• « Le jeune homme de 41 ans, qui est professeur de yoga, est en effet accusé d'harcèlement sexuel par plusieurs de ses élèves » (à propos du frère de l'actrice Uma Thurman).
    (Michel Serra, sur closermag.fr, le 30 janvier 2014)  

     

     

    FlècheCe que j'en pense

     
    Nouvelle révélation du magazine Closer : le h de harcèlement ne serait plus aspiré − entendez par là qu'il serait susceptible de liaison et d'élision !

    Branle-bas dans les rédactions de France et de Navarre. Il faut dire que depuis l'affaire Gayet la concurrence est prête à accorder tout son crédit aux informations parues dans les présentes colonnes. Et de fait, un rapide coup d'œil sur la Toile confirme que la terrible nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre (de hasch) : « Ce type d'harcèlement » (article harcèlement de Wikipédia) ; « Elles ont été victimes d'harcèlement moral au sein de leur couple » (Marie Claire) ; « Une fillette de 6 ans accusée d'harcèlement moral » (Le Figaro). Sans parler de cet article taillé à la hache « visant à protéger les victimes d'harcèlement moral conjugal », trouvé sur le portail du ministère de la Justice.

    Zen ! Marcelle, mon professeur de yoga, le front couronné d'ache et les jambes en position de lotus, m'a supplié de ne pas hocher la tête, alors que je n'aspire qu'à hurler mon agacement ! Mais comment rester muet devant cette honteuse façon qu'ont certains médias de traiter ledit h par-dessus la hanche ?

    Halte à l'harcèlement, pardon au harcèlement du h aspiré !


    Voir également le billet H muet ou aspiré.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Accusé de harcèlement sexuel.

     


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  • « La fonction [présidentielle] ainsi mise à mal, sinon galvaudée sera-t-elle gravement affaiblie, ou faut-il croire qu’ainsi modernisée, " normalisée ", elle se ressourcerait ? On aurait plutôt tendance à penser qu’elle a pris un nouveau "pète au casque " fort dommageable…  »
    (Nicolas Domenach, sur marianne.net, le 19 janvier 2014)  

    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Jean-Marc Ayrault)

     

    FlècheCe que j'en pense

     
    Tiens, c'est vrai ça : comment s'écrit cette délicieuse expression qui fleure bon la gouaille polissonne (allusion à peine voilée au désormais fameux scooter du président) ?

    Feu Claude Duneton répondait à la question en 2007, dans sa chronique du Figaro littéraire intitulée pour l'occasion Un pète au casque : « "Pète" n'est enregistré par aucun des dictionnaires courants, malgré leur soif de néologismes (dès qu'il s'agit de mots anglais, il est vrai). Le mot n'a donc pas d'orthographe officielle − j'écris "pète" pour figurer la prononciation, très éloignée du simple pet. »

    Loin de moi l'intention de me la péter ou de manquer de respect à ce fin connaisseur de la langue française, mais je me dois de préciser que son propos − si la date de sa publication est identique à celle de sa rédaction − est inexact : le mot qui nous occupe figure au moins dans le Petit Larousse illustré 2005 sous la graphie pet. Je cite : « PET [pεt] n.m. (de péter). Fam. Coup violent résultant d'un choc brutal ; trace laissée par ce coup. Il y a un pet sur l'aile de la voiture. » Même borborygme dans mon Robert illustré 2013 (à défaut d'avoir conservé les éditions antérieures) : « PET [pεt] (de péter) n. m. fam. Coup ; marque due à ce coup. Il y a un pet sur la carrosserie. »

    Certes, au sens premier, pet (avec t muet) désigne l'expulsion plus ou moins sonore d'un gaz intestinal (Lâcher un pet). Mais il y a belle lurette que les dictionnaires usuels ont accueilli l'acception familière où pet − substantivation de péter au sens de « casser, abîmer » − fait désormais entendre sa consonne finale. Avoir un pet au casque, vous l'aurez compris, c'est donc « avoir reçu un coup sur la tête » d'où, au figuré, « être cinglé ». « L'image est belle, d'un jeunisme ravissant, ajoute Duneton : c'est celle d'un motard avec son inséparable casque, symbole du jeune fou à qui la moto a mis la cervelle à l'envers ». On sait, depuis l'affaire Gayet, que la griserie de la vitesse n'explique pas tout...

    D'après le Wiktionnaire, la prononciation avec t sonore − typique du sud de la France d'où serait originaire notre expression − a conduit à une transcription en pète, ignorée de Larousse et de Robert (mais pas du Nouveau dictionnaire de la langue verte, de Pierre Merle). Pas de quoi se prendre un vent, pour autant.


    Remarque 1 : Selon le Dictionnaire historique, « pet n. m., avec t final prononcé, utilise les valeurs figurées de péter, avec le sens d'"accident", "violence" (il y a du pet', de la casse) et aussi de "trace de coup" (il y a un pet' sur la carrosserie) ». Je compare avec mon Robert illustré 2013 : d'une part, la graphie pet' n'y est pas retenue ; d'autre part, pet au sens de « vacarme » (il va y avoir du pet) y est présenté avec un t muet. Voilà qui sent l'embrouille... Après tout, feront remarquer les pète-sec, ce ne serait pas la première fois que l'écurie Robert aurait un pet de travers.

    Remarque 2 : Le Dictionnaire historique, encore lui, nous apprend l'existence dans certains parlers régionaux du féminin pète, aux sens fleuris de « crotte » ou de « excès de gaz intestinaux » (avoir la pète). Savoureux.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Elle a pris un nouveau pet au casque.

     


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  • « Retenus parmi 200.000 autres postulants du monde entier au terme d'une présélection d'un an, ces 22 Français sont aujourd'hui plus près du sol marsien qu'ils ne l'ont jamais été »
    (Thomas Féat, sur lefigaro.fr, le 20 janvier 2014)  


    La planète Mars (photo Wikipédia)

     

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    Entendons-nous bien : si l'enjeu − plutôt terre à terre − se résume à aller à la rencontre des habitants de Mars, charmante bourgade du département du Gard, alors je suis de la partie. Lesdits Marsiens n'ont-ils pas accueilli en leur sein l'un des journalistes le plus en vue de la planète médiatique − je veux parler de Jean-Jacques Bourdin ? Si, comme tout porte à le croire, il est davantage question de la planète rouge, alors je me réserve le temps de la réflexion. Que notre journaliste n'en a-t-il fait autant !

    Ce n'est pas se croire tout droit sorti de la cuisse de Jupiter que de rappeler ici que martien, nom et adjectif, s'écrit avec un t, hérité du latin Martius, lui-même dérivé du nom du dieu Mars. On retrouve le même radical dans l'adjectif martial, dont le Dictionnaire historique de la langue française nous apprend qu'il concurrença un temps son proche parent : martien fut d'abord employé au sens de « guerrier », où il a été éclipsé par martial, avant d'être attesté comme adjectif au sens de « qui fleurit en mars, est du mois de mars » : « De la Martienne violete » (Jean Vauquelin de La Fresnaye, 1555). Est-il besoin de préciser qu'il y a bien des lunes que ces emplois sont sortis d'usage, au profit des acceptions modernes de « relatif à la planète Mars » (un cratère martien), « (personne) qui est sous l'influence de la planète Mars » (en termes d'astrologie), « habitant présumé de la planète Mars » (un martien, avec ou sans majuscule selon l'importance accordée au petit homme vert) et, plus familièrement, « personne bizarre » (ce mec est un martien !) ?

    À la décharge de notre journaliste, il me faut bien reconnaître que la graphie avec s a eu les faveurs de plus d'un écrivain de la première moitié du siècle dernier − mais pas des dictionnaires, semble-t-il : « des immenses cuirasses marsiennes» (Alain-Fournier) ; « Conversation avec un Marsien » (Camille Flammarion) ; « H.-G. Wells et le peuple marsien » (Charles Derennes) ; « M. Wells est tombé dans notre littérature européenne à la façon dont les Marsiens de son livre [La Guerre des mondes] tombèrent sur notre pauvre monde » (Gide). L'usage a depuis choisi une autre voie (lactée).

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Le sol martien.

     


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  • « Vous comparez les offres des différentes compagnies aériennes, et l'une d'entre elle retient votre attention. »
    (Chloé Woitier, sur lefigaro.fr, le 27 janvier 2014)  

    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Don-vip)

     

    FlècheCe que j'en pense


    Naïf comme je suis, j'ai d'abord cru qu'il s'agissait là d'une simple coquille, comme on en relève tant dans les articles rédigés à la hâte. Las ! il n'est que de survoler la Toile pour constater que le pluriel bat sérieusement de l'aile dans notre affaire. Qu'on en juge : « (...) témoigne l'une d'entre elle dans les colonnes du quotidien local » (Libération) ; « L'enfant décide alors de dresser une liste des choses qu'elle aimerait faire avant de mourir. L'une d'entre elle était de (...) » (Paris Match) ; « Mais après plusieurs minutes d’échanges, l’une d’entre elle s’agace » (Elle) ; « Deux dispositions visent à faciliter le droit à l'interruption volontaire de grossesse. L'une d'entre elle (...) » (Le JDD) ; « (...) en tout cas, l'une d'entre elle y croit » (Huffington Post) ; « L'une d'entre elle a été menée par l'Institut Pasteur » (France TV info) ; « L'une d'entre elle avait été initiée par des groupes anti-fascistes » (L'Express). Et que penser des quelque quarante mille occurrences de ladite graphie fautive trouvées sur Google Livres ?

    D'entre, au sens de « parmi », introduit un complément exprimant un ensemble qui compte au moins deux éléments et, partant, exige logiquement un argument pluriel au sens large (j'écris « au sens large » car le bougre ne rechigne pas à s'afficher en compagnie d'un collectif) : l'un d'entre nous, l'un d'entre la foule, plusieurs d'entre eux, la plupart d'entre ces femmes, une centaine d'entre elles.

    Au demeurant, l'hésitation ne se justifie qu'avec le pronom féminin elle (ou celle), dont le pluriel est insensible à l'oreille. Viendrait-il à l'idée de notre journaliste d'écrire, toujours dans ce même emploi partitif : l'un d'entre lui (en lieu et place de l'un d'entre eux) ? Je laisse à ceux d'entre vous qui le désirent le soin d'explorer cette piste.

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    Vous comparez les offres des différentes compagnies aériennes et l'une d'entre elles retient votre attention.

     


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  • « Légendes du sport automobile, une BD sur les chapeaux de roues. »
    (sur francetvinfo.fr, le 10 janvier 2014)  

       

    Éditions Vents d'Ouest

     

    FlècheCe que j'en pense


    En termes techniques, chapeau désigne une partie assemblée à l'extrémité de certaines pièces mécaniques. On appelle ainsi chapeau de roue (ou plus couramment enjoliveur) la pièce protégeant le moyeu de la roue. Le syntagme se rencontre surtout sur le circuit de la langue ordinaire dans la locution sur les chapeaux de roue, qui signifie « à grande vitesse, à toute allure ». L'image coule de source : celui qui roule à tombeau ouvert va si vite que, dans un virage mal négocié, les pneus de sa voiture risquent de s'écraser au point que les chapeaux de roue viennent frotter sur le bitume. Au figuré, démarrer sur les chapeaux de roue s'entend au sens de « commencer très vite, très bien ou de façon inattendue » : Les affaires démarrent sur les chapeaux de roue.

    Force est toutefois de constater que les ouvrages de référence ne s'accordent pas sur la graphie de notre expression. Si Larousse, ventre à terre, reste dans la roue de l'Académie, qui préconise justement d'écrire roue au singulier, Robert ne s'interdit pas quelques embardées : ne lit-on dans le Petit Robert illustré 2013 « sur les chapeaux de roues » (à l'entrée chapeau) et « sur les chapeaux de roue » (à l'entrée roue) ? Et que penser des définitions données par Josette Rey-Debove dans son Dictionnaire du français : « La voiture a fait un virage sur les chapeaux de roue, elle a tourné très vite » (à l’entrée virage) et « Sur les chapeaux de roues, très vite. L'automobiliste a pris le virage sur les chapeaux de roues » (à l’entrée chapeau) ? Vrai, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond au sein de l'écurie Robert. Curieusement, la même indécision semble s'être emparée du Trésor de la langue française : « sur les chapeaux de roues » (à l'entrée roue), « virage sur les chapeaux de roues » (à l'entrée virage), mais « prendre un virage sur les chapeaux de roue » (à l'entrée chapeau). Allez comprendre...

    L'affaire devient particulièrement cocasse quand des spécialistes se réfèrent à la même citation pour justifier des graphies discordantes. Ainsi du fameux extrait des Valseuses de Bertrand Blier : « Elle trône comme une reine sur son tas d’oreillers et on la pousse à toute allure, on prend les virages sur les chapeaux de roue », orthographié sans s à roue par Claude Duneton et avec s dans le TLFi. On frise le ridicule, voire le déjanté, quand les deux variantes font la roue dans la même définition : « Chapeau de roue, protégeant le moyeu (→ Enjoliveur). Fam. Virage, démarrage sur les chapeaux de roue, à toute allure. "(...) Et puis il a démarré sur les chapeaux de roues." (Patrick Modiano, Les boulevards de ceinture, 1972) » (Grand Robert de la langue française, 1985).

    Il faut bien reconnaître que le nombre du complément du nom est considéré plus souvent qu'à son tour comme la cinquième roue du carrosse, en français : « Le pluriel étant le plus souvent insensible à l'oreille, surtout en l'absence de déterminants, on constate, dans bien des cas, les hésitations et la perplexité des scripteurs », écrit Grevisse en opinant du chapeau. Et c'est un euphémisme. En l'absence de règle clairement établie, on ne compte plus les flottements de l'usage concernant la graphie de agences de voyage(s), boîtes de conserve(s), salles de bain(s), toiles d'araignée(s), etc.

    Ceux qui considèrent, avec l'Académie, que chaque roue ne possède qu'un chapeau, privilégieront à bon droit la graphie sur les chapeaux de roue, sur le modèle de manches à balai. Les autres, de plus en plus nombreux, feront une échappée, en s'exerçant au dérapage contrôlé.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Une B. D. sur les chapeaux de roue (selon l'Académie).

     


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