• En français, le singulier est de rigueur jusqu'à 2 non inclus (ce qui revient à dire que la marque du pluriel commence à 2).

    Ainsi, on écrira :

    1,5 euro (et non 1,5 euros).

    1,9 million d'euros (et non 1,9 millions).

    2,05 kilomètres.

     

    1,7 million

    (source : Pôle Emploi-Crédoc)

     


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  • Dans la langue soignée, on veillera à faire la distinction entre ceci et cela.

    Ceci s'emploie pour annoncer ce qui suit ou pour indiquer ce qui est proche ; cela (sans accent sur le a) sert au contraire à évoquer ce qui précède ou à indiquer ce qui est éloigné. Dans le cas particulier d'une série, ceci renvoie au dernier élément ; cela, au premier.

    Dites-lui ceci de ma part : merci !

    Vous m'apprenez cela, je ne le savais pas.

    Que dites-vous de cela ? (après avoir parlé) mais Que dites-vous de ceci ? (en montrant quelque chose qui est proche).

    Et avec cela, vous prendrez quoi d'autre ? (et non Et avec ceci ? comme dit mon boucher).

    On comprend ainsi que l'expression ceci dit, dans le sens de « quoi qu'il en soit », est incorrecte, puisque faisant référence à quelque chose qui vient d'être dit. On écrira donc :

    Cela dit, je ne suis pas certain de ne pas me tromper (et non ceci dit).

    Astuce
    On retiendra que ceci va être dit, quand cela a été dit.

     

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    Remarque 1 : Malgré la mise en garde de l'Académie, le portail linguistique du Canada, rejoint par Robert, considère toutefois que « dans un autre contexte, ceci dit est attesté dans le sens de "ayant dit ces mots", "sur ce" » :

    Ceci dit, je dois m'en aller (= sur ce, je dois m'en aller).

    Remarque 2 : On retrouve la même distinction entre voici, qui annonce quelque chose de nouveau ou de proche, et voilà (avec un accent sur le a), qui indique ce qui vient d'être dit ou ce qui est éloigné. Idem avec celui-ci / celui-là.

    Voici monsieur Untel. Bienvenue à lui.

    Je vais vous présenter monsieur Untel. Le voilà.

    Remarque 3 : Quand il n'y a pas de raison objective de choisir, c'est cela (ou voilà) qui doit être préféré. Mais tant qu'il est possible de trancher, on maintiendra la distinction ceci / cela, voici / voilà, notamment quand ils s'opposent dans une même phrase.

    Son exposé est fort intéressant, à cela près qu'il comporte quelques imprécisions.

    Remarque 4 : Suivi d'un infinitif (le plus souvent venir), voici marque l'idée d'une action proche.

    Voici venir le printemps (= le printemps approche).

    Voici venu le temps des rires et des chants... (paroles du générique de L'Île aux enfants).

    Remarque 5 : On veillera à employer le pronom relatif approprié dans la construction C'est (de) cela... (voir l'article sur Dont).

    C'est de cela qu'il s'agit ou C'est cela dont il s'agit.

    Remarque 6 : La graphie celà est fautive : cela s'écrit toujours sans accent, tout comme sa forme contractée et populaire ça, pronom démonstratif à ne pas confondre avec l'adverbe de lieu çà que l'on n'emploie plus guère que dans les locutions adverbiales çà et là, deçà delà et en deçà ou comme interjection, pour marquer la surprise, la menace ou l'impatience.

    Ça commence bien mais Ah çà ! Je ne m'y attendais pas !

    Remarque 7 : Voir également les articles Ci et là et À ceci près

    Ceci cela

    Livre de Jean Tardieu, éditions Gallimard

     


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  • Imbécile (qui signifie « faible, sot ») a beau ne prendre qu'un l, imbécillité s'écrivait avec deux... jusqu'aux fameuses Rectifications orthographiques de 1990, où le Conseil supérieur de la langue française, en accord avec l'Académie française, a décidé de rompre avec l'étymologie (latin imbecillitas) en recommandant de ne conserver qu'un l dans un souci de simplification (ou pour éviter le risque de prononciation -ille ?). Les deux orthographes coexistent actuellement, pour la plus grande tranquillité de tous.

    Un homme imbécile, un air imbécile.

    Il ne dit que des imbécilités (ou des imbécillités).

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    Remarque
    : L'intérêt de l'Académie pour les simples d'esprit ne date pas d'aujourd'hui. Déjà, en 1798, elle s'était penchée sur le cas de cet embarrassant imbécille, pourtant logiquement formé mais que les sots risquaient de prononcer de travers. Aussi décida-t-elle, sans plus de façons, de l'amputer d'un coup de faucille bien placé, fixant sa graphie avec un seul l pour les siècles à venir... mais oubliant au passage de faire subir le même sort au nom imbécillité ! L'étourderie ne sera réparée que deux cents ans plus tard, le temps nécessaire aux académiciens pour affûter leur lame.
    Avec le recul, on peut se demander si l'inquiétude des sages de 1798 n'était pas fondée, tant nos contemporains ont la fâcheuse tendance à faire rimer bacille, myrtille, pupille, (il) distille, (il) oscille avec fille...

     

    Imbécile

     


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  • Il y a bailler, bâiller et bayer : bailler des coups, bâiller d'ennui et bayer... aux corneilles !

    Dans cette dernière expression, qui signifie « regarder niaisement en l'air, bouche bée », bayer est une ancienne forme du verbe béer, lequel a donné les adjectifs béant et bée (bouche bée), le verbe ébahir, et les noms badaud (par l'occitan badar), bégueule et baie.

    On se gardera de confondre ce verbe avec ses homonymes bâiller (avec un a long ; « ouvrir involontairement la bouche de fatigue » et par analogie « être entrouvert, mal ajusté », d'où le nom dérivé entrebâillement) et bailler (ancien verbe signifiant « donner » que l'on retrouve dans bailleur de fonds).

    Astuce

    Bayer : bouche ouverte et immobile

    Bâiller : bouche en mouvement

    Comparez : Il a bayé aux corneilles pendant tout le cours de mathématiques (= il a rêvassé) et Il a bâillé pendant tout le cours de mathématiques.

    Dans les deux cas, il semble que l'ennui se soit imposé...

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    Remarque 1
    : Pourquoi les corneilles, me direz-vous ? Certains avancent qu'elles désignaient autrefois non seulement les petits volatiles, proies sans grand intérêt pour les chasseurs, mais également les fruits du cornouiller, peu appréciés en raison de leur saveur aigrelette. Aussi bayer aux corneilles pourrait avoir signifié à l'origine « perdre son temps, la bouche ouverte, à contempler des choses insignifiantes, sans importance ».

    Remarque 2 : Bâiller a pour dérivés bâillon et bâillonner. Essayez donc de bâiller, un bâillon appliqué sur la bouche... bée !

    Remarque 3 : L'expression vieillie la bailler belle à quelqu'un signifie « chercher à en faire accroire à quelqu'un » (Vous me la baillez belle, vous me la baillez bonne).

    Bailler

    Qui a dit que Corneille fait bâiller ?...

     


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  • L'expression n'être pas sans ignorer à la place de n'être pas sans savoir fait partie de ces « fausses élégances » qui ont la vie dure : il s'agit d'un contresens.

    On comprend en effet aisément que si ignorer veut dire « ne pas savoir », être sans ignorer signifie « savoir » et n'être pas sans ignorer ne peut avoir d'autre sens que « ignorer ». En l'espèce, la double négation (ne... pas + sans) conduit à sous-entendre exactement le contraire de ce que l'on veut signifier, à savoir « vous ignorez » au lieu de « vous savez sans doute » !

    Vous n'êtes pas sans savoir (= vous savez sans doute) que je suis très occupé en ce moment (et non vous n'êtes pas sans ignorer que...).

    Vous n'êtes pas convaincu(e) ? Reprenons cette même construction avec un autre verbe : Vous n'êtes pas sans me rappeler quelqu'un (= vous me rappelez quelqu'un). Ce paysage n'est pas sans rappeler la Provence (= ce paysage rappelle la Provence), etc.

    Dans le doute, mieux vaut éviter cette tournure un rien alambiquée et lui préférer : Vous savez pertinemment, certainement, sans doute, très bien que... ou encore Il ne vous a pas échappé que.

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    Remarque : On écrira correctement : Vous n'ignorez pas au sens de « Vous savez » (J'ose espérer que vous n'ignorez pas qui je suis).

    Savoir et Ignorer

    Livre d'Anne Balansard, Éditions Belin

     


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