enfant » (Zola) ; « Lune bonne enfant » (Prévert). Sans doute l'hésitation provient-elle du fait que bon enfant a d'abord été un groupe nominal − ainsi que le note Littré : « Un bon enfant, un homme de bonne humeur, et aussi un homme qui n'a pas de malice. On dit de même une bonne enfant » −, avant d'être employé comme adjectif : des manières bon enfant, comprenez des manières semblables à celles d'un bon enfant (voire d'une bonne enfant). Il n'empêche : plutôt que de se voir reprocher d'en dire de bien bonnes, mieux vaut encore s'en tenir à l'invariabilité, qui est l'usage le plus fréquent.


    Voir également le billet Bonhomme.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    L’ambiance est bon enfant (selon l'Académie).

     

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