• Si l'usage reste particulièrement flottant concernant l'accord de c'est (et de ses formes conjuguées), il convient de préciser quelques principes.

    Rappel de la règle

    C'est, suivi d'un nom ou d'un pronom au pluriel, s'accorde de préférence avec celui-ci sauf :

    1. quand le verbe est suivi de nous ou vous.

      C'était nous qui étions visés. C'est vous qui le dites !

    2. devant l'énoncé de sommes, d'heures ou de quantités quelconques pensées comme un tout :

      C'est onze heures qui sonnent. C'est deux jours de perdus.
      C'est cent euros qu'il me faut (quantité globale) mais Ce sont cent euros bien placés (si on pense à chaque unité qui compose l'ensemble).

    3. quand le pronom en est intercalé dans l'expression.

      Des fantômes ? Crois-tu que c'en est ?

    4. devant une préposition.

      C'est aux hommes de bonne volonté que je m'adresse.

    5. dans la locution figée si ce n'est (= excepté).

      Il ne voit personne, si ce n'est ses enfants.

     

    Dans tous les autres cas où le présentatif c'est est suivi du pluriel, l'accord est « de meilleure langue » selon l'Académie (sans que le singulier soit pour autant incorrect).

    Ce sont eux qui m'en ont parlé (de préférence à C'est eux, qui appartiendrait contre toute logique au registre familier).

    Tout ça, ce sont des histoires. C'étaient des paroles en l'air.

    Ce sont mon père et ma mère qui sont responsables (de préférence à C'est mon père et ma mère).

    Ce sont le football et le rugby qu'il préfère (de préférence à C'est...).

    L'enfer, ce sont les autres (de préférence à c'est les autres, n'en déplaise à Sartre).

    Ne seraient-ce point les soldes ?

    Il semble que ce soient des incompétents !

    Séparateur de texte


    Remarque 1
    : La construction c'est... qui / que permet la mise en relief d'un sujet ou d'un complément.

    • Avec un sujet, la locution c'est moi qui (et ses déclinaisons) exige l'accord avec le pronom personnel.

    C'est moi qui l'ai fait (et non qui l'a fait) mais C'est lui qui l'a fait.

    C'est toi qui es énervé !

    • Avec un complément prépositionnel, deux constructions sont grammaticalement possibles : c'est de... que ou c'est... dont. D'une part, on se gardera de les mélanger, en se rappelant que de est déjà inclus dans dont. D'autre part, on notera que la première construction est préférable, afin de rattacher la préposition au nom mis en relief.

      C'est de ton avenir qu'il s'agit (de préférence à C'est ton avenir dont il s'agit, considéré comme archaïque ; et non C'est de ton avenir dont il s'agit, qui relève du pléonasme syntaxique).

      C'est de lui que je parle (de préférence à C'est lui dont je parle ; et non C'est de lui dont je parle).

      Les mêmes remarques valent pour c'est à vous que je parle (et non à qui je parle).

    • De même, avec un complément de lieu, on veillera à ne pas verser dans le pléonasme :

      C'est là que j'habite (de préférence à C'est là où j'habite, = à cet endroit et étant considérés comme deux indications de lieu redondantes par certains grammairiens – mais plus par l'Académie) mais C'est l'endroit j'habite.

    Remarque 2 : La tournure interrogative c'est qui qui, d'une lourdeur pachydermique, relève du langage populaire et est à proscrire.

    Remarque 3 : Avec ceci, cela, tout ce qui, etc., l'accord du verbe se fait comme avec ce. Du reste, l'usage actuel tend à reprendre le sujet par ce.

    Tout cela ne sont que des bêtises (ou Tout cela, ce ne sont que des bêtises).

    Remarque 4 : En raison de l'indistinction, à l'oral, entre c'était, ce soit et c'étaient, ce soient, ceux-ci sont souvent concurrencés à l'écrit par ceux-là, sans que cela soit incorrect.

    Était-ce des menaces ? (au lieu de Étaient-ce des menaces ?)

    « Il semble que ce soit des soldats canadiens » (Thomas).

    Remarque 5 : Serait-ce, fût-ce, ne serait-ce que, ne fût-ce que (pour introduire un renchérissement, une précision) sont des formes figées (conjuguées à l'imparfait du subjonctif) qui restent invariables.

    Tous les risques, fût-ce les plus improbables, seront envisagés (et non fussent les plus improbables) mais on écrira correctement à la forme personnelle Tous les risques, fussent-ils les plus improbables.

    Il souhaite te parler, ne fût-ce que quelques minutes (= même seulement quelques minutes).

    Quant aux formes sont-ce, c'en sont, furent-ce, elles sont contraires à l'euphonie (et propices au jeu de mots ?) selon Girodet, qui prône alors le singulier : De telles paroles sont des injures ; oui, c'en est.

    Remarque 6 : Selon Hanse, « ce doit être, ce peut être, ce ne saurait être suivent théoriquement la même règle que c'est ». Dans la pratique, le singulier l'emporte souvent, surtout au présent où les formes verbales diffèrent à l'oral : Ce doit être eux mais Ce devrait (ou devraient) être eux.

     

    C'estC'est à l'amour auquel je pense

     

     

     

     

     




            (source : legroupement.com)

     

     

                                                                            N'en déplaise à Françoise Hardy,
                                                                             on dira correctement :
                                                                              « C'est à l'amour que je pense ».

     


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  • Selon l'usage le plus fréquent, étant donné, mis à part, ci-joint, ci-inclus, ci-annexé, y compris et autres participes passés attendu, excepté, passé, vu, etc. restent invariables s'ils sont placés avant le nom auquel ils se rapportent. Ils sont alors employés comme préposition ou comme adverbe.

    Placés après le nom ou le pronom qu'ils qualifient, ils sont considérés comme des adjectifs et s'accordent avec celui-ci.

    Mis à part cette question, reste-t-il des interrogations ? mais Cette question mise à part, il n'y a plus d'interrogations.

    Ci-joint, notre proposition mais Veuillez relire la proposition ci-jointe.

    Étant donné les circonstances, il est excusé mais Les sujets étant donnés, l'épreuve a pu commencer.

    Tout le monde, excepté les enfants mais Tout le monde, les enfants exceptés.

    Il a tout lu, y compris la fin mais Il a tout lu, la fin y comprise.

    Vu la situation, mieux vaut tout arrêter mais La situation vue à travers les yeux d'un enfant.

    Passé vingt heures, il ne pourra plus entrer mais Il est arrivé à vingt heures passées.

    Passé cette porte, le silence est requis.

     

    Astuce

    On reconnaît un participe passé employé comme préposition au fait qu'il est possible de le remplacer par une autre préposition : passé vingt heures ↔ après vingt heures.

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : La règle d'accord de certaines de ces locutions a été longtemps incertaine. Ainsi, Grevisse et Hanse notent que le choix est possible avec étant donné, passé et mis à part. Pour autant, celui-ci conseille l'invariabilité, quand celui-là reconnaît que, dans l'usage moderne, on les laisse souvent invariables.

    Concernant les locutions ci-joint, ci-inclus, ci-annexé, l'Académie apporte la précision suivante : placées en tête de phrase, ces locutions ont valeur adverbiale et restent donc invariables ; placées dans le corps de la phrase, elles s'accordent ou pas selon un usage encore flottant (mais restent invariables devant un nom sans déterminant) ; placées juste après le nom auquel elles se rapportent, elles ont valeur d'adjectifs et s'accordent. Ainsi peut-on écrire, selon l'Académie : Vous trouverez ci-joint notre proposition ou Vous trouverez ci-jointe notre proposition mais Vous trouverez, ci-jointe, notre proposition (en raison de la mise en apposition) et Vous trouverez ci-joint copie de notre proposition (en raison de l'absence de déterminant). Notez par ailleurs qu'il est préférable, dans le cas d'une lettre, d'employer ci-inclus plutôt que ci-joint (tout document complémentaire devant être glissé dans l'enveloppe).

    Rares, enfin, sont les spécialistes qui abordent le cas de passé précédé de une fois. Selon Pierre Le Goffic (Grammaire de la phrase française, 1994), on peut (on doit ?) écrire : une fois passée cette date. Selon Olivier Houdart et Sylvie Prioul (La Grammaire, c'est pas de la tarte !, 2009), « on est libre de choisir : une fois passée (ou passé) la crête ».

    Remarque 2 : Vu (à ne pas confondre avec son homonyme vue) s'emploie également dans certaines expressions figées comme nom masculin toujours au singulier (à la différence du nom masculin dire qui admet également le pluriel dans l'expression au dire de).

    Au vu et au su de tout le monde (= à la connaissance de tout le monde).

    Au vu des dernières révélations... (= après avoir pris connaissance des dernières révélations).

    Sur le vu des documents joints (tour administratif signifiant « après examen ou constatation de »).

    Au dire de, selon le(s) dire(s) de = d'après ce qui est rapporté par.

    En vue de (= dans l'intention de, en considération de).

    Remarque 3 : On notera que la locution conjonctive étant donné que, suivi de l'indicatif, est invariable et signifie « en considérant que, puisque, du fait même que ».

    Étant donné que vous n'êtes pas venus, nous sommes partis.

    Mise à part

     


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  • Rappel de la règle

    1. Les adjectifs numéraux cardinaux (= qui expriment un nombre) sont invariables sauf un (qui donne une au féminin), vingt et cent.

    2. Vingt et cent, en tant qu'adjectifs numéraux cardinaux, prennent un s quand ils sont précédés d'un nombre (ou d'un déterminant indéfini) qui les multiplie et qu'ils ne sont pas suivis d'un autre adjectif numéral cardinal.

    Deux cents euros, quatre-vingts ans mais Cent euros, mille cent euros (1100 ≠ 100x1000), vingt ans.
    Quelques cents élèves (au sens de « quelques centaines d'élèves ») mais les cent élèves.

    3. Vingt et cent restent invariables si, en tant qu'adjectifs numéraux cardinaux, ils sont suivis d'un autre nombre (à l'exception de milliers, millions, milliards, qui sont des noms) ou s'ils sont employés comme adjectifs numéraux ordinaux (= comme abréviation pour vingtième et centième).

    Deux cent dix euros, quatre-vingt cinq ans mais quatre-vingts millions.

    Page quatre-vingt (sans s, car mis pour la quatre-vingtième page). Page deux cent.

    L'année mille neuf cent (= la mille neuf centième année). Dans les années quatre-vingt.

    J'habite au quatre-vingt, rue des vignes.

    Deux cent mille mais Deux cents millions (mille est un adjectif numéral, million est un nom).

    4. Mille est invariable en tant qu'adjectif numéral cardinal (on l'écrit alors parfois mil pour une date inférieure à 2000) mais varie quand il est employé comme nom (en tant que mesure de longueur).

    Mille mercis, deux mille euros.

    Vingt et un mille tonnes (un se rapporte à mille et non à tonnes) mais Vingt et une tonnes.

    L'an mil cinq cent.

    Ce bateau a parcouru deux milles à l'heure.

    Remarque : Mile (avec un seul l et prononcé maïl) est une unité de mesure anglaise que l'on ne confondra pas avec l'unité de mesure internationale mille.

    5. Millier (comme million et milliard) est un nom, qui prend normalement la marque du pluriel.

    Des milliers de personnes.

    Deux millions trois cent mille euros.


    On écrira donc cent euros (et non cents euros, comme on l'entend souvent), cent n'étant pas précédé d'un nombre qui le multiplie.

    De même, on écrira cent vingt (et non cent vingts), vingt n'étant pas précédé d'un nombre qui le multiplie (120 ≠ 100x20).

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : En tant que nom, zéro et cent (pris pour « centaine ») varient.

    Des mille et des cents (dans cette expression, cent est un nom commun, pas mille → le nom correspondant est millier).

    Le nombre cent comporte deux zéros (zéro = nom variable) mais Il a fait zéro faute (zéro = adjectif numéral invariable).

    Remarque 2 : Les nombres allant de 1100 à 1999 peuvent se transcrire par addition ou par multiplication (voir également ce billet).

    Mille cinq cents (= 1000 + 500) ou Quinze cents (= 15 x 100).

    Remarque 3 : On notera que, selon la règle traditionnelle, seuls les nombres strictement inférieurs à cent s'écrivent avec un trait d'union (autrement dit, on ne met de trait d'union qu'entre les dizaines et les unités, jamais avant ni après cent et mille), à l'exception des formes construites avec la conjonction et (qui sert de trait d'union).

    Vingt-cinq mais Cent vingt-cinq.

    Vingt et un, quatre-vingt-un, cent un.

    Cependant, les Rectifications orthographiques de 1990 autorisent de lier par un trait d’union tous les éléments, sans exception, qui composent le nombre, lui conférant ainsi des allures... de petit train.

    Cent-quatre-vingt-cinq ans, trente-et-un.

    Dans l'expression d'une fraction, le trait d'union permet de faire la distinction entre le dix-millième (1/10 000) d'une somme ou une carte au dix-millième (au 1/10 000) et le dix millième (10 000e) visiteur d'une exposition ou les dix millièmes (dix fois le millième, soit le centième) d'une somme. Comparez : les deux centièmes de la population (= 2/100), où deux est l'adjectif numéral cardinal et centième le nom masculin, et le deux-centième de la population (= 1/200), où deux-centième est l'adjectif numéral ordinal substantivé correspondant à l'adjectif cardinal deux cents. On écrira donc sans trait d'union et sans exposant les trois cinquièmes (3/5, trois fois le cinquième), les sept huitièmes (7/8)... mais deux trois-centièmes (2/300, deux fois le trois-centième).

    Remarque 4 : À l'oral, il convient de veiller au respect des liaisons. Il est aussi incorrect d'esquiver celles que l'on juge dangereuses (à la faveur d'un hiatus inapproprié) que de faire celles qui ne doivent pas l'être (en commettant un pataquès). On sera tout particulièrement attentif à celle – obligatoire, faut-il le rappeler ?, sous peine de laisser transpirer d'éventuelles lacunes orthographiques – entre l'adjectif numéral et le mot euro, susceptible de prendre la marque du pluriel même en ces temps de crise. Par ailleurs, on retiendra que le t de vingt s'entend dans vingt et un mais est assimilé à d dans vingt-deux (prononcé vindeu et non vintdeu, encore moins vintedeu). Quant au q de cinq et au x de six, ils ne se prononcent pas quand ces derniers sont immédiatement suivis d'un nom ou d'un adjectif commençant par une consonne ou un h aspiré.

    Cent euros, cinq cents euros (prononcez cen-teuros, cin-cen-zeuros).

    La guerre de Cent ans (prononcez cen-tans).

    Six élèves, vingt enfants (prononcez si-zélèves, vin-tenfants).

    Quatre-vingts hectares (h muet → prononcez zectares) mais Quatre-vingts homards (h aspiré → pas de liaison).

    Remarque 5 : Dans les emplois où l'adjectif numéral cardinal a valeur d'ordinal, on respectera la règle de l'invariabilité : page vingt et un (pour la vingt et unième page), dix heures vingt et un (mais vingt et une minutes). De même, on écrira l'équipe numéro un (et non numéro une), la numéro un (ellipse de la personne ou la chose qui porte le numéro un), ce sont les numéro un dans leur domaine, l'autoroute A1 (prononcé un et non une), etc. Toutefois, l'usage veut que la page un se dise... la une (sans majuscule).

    Remarque 6 : On se gardera de confondre billion (prononcez bi-lion), qui correspond désormais en français à un million de millions (1012), avec le terme anglais billion qui désigne le milliard (109). Par ailleurs, le symbole officiel de million est M (pour Méga) ; celui de milliard est G (pour Giga) et non Md. Toutefois, le code de rédaction interinstitutionnel privilégie dans certains contextes les abréviations Mio (pour million) et Mrd (pour milliard).

    Remarque 7 : On dit recommencer, reprendre à zéro mais partir, repartir de zéro (de rien, du début : on part de quelque chose).

    Remarque 8 : On notera l'invariabilité de net (comme de brut) employé adverbialement au sens de « toute déduction faite » (deux mille euros net mais les prix nets). Les avis sont partagés avec rond pris au sens de « exactement, tout juste » : deux mille euros tout ronds (Hanse, Girodet, Dupré) ou tout rond (Robert).

    Remarque 9 : On évitera de recourir au barbarisme les un an.

    Elle va avoir un an (au lieu de Elle va sur ses un an).
    On fête son premier anniversaire, sa première année (au lieu de On fête ses un an).

    Remarque 10 : Voir aussi les articles consacrés au Pluriel des nombres fractionnaires, à l'Accord avec un nom collectif et aux verbes Célébrer / Commémorer.

    Remarque 11 : Concernant le séparateur de milliers (typographie), voir ce billet.

     Quatre-vingtsQuatrevingt-Treize

     

     

     

     

     

     

     

    Quatre-vingts jours...

     

     

                                                      ...mais Quatrevingt-Treize, exception notable à
                                                           la règle traditionnelle d'emploi du trait d'union.

     


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  • Flèche

    Tel, adjectif


    Suivi d'un nom (ou d'un pronom), tel s'accorde naturellement avec celui-ci (qu'il soit avec ou sans article).

    Je viendrai tel jour, à telle heure, de telle sorte que vous soyez là.

    De même, tel s'accorde quand il est attribut.

    Tels sont ses désirs.

    Sa gentillesse fut telle qu'elle l'apprécia tout de suite (tel, corrélatif construit avec que, signifie ici « si grand, si important »).

    Tels que je les connais, ils ne nous aideront pas.

    Il n'y a d'hésitation sur l'accord que lorsque tel (avec ou sans que) introduit une comparaison ou des exemples (voir ci-dessous tel que).

    Remarque : Dans l'expression rien de tel, tel est invariable (en tant qu'épithète de rien) : Rien de tel que la santé !

    Flèche

    Tel, pronom indéfini


    Employé seul, tel est un pronom indéfini masculin singulier.

    Tel est pris qui croyait prendre.


    Remarque
    : Untel, unetelle (ou un tel, une telle) s'emploient pour désigner une personne quelconque (Monsieur Untel).

    Flèche

    Tel (que), comparaison


    La locution tel que, composée de l'adjectif tel et du terme de liaison que, s'accorde avec le nom auquel elle se rapporte et qui généralement précède. Synonyme de comme, elle introduit une comparaison ou des exemples (on ne la confondra pas avec l'expression similaire introduisant une subordonnée de conséquence, cf. ci-dessous Subtilités).

    Des personnes telles que vous.

    Il est tel que vous le voyez.

    Il a vu des oiseaux tels que des mésanges et des grives.

    Telles que des chevaux emballés, les vagues bondissaient sur le rivage (Girodet).

    Lorsque tel est employé seul (sans que), dans le langage soutenu, pour introduire une comparaison ou des exemples, l'usage accorde le plus souvent tel avec le nom qui suit (mais l'accord est également possible avec le nom qui précède).

    Mon père, telle une furie, entra dans la pièce (de préférence à Mon père, tel une furie).

    Tel un mur, la montagne se dressait devant nous.

    Il a vu des oiseaux telles des mésanges et des grives.


    Remarque 1 : On évitera, dans le registre soutenu, d'employer tel que devant un participe. On dira ainsi : comme convenu, comme prévu, de préférence à tel que convenu, tel que prévu.

    Remarque 2 : Selon Grevisse, « parfois, dans la langue populaire (ou négligée), tel ne se rapporte à rien de précis et tel que joue tout à fait le rôle d'une conjonction équivalant à comme » : Tel que je vous l'ai promis, je vous ai fait parvenir un exemplaire de mon livre.

    Flèche

    Tel quel, locution adjective


    L'expression tel quel, qui est composée de deux adjectifs et qui signifie « sans modification, sans changement », s'accorde avec le nom auquel elle se rapporte.

    Il a laissé les choses telles quelles (= telles qu'elles étaient, dans l'état où elles se trouvaient).

     
    Remarque 1
    : Il en est de même avec comme tel et en tant que tel.

    En tant que telle, votre action est condamnable.

    C'est sa compagne et il la considère comme telle.

    Remarque 2 : La formulation tel que en substitution de tel quel est populaire et incorrecte.

    Séparateur de texte


    Subtilités

    Il convient de faire la distinction entre :

    J'ai revendu ces voitures telles quelles (sens de « dans le même état »).

    J'ai revendu ces voitures telles qu'elles étaient (sens de « comme »).

    Leurs inquiétudes sont telles qu'elles se sentent mal (sens de « d'un tel degré », introduit une subordonnée de conséquence).

     

    Tel quel

     


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  • Certains adjectifs peuvent être employés comme adverbes pour modifier non plus un nom mais un verbe ou un autre adjectif. Ils suivent alors des règles d'accord particulières.

    Flèche

    Adjectif modifiant un verbe


    Les adjectifs employés comme adverbes pour modifier un verbe restent invariables.

    La cantatrice chante fort (fort qualifie le verbe chanter, pas la cantatrice → il a valeur d'adverbe → pas d'accord) mais Sa voix est forte (adjectif → accord).

    La barre est placée haut (= est placée en haut, valeur d'adverbe) mais La barre est haute (adjectif).

    La pluie tombe dru (valeur d'adverbe) mais L'herbe est drue (adjectif).

    Ces fleurs sentent bon (valeur d'adverbe) mais Ce sont de bons vins (adjectif).

    Ces voitures coûtent cher (valeur d'adverbe) mais Ces voitures sont chères (adjectif).

    Flèche

    Adjectif modifiant un autre adjectif


    Les adjectifs employés comme adverbes pour modifier un autre adjectif (ou un participe passé) restent généralement invariables, sauf dans quelques expressions construites avec bon, fou, frais, grand, ivre, large, raide, etc. où l'accord peut suivre un usage ancien.

    Elles sont fin prêtes, fort élégantes (fin et fort ont valeur d'adverbe).

    Des habits flambant neufs. Des voitures flambant neuves (flambant a valeur d'adverbe).

    Une personnalité haut placée (haut a valeur d'adverbe).

    Des nouveau-nés (= nouvellement nés → nouveau a valeur d'adverbe).

    Ils sont arrivés bons derniers (bons modifie l'adjectif derniers → accord d'usage).

    Il a laissé la porte grande ouverte (grande modifie l'adjectif ouverte → accord d'usage) et Ils ont les yeux grands ouverts mais Ils ont ouvert grand les yeux ou Ils ont ouvert (toutes) grandes les fenêtres (bien que grand modifie ici le verbe ouvrir, l'accord semble plus fréquent que l'invariabilité).

    Ils sont ivres morts, raides morts (ivres et raides modifient l'adjectif morts → accord d'usage).

    Ils sont fous furieux (accord d'usage).

     

     En résumé

    • Lorsque l'adjectif se rapporte à un verbe, il est employé adverbialement et est invariable.

    • Lorsque l'adjectif se rapporte à un autre adjectif qui le suit, dans certaines expressions construites avec bon, fou, frais, grand, ivre, large, raide, etc., il s'accorde en genre (masculin / féminin) et en nombre (singulier / pluriel) avec celui-ci.

     

    Séparateur de texte


    Remarque 1
    : Il arrive que l'accord puisse se faire ou non selon le sens donné :

    Ils marchent droit (= ils avancent tout droit).

    Ils marchent droits (= en se tenant droits).

    En effet, droit est adverbe et invariable quand il signifie « en ligne droite, directement » (Ils vont droit dans le mur), adjectif et variable quand il signifie « qui n'est ni courbe ni incliné » (Tiens-toi droite !) ou « sensé, judicieux » (Un femme droite). Aussi dira-t-on, dans le registre familier, d'une personne résolue face aux difficultés qu'elle se tient droite dans ses bottes.

    Remarque 2 : L'adverbialisation de l'adjectif modifiant un verbe est un procédé courant en français (comme en anglais), cher aux publicitaires (acheter utile, manger sain, vivre zen, pour acheter de façon utile, manger sainement, vivre de manière zen) et qui se rencontre chez de bons auteurs : « La multitude voit bête » (Flaubert), « S'efforcer de penser universel » (Bernanos), etc.

    Remarque 3 : À l'inverse, certains adverbes peuvent être employés adjectivement, tout en restant invariables : Des hommes bien. Des roues arrière. Des places debout...

    Remarque 4 : Voir également les articles Mettre la barre haut et Se faire fort.

    Accord des adjectifs employés adverbialement

    Ou bien : Gardez les oreilles grandes ouvertes !
    (extrait de la bande-annonce de l'émission de TF1)

     


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